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Actualités - OPINION

La conférence internationale d’aide au Liban pourrait se tenir dès la mi-janvier Les remous politiques renforcent les chances d’assistance économique accélérée

Politiquement, le Liban titube encore. non seulement sous l’effet de l’ivresse de l’indépendance retrouvée ? Peut-être un peu, quand on regarde du côté de la désunion au sein du 14 mars. Mais aussi, et surtout, sous la poussée des nostalgiques du cru ou des Palestiniens d’obédience syrienne, qui tentent de le déséquilibrer. Pour l’aider à conforter sa stabilité, et sa souveraineté, il lui faut des sous. Ce constat prosaïque, les pays donateurs estiment qu’il faut lui donner corps dans les meilleurs délais. Non pas malgré, mais à cause des remous politiques qui le font tanguer. Cela étant souligné en réponse, disent des diplomates, à des Cassandre qui craignent que l’agitation ambiante et les tensions ne découragent les bonnes volontés extérieures, sur le plan de l’assistance. Dès lors, le ministre des Finances, Jihad Azour, pense être en mesure d’indiquer que la conférence internationale d’aide au Liban ne sera pas reportée au printemps prochain, et encore moins renvoyée aux calendes grecques. Et qu’elle pourra se tenir dès la mi-janvier. Pratiquement sans retard sur l’agenda initial fixé à fin décembre. Le nouveau rendez-vous a été convenu avec Elisabeth Dibble, représentante du Département d’État, lors de sa récente visite à Beyrouth. Séjour essentiellement consacré du reste, à part les traditionnelles mises en garde adressées à la Syrie, à l’analyse du bilan de la réunion préparatoire, organisée en septembre à New York par Condoleeza Rice. Lors du déblayage que l’on a appelé, d’une manière sans doute emphatique, « chantier de travail » autour de Dibble, au Sérail, le Liban a franchement précisé qu’il n’était pas encore fin prêt. Que son plan global, baptisé « Programme made in Lebanon » avait encore besoin d’être peaufiné. Ce qui se comprend : ce programme inclut aussi bien les projets de développement ou les structures à installer que le dossier touffu des réformes, administratives, budgétaires, financières, sociales ou politiques. Les privatisations Pour sa propre part, le département des Finances a indiqué que le plan quinquennal qu’il ambitionne de mettre en œuvre mobilise des commissions d’études sectorielles qui n’ont pas eu matériellement le temps d’achever leur mission. Le ministre veut privatiser le cellulaire et des pans de l’électricité – dont la production et la perception – le transport de courant restant l’apanage de l’État. Il existe ainsi une suggestion proposant de former 20 districts électriques séparés, gérés par des sociétés en commandite. Tout cela pour que ce secteur cesse de coûter au Trésor quelque 800 millions de dollars par an, essentiellement en fioul. Un accord pour 300 millions a été conclu avec le Koweït et un autre avec la Sonatrach. Mais la Syrie ne veut plus livrer du gaz pour faire marcher les turbines, et il faut chercher ailleurs. Il reste que selon l’étude établie en son temps par l’ancien ministre de l’Énergie, Maurice Sehnaoui, après concertation avec le FMI et la Banque mondiale, il faut bien préparer la privatisation de l’électricité, et cela prend du temps. Sans compter qu’on se demande s’il y aurait beaucoup de repreneurs, étant donné l’état de la perception. La mésaventure de Paris II En tout cas, Azour projette, sur le plan global, de créer des sociétés à participation mixte dans lesquelles l’État garderait des parts symboliques. Il envisage aussi de réorienter et de moderniser le système fiscal. D’imaginer, parallèlement, des dispositions diverses susceptibles d’encourager l’afflux de capitaux d’investissement. De plus, et bien évidemment, une fois le dossier constitué, il doit être soumis à l’examen du Conseil des ministres puis transmis à la Chambre. Car il y aura certainement des législations nouvelles à valider. Même si cela n’était pas le cas, le président Fouad Siniora tient absolument à un processus démocratique de débat englobant naturellement les organismes économiques, les diverses institutions concernées et le Parlement. Il veut se présenter devant la conférence des amis du Liban en étant sûr d’un large soutien national. D’une couverture politique élargie, ne laissant place à aucune équivoque. Pour éviter de retomber dans la mésaventure, et le mot est faible, de Paris II. Construction torpillée, à coups d’entraves tordues, par des fractions locales, agissant principalement pour leur propre compte mais cornaquées par l’ancien système mixte. Le hic, c’est que la plupart de ces parties prosyriennes n’entendent pas coopérer. Et ne se rangent pas, dans ce domaine précis, à l’avis des lahoudistes qui, pour leur part, promettent de ne pas mettre des bâtons dans les roues, côté réformes. Le problème est d’autant plus aigu, en fait, qu’au sein même de la majorité parlementaire, il se trouve des blocs puissants qui voient d’un mauvais œil aussi bien les privatisations que la suppression des caisses et des conseils dispendieux. Ces pompes à fric, comme on dit familièrement, qui sont la véritable moelle épinière du clientélisme et de la corruption. Pour le moment, la polémique est en sommeil. À son retour de New York, Siniora avait réussi à faire taire les critiques, essentiellement politiques, en jurant ses grands dieux que les craintes des soudains et étranges partisans de la souveraineté sont infondées. Et que le Liban ne paiera d’aucun prix de soumission l’aide internationale et occidentale. Mais au fur et à mesure que l’on se rapprochera de l’échéance, il y a fort à gager que les adversaires de la majorité mettront en avant le thème de la sujétion via l’assistance. Sans compter qu’ils voudront sans doute miser sur le facteur démagogique pour contester les réformes financières, administratives et économiques. En se faisant, par exemple, les défenseurs acharnés des milliers de parasites dont l’Administration se trouve truffée. Mais Siniora répète devant les organismes économiques, comme devant ses visiteurs, qu’il est absolument déterminé à aller de l’avant. En soulignant que les réformes sont indispensables, tout à fait indépendamment de la conférence d’aide internationale et des conditions que posent les donateurs. Il faudra voir s’il aura les moyens de relever la gageure. Philippe ABI-AKL

Politiquement, le Liban titube encore. non seulement sous l’effet de l’ivresse de l’indépendance retrouvée ? Peut-être un peu, quand on regarde du côté de la désunion au sein du 14 mars. Mais aussi, et surtout, sous la poussée des nostalgiques du cru ou des Palestiniens d’obédience syrienne, qui tentent de le déséquilibrer. Pour l’aider à conforter sa stabilité, et sa...