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La situation reste tendue dans les quartiers déshérités Après trois semaines de violences, « retour à la normale » en France
le 18 novembre 2005 à 00h00
La police a annoncé hier un « retour à une situation normale » partout en France, après trois semaines de violences sans précédent dans les banlieues qui ont ébranlé le pays et profondément remis en cause son modèle d’intégration des immigrés. Ce retour au calme intervient alors que le Parlement vient de proroger pour trois mois l’état d’urgence décrété début novembre par le gouvernement, signe que la situation reste tendue dans les quartiers déshérités à forte population originaire d’Afrique noire ou du Maghreb et où les jeunes ont laissé éclater leur colère.
Dans la nuit de mercredi à hier, 98 véhicules ont été incendiés, ce qui représente la moyenne habituelle enregistrée chaque nuit en France, a indiqué la Direction générale de la police nationale (DGPN). Aucun affrontement ou incendie de bâtiment n’a été relevé et aucun blessé n’a été signalé, selon la police, qui reste néanmoins fortement mobilisée avec près de 10 000 hommes déployés sur le terrain.
En trois semaines, quelque 9 000 véhicules et des dizaines de bâtiments, dont des écoles et des commerces, ont été incendiés et le coût des dégâts se chiffre en centaines de millions d’euros. Des dizaines de policiers, pompiers, habitants et émeutiers ont été blessés. Près de 3 000 personnes ont été interpellées et 400 d’entre elles condamnées à des peines de prison ferme. La peine la plus lourde – 4 ans ferme – a été prononcée à l’encontre d’un jeune qui avait incendié un magasin à Arras.
Sur le plan politique, la crise semble finalement avoir profité dans l’opinion à la droite au pouvoir et notamment au ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2007, qui a multiplié les déclarations de fermeté. Très critiqué pour avoir traité au début des violences de « racaille » et de « voyous » certains fauteurs de troubles, sa cote de popularité a bondi de 11 points en un mois et 68 % des Français ont approuvé son action, selon un sondage publié mercredi.
« Rien n’est encore définitivement acquis », a plaidé M. Sarkozy, avant que le Sénat n’entérine une prorogation jusqu’en février de l’état d’urgence, décrété en vertu d’une loi de 1955 datant de la guerre d’Algérie. Ce régime d’exception autorise notamment l’instauration de couvre-feux, appliqués au total dans certains quartiers d’une quarantaine de villes. Ils ne concernaient plus hier qu’une vingtaine d’agglomérations de province comme Nice ou Lyon, où les troubles se sont poursuivis plus longtemps qu’en région parisienne.
Quant au président Jacques Chirac, qui est apparu en retrait pendant une grande partie de cette crise sans précédent depuis 40 ans, il s’est adressé solennellement aux Français à la télévision lundi soir, estimant que le pays traversait une « crise d’identité ». Les élites politiques françaises s’interrogent désormais ouvertement sur la « faillite » d’un « modèle » d’intégration des immigrés qu’elles opposaient jusque-là avec fierté au « communautarisme » en vigueur notamment en Grande-Bretagne.
Au-delà du rétablissement de l’ordre, le Premier ministre Dominique de Villepin a annoncé des mesures pour aider les banlieues en relançant par exemple les aides financières aux associations de quartiers, réduites par la droite. L’opposition socialiste, dont la politique des banlieues lorsqu’elle était au pouvoir n’a pas non plus fait ses preuves, est restée plutôt modérée dans ses critiques. En revanche, les partis de gauche et de nombreuses associations ont vivement dénoncé les propos du ministre délégué à l’Emploi, Gérard Larcher, qui a établi un lien entre les émeutes et la polygamie. Ils se sont aussi élevés contre les procédures d’expulsion engagées mardi, conformément aux instructions de M. Sarkozy, contre dix étrangers accusés d’avoir participé aux violences.
La police a annoncé hier un « retour à une situation normale » partout en France, après trois semaines de violences sans précédent dans les banlieues qui ont ébranlé le pays et profondément remis en cause son modèle d’intégration des immigrés. Ce retour au calme intervient alors que le Parlement vient de proroger pour trois mois l’état d’urgence décrété début novembre par...
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