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ASSASSINAT HARIRI - Interventions européenne, russe, turque et arabe pour convaincre Assad de coopérer avec Mehlis L’UE propose Naqoura, et Damas le Golan pour l’interrogatoire des officiers syriens

Les pressions diplomatiques se sont intensifiées hier sur la Syrie pour tenter de régler le problème du lieu de l’interrogatoire des six officiers syriens qui entrave depuis plusieurs jours la poursuite de l’enquête de la commission internationale de l’ONU. Après l’Égypte et l’Arabie saoudite qui essayent depuis plusieurs semaines de convaincre le président Bachar el-Assad de coopérer avec les enquêteurs qui souhaitent interroger les officiers à Monteverde au Liban, les diplomaties européenne, russe et turque se sont mises hier de la partie pour tenter de débloquer la situation en proposant, comme c’est le cas pour les Européens, un compromis qui consiste à effectuer les interrogatoires au siège de la Finul à Naqoura, au Liban-Sud. D’ailleurs, soulignent-ils, cette ultime étape de l’enquête ne saurait plus tarder d’autant qu’il ne reste que 29 jours avant la date prévue pour la publication du rapport. Ce forcing diplomatique ne semble pas avoir donné de résultats probants, la Syrie s’étant contentée hier soir d’annoncer qu’elle enverra « prochainement » un conseiller juridique du ministère des Affaires étrangères auprès du procureur Detlev Mehlis, qui se trouve à Beyrouth depuis mardi soir après une brève visite en Égypte. Dans le même temps, Damas s’est obstiné en proposant de nouveau qu’un enquêteur des Nations unies interroge les officiers syriens dans des locaux de l’ONU situés sur le plateau du Golan. « Dans une lettre du ministre de la Justice Mohammed al-Ghafari adressée le 9 novembre à Mehlis, la Syrie propose les bureaux des Nations unies au Golan occupé ou tout autre endroit de Syrie qu’il choisirait », a affirmé à ce propos un responsable syrien. « Mehlis a été informé des réserves de la Syrie au sujet de Beyrouth comme cadre (des auditions), et le conseiller juridique du ministère des Affaires étrangères, M. Riad el- Daoudi, sera envoyé auprès de lui prochainement pour consultations », a-t-il poursuivi. « La Syrie est prête à coopérer, et cela a été signifié dans des lettres du président Bachar el-Assad à des dirigeants internationaux et au secrétaire général des Nations unies Kofi Annan », a ajouté le responsable. Plusieurs responsables syriens, dont le président Bachar el-Assad et le ministre des Affaires étrangères, Farouk el-Chareh, ont fait état du refus de Damas que les six officiers syriens soient interrogés au quartier général de la commission d’enquête à Monteverde. M. Assad avait notamment proposé, dans un discours prononcé jeudi dernier à Damas, que l’interrogatoire se déroule au siège de la Ligue arabe au Caire. La Turquie et la Russie entrent en scène Par ailleurs, et au moment où, dans la journée, le secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des Affaires politiques, Ibrahim Gambari, déclarait à Beyrouth que la commission d’enquête internationale dans l’assassinat de Rafic Hariri n’avait pas encore reçu de réponse officielle syrienne quant à l’interrogatoire des officiers syriens à son siège au Liban, des sources diplomatiques bien informées faisaient état d’une proposition européenne suggérant le siège de la Finul à Naqoura pour effectuer l’interrogatoire. Une localité d’autant plus pratique pour l’enquêteur allemand que ce denier pourrait procéder à d’éventuelles confrontations entre les 6 officiers syriens et les quatre généraux libanais détenus à Beyrouth, affirment ces sources, citées par notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane. Une solution qui aurait obtenu l’aval de l’Arabie saoudite et de l’Égypte pour sortir de l’impasse. Cette position a été également exprimée par le Premier ministre égyptien Ahmed Nazif et le prince héritier saoudien Sultan ben Abdel Aziz qui ont appelé hier, du Caire, les parties concernées par la crise entre l’ONU et Damas à « agir avec sagesse » pour garantir la coopération de la Syrie avec l’enquête sur l’assassinat du dirigeant libanais Rafic Hariri, et pour « ne pas menacer la stabilité du Liban et de la Syrie », selon le porte-parole de la présidence égyptienne, Souleimane Awad. Le prince Sultan s’était entretenu une première fois, mardi soir, avec le président Hosni Moubarak de la situation en Irak et du dossier syrien, selon la presse. L’Arabie saoudite, l’Égypte et la Syrie ont multiplié contacts et rencontres ces dernières semaines au sujet des pressions internationales exercées sur la Syrie pour l’amener à coopérer avec les enquêteurs internationaux. À son tour, et pour la première fois depuis le début de la crise, la Turquie est intervenue dans ce dossier par le biais de son ministre des Affaires étrangères, Abdullah Gül, qui est arrivé hier à Damas pour demander aux dirigeants syriens de coopérer avec la commission d’enquête internationale sur l’assassinat de Rafic Hariri, a-t-on appris de source diplomatique. M. Gül a été immédiatement reçu par le président syrien Bachar el-Assad. « La Turquie ne veut pas de nouveaux troubles. Tous les pays de la région doivent agir de leur mieux pour résoudre les problèmes », a indiqué le ministère turc des Affaires étrangères. Également dépêché hier à Damas, le chef du Conseil de sécurité russe, Igor Ivanov, à la suite d’un entretien avec le président syrien Bachar el-Assad, a exprimé pour sa part la « satisfaction » de son pays à la coopération de Damas dans l’enquête internationale sur l’assassinat de Rafic Hariri, « La coopération de la Syrie permettra au chef de la commission d’enquête internationale, le magistrat Detlev Mehlis, mandaté par le Conseil de sécurité, d’accomplir sa tâche pour dévoiler la vérité sur l’assassinat de Rafic Hariri », a affirmé M. Ivanov. M. Ivanov a indiqué avoir transmis à M. Assad un message du président russe, Vladimir Poutine, qui a exprimé sa satisfaction du développement des relations syro-russes. La visite de l’émissaire russe en Syrie pourrait préluder à débloquer la situation, estiment certaines sources diplomatiques, qui relèvent que M. Poutine pourrait, dans son message, avoir avancé des solutions de rechange à propos du lieu de l’interrogatoire, affirment les sources diplomatiques citées par notre collègue Khalil Fleyhane. Rappelons que la Russie avait voté la résolution 1636, mais elle s’était opposée à ce que le texte mentionne des sanctions contre la Syrie. Reste à savoir laquelle de la proposition syrienne ou européenne serait adoptée par le juge allemand et si ce dernier serait effectivement prêt à négocier, ou si, au contraire, il persistera à utiliser toutes les prérogatives qui lui sont accordées par la 1636 qui prévoit que « la commission aura l’autorité de décider du lieu et des modalités d’interrogatoire de responsables ou de citoyens syriens qu’elle jugera utile d’interroger ».

Les pressions diplomatiques se sont intensifiées hier sur la Syrie pour tenter de régler le problème du lieu de l’interrogatoire des six officiers syriens qui entrave depuis plusieurs jours la poursuite de l’enquête de la commission internationale de l’ONU. Après l’Égypte et l’Arabie saoudite qui essayent depuis plusieurs semaines de convaincre le président Bachar el-Assad de...