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Actualités - CHRONOLOGIE

GRIPPE AVIAIRE - La chute des prix et des ventes menace le secteur Les éleveurs de poulets très affectés par la psychose

Le secteur avicole libanais est très affecté par la chute des ventes de poulets et d’œufs due à la peur de la grippe aviaire qui s’est emparée des consommateurs. À cette réelle psychose s’ajoute le déséquilibre entre l’offre et la demande qui résulte de la faiblesse du tourisme arabe en cette période de ramadan troublée par une situation politique incertaine. Les éleveurs attendent ce mois de forte consommation pour augmenter leur production. Or cette année, le climat politique ayant découragé les touristes, ils se retrouvent avec des excédents sur les bras. Les deux phénomènes combinés ont provoqué une chute des prix de l’ordre de 50 %, que ce soit sur le segment du poulet de chair, ou sur celui des œufs. Le prix perçu par les éleveurs, à la sortie de la ferme, est tombé à 70 cents le kilo, contre 1,25 dollars il y a quelques semaines, a déclaré à L’Orient-Le Jour Jean el-Hawa, président du syndicat des aviculteurs qui est lui-même le plus gros producteur du pays. Quant à la caisse de 360 œufs, elle est passée de 19-20 dollars, à 10 dollars. « À ces tarifs, il ne va bientôt plus rester un éleveur, les pertes sont terribles », commente Saad Raad, un producteur de taille moyenne situé au Akkar. Car si les coûts de production des grands éleveurs, comme Hawa ou Tanmia se situent autour de 75 cents le kilo, ceux des petits éleveurs qui travaillent en système de ventilation naturelle est plutôt autour de 95 cents le kilo. Lorsque le marché est à 70 cents, les pertes s’accumulent d’autant plus vite que la capacité de stockage de ce produit périssable dans des frigos ou des congélateurs est limitée. « En ce moment, sur les 1,5 million de volailles produites chaque semaine, 500 000 ne sont pas écoulées. Or les frigos ne contiennent pas plus de deux semaines d’accumulation des excédents, précise Jean-el Hawa. C’est la raison pour laquelle les prix ont autant baissé. Pour un producteur, mieux vaut accuser une perte, en vendant à 70 cents, que de se retrouver avec des tonnes de viande sur les bras. » La logique implacable du marché est toutefois nettement plus grave pour les petits que pour les grands, souligne Saad Raad. « Quand la crise sera passée, les petites fermes auront disparu et les gros producteurs renforceront encore leur monopole sur le marché. En quelques mois, ils compenseront leurs pertes par des bénéfices doubles », s’insurge-t-il. Car si la protection douanière élevée dont continue de bénéficier l’aviculture libanaise, malgré la signature d’accords de libre-échange avec l’Union européenne et les pays arabes, a préservé un secteur qui était considéré avant-guerre comme le « panier à œufs » du Moyen-Orient, un très petit nombre d’acteurs en profite réellement. Le secteur avicole est l’un des plus monopolistiques du pays, faute de loi sur la concurrence et de mécanisme de régulation des prix. Relayés par leur syndicat professionnel, les éleveurs de volailles lancent donc un cri d’alarme pour inciter les Libanais à continuer de consommer du poulet et des œufs. « Il ne faut pas céder à la panique. Lors de l’épidémie de 1997, dans une région aussi densément peuplée que l’Asie, on n’a déploré que 18 morts, dont un seul a été attribué sans équivoque à la grippe aviaire », dit Saad Raad qui rappelle que, dans le pire des cas, les populations à risque sont les éleveurs eux-mêmes davantage que le grand public. « Aucun cas de grippe aviaire n’a été signalé au Liban », souligne pour sa part Jean el-Hawa. « La transmission à l’homme est très rare et les experts affirment tous qu’il n’y aucun risque à consommer la viande cuite », poursuit-il, appelant les Libanais à ne plus se détourner de la volaille. Sibylle RIZK
Le secteur avicole libanais est très affecté par la chute des ventes de poulets et d’œufs due à la peur de la grippe aviaire qui s’est emparée des consommateurs.
À cette réelle psychose s’ajoute le déséquilibre entre l’offre et la demande qui résulte de la faiblesse du tourisme arabe en cette période de ramadan troublée par une situation politique incertaine. Les éleveurs...