La cause, cela va sans dire, n’est pas injuste dans...
Actualités - CHRONOLOGIE
Le PSNS et le Baas se font l’écho du quotidien syrien « Techrine » Le mazout, un bon prétexte pour faire chuter le gouvernement
le 16 novembre 2005 à 00h00
Sous l’impulsion de la Syrie, une cause nommée « mazout » a pris, depuis dimanche dernier, le devant de la scène, avec une promesse de manifestations populaires à la clé si le gouvernement, qui se réunit jeudi, ne décide pas de subventionner le prix de ce carburant en ramenant son prix de 20 000 à 12 000 LL les 20 litres.
La cause, cela va sans dire, n’est pas injuste dans l’absolu. Avec un salaire minimum de 300 000 LL et des salaires bloqués depuis 1996, alors que les prix ont augmenté en moyenne de 35 % au cours de la dernière décade, il n’était que normal que le peuple gémisse et que les syndicats en profitent pour faire avancer leur cause.
Mais voilà, les choses ne sont pas aussi simples. En effet, des interférences syriennes apparues au lendemain du discours de Bachar el-Assad, mercredi dernier, ont complètement déformé ce dossier social en lui donnant une dimension politique.
Ces interférences, ou plutôt ces ingérences, se sont concrétisées lundi par un article publié dans le quotidien Techrine dans lequel le journal « prédisait » que les manifestations qui s’étaient produites la semaine dernière dans la région de Baalbeck allaient se transposer dans d’autres régions, notamment dans le Akkar, au Sud et dans le nord de la Békaa, et culminer jeudi à Beyrouth même, où le gouvernement serait acculé à « démissionner ». Revenant à la charge, le quotidien a de nouveau jeté de l’huile sur le feu, hier, fustigeant le gouvernement libanais pour son manque de sensibilité sociale et accusant le Liban d’être devenu le tremplin des plans américano-sionistes dans la région.
Il n’en fallait pas plus pour que les alliés de la Syrie au Liban montent aux créneaux et que la CGTL, noyautée depuis des années par des partis aux ordres de Damas (PSNS, Baas, Amal), ne parte en guerre contre le gouvernement.
Le président de la centrale, Ghassan Ghosn, membre du PSNS, a cru bon de se rendre hier auprès du métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth Élias Audeh pour lancer sa campagne revendicative : hausse du salaire minimum, protection de la Caisse nationale de sécurité sociale, refus d’une hausse du prix du pain ou d’une baisse du poids du paquet, etc.
La centrale syndicale s’est même découvert soudain une vocation de secouriste en affirmant que le froid tuerait cet hiver si le mazout n’était pas mis à la portée des familles aux revenus modestes.
Mais c’est en fait un antilibéralisme systématique que la CGTL a préconisé : opposition à une hausse de la TVA ou des taxes indirectes, opposition à l’introduction du contrat de travail dans la fonction publique, hostilité à la privatisation, etc.
Mais le fait n’est pas vraiment là. C’est clairement dans l’optique d’une chute du gouvernement, ou dans la volonté de lui créer le plus d’embarras possible, que la CGTL semble avoir agi.
Deux partis prosyriens, le PSNS et le Baas, ont emboîté le pas hier à la centrale syndicale. Leurs chefs, respectivement Ali Kanso et Assem Kanso, se sont rencontrés hier au siège du PSNS pour coordonner leur action. Le secrétaire général du parti Baas a assorti sa déclaration finale antigouvernementale et antiaméricaine par des propos menaçants, affirmant que son parti ne souhaite pas se voir acculé à prendre des options « indésirables ».
Fort heureusement, le Hezbollah semble s’être démarqué de ces menaces à peine voilées de recours à la violence. Le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Mohammed Fneich (Hezbollah), a affirmé hier soir à L’Orient-Le Jour que ces propos, dont il n’avait pas pris exactement connaissance, n’engagent que ceux qui les profèrent, et que sa formation est attachée à la paix civile et reste hostile à tout ce qui peut déstabiliser le Liban.
Il n’en reste pas moins que le Hezbollah et le mouvement Amal ont coordonné leurs positions hier. M. Fneich et le député Ayoub Hmayed (Amal) se sont en effet rencontrés et ont convenu de la nécessité de subventionner le mazout et d’augmenter le niveau des prestations sociales.
La Fédération des boulangers s’est, elle aussi, mise de la partie, et son président, Kazem Ibrahim, a affirmé hier que, passé jeudi, si le prix du mazout n’était pas subventionné, il se considérerait quitte d’un engagement pris voici quelque semaines de calmer le jeu. Donc qu’une hausse du prix du pain est à envisager.
Le CPL, lui, qui se flatte de vouloir créer une force d’opposition pouvant infléchir l’action du gouvernement et le forcer à réfléchir, a affirmé hier qu’il ne ferait pas le jeu de ce qui pourrait conduire à déstabiliser le pays et ne participerait à aucun mouvement social pouvant être exploité politiquement.
Pour sa part, le gouvernement affirme qu’avec la hausse du prix du brut, les dividendes récoltés par le Trésor sur le prix de l’essence sont passés de 14 000 LL à 700 LL, et que toute subvention du mazout signifierait immédiatement hausse du déficit budgétaire et augmentation de la dette, donc fragilisation de l’économie. À moins que le coût de la subvention (environ 35 milliards de LL pour les trois mois d’hiver) ne soit prélevé d’une façon ou d’une autre.
F. N.
Sous l’impulsion de la Syrie, une cause nommée « mazout » a pris, depuis dimanche dernier, le devant de la scène, avec une promesse de manifestations populaires à la clé si le gouvernement, qui se réunit jeudi, ne décide pas de subventionner le prix de ce carburant en ramenant son prix de 20 000 à 12 000 LL les 20 litres.
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