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LIRE EN FRANÇAIS ET EN MUSIQUE « Un livre doit être un tapis volant… », dit François Busnel

Trente-cinq ans et un dynamisme à toute épreuve avec François Busnel, directeur de la rédaction au magazine Lire (qui fête ses trente ans) et dont il vient de relooker le contenu et le contenant. Chemise bleu ciel rayée, jeans délavé, chaussures Sebago noires, fine gourmette grecque au poignet avec pierre contre le mauvais œil, teint clair, yeux vifs et cheveux châtain clair un peu longs, François Busnel, présent au Salon du livre au Biel, infatigable voyageur et critique, est là d’abord pour voir et rencontrer des auteurs libanais, ensuite pour promouvoir Lire. Philosophe de formation et reporter politique (il a couvert l’Afrique et l’Irak), François Busnel rejoint l’équipe de l’Express et entame une carrière de critique littéraire. Ce qui le conduit naturellement à Lire quand on sait que les fondateurs vers les années 1975 dudit magazine ne sont autres que Bernard Pivot et J.-J. Servan-Schreiber. En 2004, le journal périclitait car la concurrence avec la télé et l’Internet commençait à être rude. Avec la crise de la lecture en France, voilà l’impérieuse nécessité d’un changement. Vision plus grande pour ce qui n’était alors qu’un guide littéraire. « On ne peut avoir une vision claire de la littérature si on n’a pas une vision politique », dit Busnel et d’ajouter : « On a appliqué toutes les techniques journalistiques à Lire pour mieux aider le lecteur dans ses choix et ses préférences. Rencontres, portraits, dossiers, enquêtes, critiques (positives ou négatives) font aujourd’hui la richesse et la tessiture des pages de Lire qui englobe désormais toutes les disciplines et a d’importantes informations dans tous les domaines. Ce qui a “ boosté” le journal d’une progression, en deux ans, de 27 %, le rendant ainsi le premier journal littéraire de France. Et l’on peut dire que c’est une fenêtre ouverte sur le monde, sur l’ailleurs… Pour une meilleure écoute de la francophonie qui, actuellement, bouge. Tel de voir et écouter les libraires et le public libanais… » Pour cet intellectuel, conciliant avec bonheur et allégresse action et écriture, comment cerner ses auteurs favoris, lui qui vit entre les piles de livres et les incessants voyages ? « Mon auteur préféré ? soupire-t-il avec un sourire amusé, bien difficile d’y répondre. Pas mon auteur, mais mes auteurs ! Ils sont différents car ils prendront les couleurs de mes colères ou sentiments amoureux. Je suis curieux de tout. J’aurais dit Malraux, mais Pessoa aussi ! Tout comme Kessel. J’aime le mélange, chez un auteur, du verbe, de l’action et de l’érudition. Quant à mon critique préféré, certainement pas Sainte-Beuve et son nombrilisme tyrannique. Je suis pour Jean-Jacques Brochier que je considère comme le critique absolu en alliant capacité pédagogique et style flamboyant. » Qui dit lire, dit bien entendu livres, est-ce que nous sommes en saturation de livres, pourrait-on s’interroger en ces temps de pléthore d’auteurs. Oui tout le monde veut devenir écrivain ! Et François Busnel de commenter : « Il y a une prolifération de livres aussi dangereuse que la prolifération nucléaire. Il faut un traité, un pacte entre éditeurs et lecteurs pour ne pas abreuver le monde de livres inutiles… Imaginez un peu, plus de 660 nouveaux livres en moins de trois mois, rien que pour la rentrée ! Sans nul doute trop de livres publiés par rapport à une vie ! C’est ce qui rend intéressant le travail de Lire, car il s’agit de sélectionner des ouvrages et de guider le lecteur par une critique de proximité, c’est-à-dire qui se rapproche des gens. Il faut surtout ne pas être déconnecté de la réalité. Ce qu’on demande à un livre, c’est surtout d’être un tapis volant. Si un livre n’emmène pas loin, ne chamboule pas une vie et ne rend pas autre, ce n’est pas la peine d’aller plus loin… Il est vrai que la littérature prépare à tout, mais ne remplace pas la vie. » C’est la première fois que François Busnel vient au pays du cèdre.« J’avais envie de venir depuis longtemps au Liban car je suis profondément voyageur, confie-t-il. Le livre fait certes voyager, mais ne remplace pas le vrai voyage. La littérature qui reste c’est une littérature voyageuse, car on recherche toujours un rapprochement humain. J’ai peu vu encore de Beyrouth et je n’ai pas pu arpenter certains quartiers. Mais je sens une joyeuse pagaille et cette insouciance orientale qui cache une gravité. Et dès que l’on met les pieds ici, on sent la présence permanente du passé… » Edgar DAVIDIAN
Trente-cinq ans et un dynamisme à toute épreuve avec François Busnel, directeur de la rédaction au magazine Lire (qui fête ses trente ans) et dont il vient de relooker le contenu et le contenant. Chemise bleu ciel rayée, jeans délavé, chaussures Sebago noires, fine gourmette grecque au poignet avec pierre contre le mauvais œil, teint clair, yeux vifs et cheveux châtain clair un peu...