Rechercher
Rechercher

Actualités

Les partis prosyriens Amal et le Hezbollah se rétractent et adoptent un ton plus conciliant Le dossier du mazout ramené à sa dimension sociale aujourd’hui en Conseil des ministres

Alors que la presse syrienne poursuivait hier ses prophéties apocalyptiques contre le gouvernement, l’Exécutif s’apprête à examiner dans le calme aujourd’hui le dossier brûlant du mazout qu’on a commencé progressivement à dépolitiser depuis hier. Les partis prosyriens, notamment le Hezbollah, qui avaient menacé de faire bouger la rue si le prix des vingt litres de mazout n’est pas réduit et subventionné, ont littéralement changé de discours, adoptant un ton plus conciliant. Le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Mohammed Fneich, a ainsi mis en garde contre une politisation du dossier, dont il a imputé la responsabilité à « des sources » et à une « certaine presse », après avoir démenti tout appel à des manifestations. Son collègue amaliste de l’Agriculture, Talal Sahili, a fustigé les manifestants qui avaient insulté le Premier ministre, Fouad Siniora, à Baalbeck, alors que le secrétaire général du Baas, Assem Kanso, niait, dans une déclaration à l’agence locale al-Markaziya, toute volonté d’organiser des manifestations antigouvernementales. Mais si le volet politique du dossier du mazout semble avoir été réglé, ce n’est pas le cas pour le volet socio-financier. Au moment où M. Fneich affirmait qu’avec la baisse, même légère du prix de ce carburant, l’État pourra le subventionner, M. Siniora indiquait que la situation du Trésor ne le permet pas, sans pour autant rejeter catégoriquement cette revendication. De sources concordantes, on indique que la campagne locale menée contre le gouvernement a régressé pour une double raison : la levée de boucliers locale libanaise contre les partis qui se sont alignés sur la politique syrienne hostile à Fouad Siniora, la volonté de ces partis de ne pas quitter le gouvernement pour ne pas laisser à la seule majorité parlementaire le soin de prendre des décisions engageant le sort du pays et les conseils régionaux que ces derniers auraient reçus de calmer le jeu. L’offensive syrienne À Damas cependant, l’offensive lancée par la presse syrienne contre l’équipe Siniora s’est poursuivie de plus belle. Après Techrine, le quotidien al-Baas a indiqué que la crise économique au Liban risquait de conduire à une situation « explosive » dans ce pays. « Des milieux libanais ont exprimé leur préoccupation des dangers de la tutelle étrangère sur la région, alors que les partis nationaux libanais affirment leur soutien à la Syrie face aux pressions américaines », a affirmé le journal en une. « Ces pressions ne sont pas liées à l’assassinat de l’ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, mais elles visent à imposer l’hégémonie (américaine) sur la région tout en nuisant à l’action de la Syrie pour affronter les plans américains », a poursuivi al-Baas, estimant que « les partis politiques libanais s’inquiètent notamment de la baisse du niveau de vie et de la dégradation de la situation économique qui rendent la situation au Liban explosive ». Amal, le Hezbollah et le Baas se sont cependant empressés chacun de préciser qu’ils n’ont pas appelé à des manifestations. Le ministre Talal Sahili a ainsi affirmé ne pas être au courant de ce que le quotidien syrien Techrine a affirmé au sujet de manifestations anti-Siniora qui seront organisées à Beyrouth, précisant qu’il n’y a pas eu, de toute façon, des appels à des mouvements de protestation. Il s’en est pris aux manifestants qui avaient insulté M. Siniora à Baalbeck. M. Assem Kanso a lui aussi affirmé que son parti ne participe à aucune manifestation et qu’il n’a aucune intention de faire chuter le gouvernement, sachant que la veille, il avait accordé au quotidien koweïtien, al-Raï al-aam, une interview incendiaire, à paraître aujourd’hui et dans laquelle il s’en prend avec une virulence particulière au chef du gouvernement. Siniora : « Une affaire intérieure libanaise » Quoi qu’il en soit, de nombreuses personnalités politiques ont réagi violemment à la campagne menée par la presse syrienne contre le Premier ministre, qui n’a pas voulu la commenter. M. Siniora s’est ainsi contenté d’indiquer que les sujets abordés par les journaux syriens constituent une affaire intérieure libanaise. Le chef du gouvernement a affirmé l’importance qu’il accorde au dossier du mazout, mais a mis en garde contre toute exploitation politique des revendications populaires. « Le gouvernement accorde à cette affaire l’importance qu’elle mérite, mais tout le monde connaît les difficultés financières de l’État. La situation du Trésor ne le permettra pas », a-t-il dit en allusion à une subvention du mazout. « Nous essayons de trouver des moyens qui nous permettraient de satisfaire les revendications de la population sans accabler le Trésor », a ajouté le Premier ministre, au terme d’un entretien avec le secrétaire général adjoint de l’ONU, Ibrahim Gambari, laissant entendre qu’une subvention du mazout pourrait entraîner à l’avenir une « des charges supplémentaires pour les Libanais », en allusion à une augmentation des taxes. Les autres réactions s’articulaient également sur la nécessité de réagir favorablement aux revendications populaires concernant le mazout, tout en fustigeant les interventions syriennes séditieuses dans les affaires libanaises. « Je ne pense pas qu’un Libanais acceptera de se mettre au service d’un plan visant à semer la discorde au Liban, et je ne pense pas que l’ordre d’opérations lancé par Techrine sera suivi », a affirmé le député Walid Eido. Son collègue, Nehmetallah Abi Nasr, a accusé la presse syrienne d’avoir pris le relais des services des renseignements syriens au Liban, soulignant qu’il est hors de question que les interventions syriennes dans les affaires libanaises reprennent de plus belle. « Nous aurions souhaité que Techrine ne se dévoue pas pour déterminer le parcours et la composition des manifestations, et qu’elle nous indique plutôt les sites des fosses communes où des militaires et des civils Libanais avaient été enterrés sous la tutelle syrienne », a ajouté le député du Kesrouan. « Si des Libanais se soumettent encore aux ordres de Techrine ou des autorités syriennes, personne alors ne pourra nous blâmer si nous mettons en doute leur sens patriotique » a déclaré pour sa part la députée Solange Gemayel, au terme d’une visite, aux Cèdres, au chef des Forces libanaises, Samir Geagea, au moment où l’opposition syndicale représentée par l’ancien chef de la CGTL, Élias Abou Rizk, et son ancien secrétaire général, Yasser Nehmé, mettaient en garde contre l’exploitation des travailleurs à des fins politiques.
Alors que la presse syrienne poursuivait hier ses prophéties apocalyptiques contre le gouvernement, l’Exécutif s’apprête à examiner dans le calme aujourd’hui le dossier brûlant du mazout qu’on a commencé progressivement à dépolitiser depuis hier. Les partis prosyriens, notamment le Hezbollah, qui avaient menacé de faire bouger la rue si le prix des vingt litres de mazout n’est...