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Arrêté au Sénégal, l’ancien président tchadien est accusé de « violations graves du droit humanitaire international » Hissène Habré pourrait être le premier ex-dictateur jugé en Belgique

La justice belge, parfois accusée de vouloir s’ériger en « gendarme du monde », a poursuivi ces dernières années un combat contre l’impunité dont l’ancien dirigeant tchadien Hissène Habré, arrêté hier au Sénégal, pourrait être la première victime de marque. À l’issue du processus judiciaire engagé au Sénégal, il reviendra au président sénégalais, Abdoulaye Wade, de signer un éventuel décret d’extradition d’Hissène Habré vers la Belgique. Vu la « complexité du dossier », un procès en assises de l’ex-dictateur n’est toutefois envisageable que « plusieurs mois, voire plus, après son arrivée en Belgique », a expliqué hier une porte-parole du parquet fédéral belge, Lieve Pellens. Il y a quelques années, Bruxelles avait déjà fait sensation en réclamant l’extradition de l’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet, placé en état d’arrestation à Londres en 1998 à la demande du juge espagnol Baltasar Garzon. Le monde découvrait alors la loi belge de « compétence universelle », qui accordait aux tribunaux du royaume le droit de juger les auteurs présumés de génocides, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, sans distinction de l’endroit où ils ont été commis ni de la nationalité des suspects et de celle des victimes. En mars 2000, Augusto Pinochet, finalement libéré pour raisons de santé, rentrait au Chili, où la saga judiciaire n’est toujours pas achevée. Mais les projecteurs se sont à nouveau braqués sur la Belgique en juin 2001, lorsque la cour d’assises de Bruxelles condamne à de lourdes peines quatre Rwandais pour des crimes commis lors du génocide de 1994. La loi de compétence universelle est alors invoquée lors du dépôt d’une trentaine de plaintes contre des dirigeants ou ex-dirigeants étrangers, dont Ariel Sharon et George W. Bush. Plus discrètement, le juge d’instruction bruxellois Daniel Fransen, saisi d’une plainte contre Hissène Habré de victimes tchadiennes, dont trois ont acquis la nationalité belge, se rend au Tchad en mars 2002 pour interroger des plaignants, des victimes et de nombreux témoins. Le 19 septembre, le juge belge délivre un mandat d’arrêt international à l’encontre de l’ex-dictateur, réfugié au Sénégal depuis 1990, pour des « violations graves » des droits de l’homme. La justice belge reproche en particulier à Hissène Habré, accusé de « violations graves du droit humanitaire international », les « agissements de la DDS (services de renseignements), à laquelle sont notamment imputées des arrestations collectives et arbitraires, des meurtres en masse et des actes systématiques de torture dirigés contre les membres de certaines ethnies du pays ».
La justice belge, parfois accusée de vouloir s’ériger en « gendarme du monde », a poursuivi ces dernières années un combat contre l’impunité dont l’ancien dirigeant tchadien Hissène Habré, arrêté hier au Sénégal, pourrait être la première victime de marque. À l’issue du processus judiciaire engagé au Sénégal, il reviendra au président sénégalais, Abdoulaye Wade, de...