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Lire en Français et en musique - Annie Laurent, directrice de recherche au CNRS, signe son livre ce soir Les chrétiens du Proche-Orient, une minorité en danger

Le Vatican et le Proche-Orient… Un sujet d’une actualité brûlante dans une région devenue, depuis quelques années, la principale base arrière de la guerre lancée par les extrémistes musulmans contre l’Occident. Un sujet d’une importance capitale également pour cette région qui abrite un conflit à fort caractère religieux, le conflit israélo-palestinien, avec, comme enjeu, rien de moins que la ville sainte de Jérusalem. La minorité chrétienne du Proche-Orient est la première victime de cet engrenage infernal. Annie Laurent, directrice de recherche au CNRS, qualifie la situation de « dramatique » et appelle, à l’instar du Vatican, à l’intensification du dialogue interreligieux. Un sujet au cœur de son livre* d’entretiens, qu’elle signe ce soir au Salon Lire en français et en musique, avec monseigneur Michael Fitzgerald, président du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux au Vatican. Pour Annie Laurent, le drame des chrétiens du Proche-Orient a commencé avec la création, en 1948, de l’État d’Israël, en tant que nouvelle entité religieuse venue se greffer dans un environnement essentiellement musulman. Cet épisode marquant de l’histoire contemporaine a été le point de départ de la « reconfessionnalisation » de la région, anéantissant du coup les percées des mouvements laïcs. Une « réislamisation » s’est en effet opérée au détriment de la seule minorité présente à l’époque, la minorité chrétienne. L’émigration qui s’est ensuivie, et qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui, constitue un véritable fléau dans une région qui demeure, malgré tout, le berceau du christianisme. Conscient de la gravité de la situation, le Vatican accorde à ce problème une attention particulière. C’est dans cette optique notamment qu’il s’est opposé à la guerre d’Irak afin d’éviter que les chrétiens du Proche-Orient ne soient, encore une fois, pris entre l’enclume des musulmans, qui les rejettent en raison de leurs supposées orientations pro-occidentales, et le marteau des Occidentaux, qui les considèrent avant tout comme étant des « Arabes ». Le Vatican s’est également investi au travers de mesures concrètes. Mis à part le soutien matériel apporté à de nombreuses œuvres de charité, Annie Laurent rappelle la nomination du patriarche palestinien Michel Sabbagh – fait exceptionnel – pour la Palestine, en 1987. L’organisation d’un synode sur le Liban, îlot de coexistence entre chrétiens et musulmans, relève de la même idée, ajoute-t-elle. Aucune chance de survie pour un État « chrétien » au P-O Mais au sujet de la création d’un éventuel État « chrétien », Mme Laurent affirme catégoriquement qu’« il n’aurait aucune chance de survie ». D’une part, le Vatican refuse que les chrétiens vivent dans des « cantons », et d’autre part, « les musulmans n’accepteraient jamais un deuxième État à caractère confessionnel dans la région ». Pour faire face à cette situation difficile, le Vatican prône sans relâche le dialogue interreligieux, dont le fondement est la déclaration du concile de 1965, « Nostra Aetate » (Notre temps). Annie Laurent reconnaît que les extrémismes en tout genre ne facilitent pas la tâche de ceux qui tentent d’établir « la paix et l’harmonie ». Elle adhère même à la théorie du « choc des civilisations ». Pour la chercheuse, l’explication réside dans les difficultés que rencontre l’islam à s’adapter à la mondialisation ainsi que dans la peur de perdre son identité. Mme Laurent tient également à souligner « la responsabilité des Occidentaux dans l’incompréhension et le ressentiment des pays arabes à leur égard ». Les Arabes ne sont plus attirés par le modèle occidental à cause de la décadence qui le mine et qu’ils assimilent, « à tort », à la chrétienté. Or, « l’Occident est de moins en moins chrétien », assure Mme Laurent. Il est même devenu « tellement sécularisé qu’il n’arrive plus à comprendre la dimension religieuse » inhérente aux problèmes du Proche-Orient, notamment le conflit israélo-palestinien. « Un conflit à dimension biblique », selon Annie Laurent, au cœur duquel se trouve la question de Jérusalem. C’est d’ailleurs pour cela que le Vatican a longtemps appelé à une internationalisation du statut de la Ville sainte dans le but de la préserver des aléas de la politique. En attendant une quelconque solution politique, le dialogue « avec les fidèles, pas avec un système », est la seule option possible. Même si la réciprocité n’est pas évidente et que les extrémistes gagnent du terrain, le Vatican est fermement décidé à maintenir les liens avec le monde arabe. Même si, affirme Annie Laurent, qui reprend Georges Anawati, un dominicain égyptien, « avec les musulmans, il faut une patience géologique »… Mariam SEMAAN * « Dieu rêve d’unité : les leçons du dialogue » (éd. Bayard)
Le Vatican et le Proche-Orient… Un sujet d’une actualité brûlante dans une région devenue, depuis quelques années, la principale base arrière de la guerre lancée par les extrémistes musulmans contre l’Occident. Un sujet d’une importance capitale également pour cette région qui abrite un conflit à fort caractère religieux, le conflit israélo-palestinien, avec, comme enjeu, rien...