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Conférence suivie d’un débat autour de l’autofiction en littérature Vincent Colonna décortique les traditions littéraires
le 18 novembre 2005 à 00h00
Au cours d’une conférence donnée dans le cadre du Salon du livre, Vincent Colonna, auteur de Ma vie transformiste et Autofiction et autres mythomanies littéraires, a entrepris un voyage dans la littérature. Face à l’écrivain libanais Rachid el-Daïf, qui a essayé d’étayer le sujet par des exemples tirés de son dernier roman, Learning english, Colonna s’est fait l’anthropologue de cette mythomanie littéraire qui remonte à l’Antiquité et qui a été remise à jour au temps de la modernité, sous le nom d’autofiction.
Chemin faisant, l’auteur soulève de multiples questions : Où se situe la limite entre la fiction et la réalité ? D’où naît le besoin d’affabuler ? Ou encore, pourquoi écrit-on et qui sert-on en écrivant, soi-même ou la collectivité ?
L’écrivain, d’origine algérienne, aujourd’hui sémiologue à Paris et spécialiste des médias, explore les traditions littéraires et met en lumière certains grands ouvrages.
El-Daïf a d’abord introduit le livre de Colonna en présentant les genres d’autofiction. Il y en a quatre, dira-t-il, et il les cite : le fantastique (l’écrivain est au centre de l’action mais transpose par ailleurs son histoire dans l’irréel) ; le spéculaire (il s’agit des romans où l’auteur n’est plus forcément le sujet central du livre, il se place au coin de l’œuvre comme le peintre dans un tableau, à l’exemple des Ménines de Vélasquez) ; les romans autobiographiques (lorsqu’à partir de données réelles, l’auteur reste au plus près de la vraisemblance) ; enfin, l’intrusive (l’auteur écrit à la troisième personne, comme dans Le père Goriot de Balzac).
Prenant à son tour la parole, Colonna va expliquer les raisons qui l’ont amené à disséquer l’autofiction : « En 1990, tous les salons littéraires et toutes les émissions télévisées débattaient de ce sujet. Ayant fait quelques années auparavant une thèse là-dessus, j’avais déjà les armes en main pour pouvoir défendre cette tradition littéraire. Je suis donc remonté à Lucien de Samosate (IIe siècle av. J-C), premier écrivain à avoir inventé l’affabulation. Après de multiples recherches, j’ai pu déduire qu’on peut parler d’autofiction lorsque tous les mélanges et tous les moyens sont employés pour que l’auteur se transforme en personnage de fiction. On dit alors qu’il se fictionalise. »
Et de citer Rabelais, Cervantès, Dante ou encore Proust, qui se sont souvent pliés à ces méthodes dans leurs romans. Et plus tard, Nothomb, Duras ou Angot.
Cela amènera les deux écrivains à s’interroger, ainsi qu’à interroger l’auditoire sur le pourquoi et le comment de l’écriture.
El-Daif fera alors honneur « à l’écriture », qu’il désignera de « spontanée, sans arrière-pensée, non porteuse de message mais légère et loin de toute pesanteur », alors que Colonna soulignera que « toute personne est capable d’écrire un livre ». « L’important c’est le suivant, précise-t-il. Et même si Sartre a affirmé un jour que jamais livre n’a sauvé un enfant, je ne pense pas que les notions de liberté, de justice et d’égalité seraient aujourd’hui ce qu’elles sont sans le travail laborieux et acharné des livres. »
Autofiction et autres mythomanies littéraires. Ni manuel, ni thèse simplement, une «terra incognita» que Vincent Colonna a aidé à défricher. Un ouvrage intéressant à manipuler. À conseiller à ceux qui désirent écrire timidement sur la page blanche leur première ligne.
Colette KHALAF
Au cours d’une conférence donnée dans le cadre du Salon du livre, Vincent Colonna, auteur de Ma vie transformiste et Autofiction et autres mythomanies littéraires, a entrepris un voyage dans la littérature. Face à l’écrivain libanais Rachid el-Daïf, qui a essayé d’étayer le sujet par des exemples tirés de son dernier roman, Learning english, Colonna s’est fait l’anthropologue...
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