Ce droit de veto absolu met en lumière les anomalies, les aberrations qui...
Actualités - OPINION
Le tandem chiite serait opposé à un président qui n’aurait pas les faveurs syro-iraniennes
Par KHOURY Emile, le 15 novembre 2005 à 00h00
Une petite phrase du ministre Trad Hamadé qui a retenu l’attention des cercles diplomatiques ou politiques : « Si nous quittons (entendre les ministres du Hezbollah et d’Amal) le gouvernement, il n’y aura plus de gouvernement. » C’est-à-dire que l’actuel sautera et qu’on ne pourra pas le remplacer.
Ce droit de veto absolu met en lumière les anomalies, les aberrations qui découlent des dérives dans l’interprétation du principe de consensus, élémentaire et vital dans un pays composite. Ce principe ordonne que le pays se gouverne dans l’entente et non à travers la démocratie du nombre et le jeu de la majorité. C’est pour l’appliquer que l’on a formé, de bric et de broc, le présent cabinet.
Mais l’on aboutit, en définitive et en pratique, à un système de contrainte. Le faisceau bien lié Amal-Hezbollah, qui monopolise la représentation chiite, impose aux autres parties ce qu’il veut. Il a réinstallé Berry à la présidence de la Chambre, désigné le ministre des Affaires étrangères, fait nommer à sa guise un directeur de la Sûreté générale, et le reste à l’avenant. Rien ne l’empêche de dicter la composition chiite du cabinet, avec aussi droit de regard sur d’autres portefeuilles, sous menace de ne pas y participer. Ce qui signifierait que le meuble, privé de son assise chiite, manquerait d’équilibre et ne tarderait pas à tomber. Pour le choix des députés ou des postes administratifs, c’est le même refrain.
Dans ce cadre et dans ce climat, les professionnels pensent que le tandem devrait être en mesure de jouer un rôle important lorsque l’heure de la présidentielle aura sonné. Il y aurait pour tout candidat sérieux un prix à payer, des engagements à prendre, et d’ailleurs le Hezbollah le proclame ouvertement. Non pas en précisant quel président il veut, mais en indiquant quel président il ne veut pas. En l’occurrence quelqu’un qui voudrait, pour respecter la légalité internationale, concourir à l’application de la 1559. Ou quelqu’un qui ne serait pas bien vu des Syriens comme des Iraniens. Des conditions qui estompent fortement les acquis de l’indépendance, de la souveraineté et de l’autonomie de décision partiellement retrouvées depuis le retrait syrien.
Le problème, c’est que l’axe Amal-Hezbollah fait valoir qu’il exerce le jeu démocratique qui fait fi de cette loi du nombre dont il pourrait se targuer sur le plan de la démographie globale du pays. Il peut, dans un cadre de confrontation, poser éventuellement des conditions tout à fait obstructionnistes, en cas de tentative de formation d’un nouveau gouvernement. Ce qui ouvrirait la voie à une crise insoluble.
Répétons-le, le tandem Amal-Hezbollah laisse clairement entendre, dès à présent, que le prochain président de la République doit s’engager sur les poins suivants :
– Rejet des résolutions internationales qui édictent le désarmement du Hezbollah et des Palestiniens, à l’intérieur comme en dehors des camps, ainsi que le déploiement de l’armée le long de la ligne bleue.
– Refus du tracé des frontières avec la Syrie, notamment à Chebaa, afin que cette enclave continue à servir de justificatif à la persistance de la Résistance.
– Refus des résultats de l’enquête de la commission Mehlis, qui doit être considérée comme politisée. Et refus de l’idée d’un tribunal international, pour que le procès ait lieu au Liban. Alors même que le ministre syrien des Affaires étrangères, Farouk el-Chareh, affirme que les officiers syriens ne doivent pas être interrogés dans ce pays, pour lui éviter des manifestations et des contre-manifestations. On se demande alors ce qu’il adviendrait si c’est tout le procès, et non pas seulement des interrogatoires d’enquête, qui devait être organisé localement.
À ce propos, il convient de souligner que si les assassins du président Hariri devaient rester inconnus, la porte serait peut-être ouverte de nouveau aux attentats, aux assassinats et à l’anarchie dans le pays. Pour que les Libanais, frappés et terrorisés, renoncent à vouloir connaître la vérité, afin d’assurer la sécurité.
Quoi qu’il en soit, les ministres du tandem n’ont pas voulu s’associer à la protestation contre les outrages assadiens visant le président du Conseil, et bien d’autres instances libanaises. Ils se sont retirés sous des prétextes irrecevables, battant en brèche, déjà, la cohésion gouvernementale. Alors une question simple se pose : quand vont-ils claquer la porte ?
Émile KHOURY
Une petite phrase du ministre Trad Hamadé qui a retenu l’attention des cercles diplomatiques ou politiques : « Si nous quittons (entendre les ministres du Hezbollah et d’Amal) le gouvernement, il n’y aura plus de gouvernement. » C’est-à-dire que l’actuel sautera et qu’on ne pourra pas le remplacer.
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