La multiplication des attentats survenus ces derniers mois dans diverses régions du pays n’a pas manqué d’affecter le secteur du tourisme. Les hôtels, surtout ceux qui étaient à proximité des lieux des attentats, en ont gravement subi les conséquences. Mais la saison hôtelière a pu être sauvée grâce à l’effort de certains professionnels et surtout des touristes qui, en dépit des difficultés, ont choisi le Liban comme destination pour leurs vacances.
Loin des 100 % de taux d’occupation affichés en août 2004, les hôtels subissent de plein fouet cette année les conséquences des attentats qui secouent le Liban depuis plusieurs mois.
« Il est inutile de comparer la saison 2005 avec la précédente, ceci ne ferait que noircir le tableau », déclare Pierre Achkar, président du syndicat des hôteliers. Malgré un commentaire relativement négatif, M. Achkar estime à 60 % environ le taux d’occupation moyen en juillet et à 75 % en août. Les tout premiers jours d’août ont même affiché un taux d’occupation exceptionnel de près de 100 %, dit-il.
Les chiffres avancés par plusieurs hôteliers confirment cette estimation, même s’ils révèlent de fortes disparités entre Beyrouth et le reste du pays.
L’hôtel Mövenpick a enregistré un taux d’occupation de 84 % en juillet et de 90 % en août, selon Joëlle Kahwaji, chargée des relations publiques. À l’hôtel Rotana Gefinor, le mois de juillet a affiché un taux de 90 % et celui d’août a été de 98 %, selon Maya Dfouni, du département des ventes.
Hors de la capitale, la situation est moins bonne. Par exemple l’hôtel Portemilio à Kaslik était occupé à 65 % en juillet 2005 et à 72 % en août, selon Mohammed Kanaan, chef du département des ventes. Le Royal, à Dbayé, a quant à lui affiché un taux d’occupation de 45 % en juillet et de 65 % en août. Le taux le plus bas que l’hôtel ait atteint a été de 25 % au cours des précédents mois, selon Michèle Khoury du département de marketing.
Comme, selon Nicolas Chammas, fournisseur de produits d’accueil pour des hôtels de quatre et cinq étoiles, il faut que les hôtels assurent un taux d’occupation d’au moins 45 % pour ne pas subir des pertes, le secteur a globalement limité les dégâts cette saison.
Pourtant, l’actualité régionale troublée a constitué un handicap supplémentaire. Ainsi, le décès du roi d’Arabie saoudite a été « un facteur de stagnation », selon Michèle Mallat Richani, directrice des relations publiques à l’hôtel Phoenicia Inter-Continental. Ce dernier a été occupé pour le mois de juillet 2005 à bien plus que la moitié, ajoute-elle toutefois.
Prédominance des touristes arabes
Les ressortissants arabes fournissent traditionnellement le plus gros contingent de touristes au Liban. Selon les chiffres publiés par le ministère du Tourisme pour les sept premiers mois de 2005, les touristes arabes viennent en première place avec 36 % du total des touristes, suivis par les Européens avec 30 %. Mais les hôtels libanais ne comptent pas tous sur cette clientèle pour remplir leurs chambres. D’autant que, selon Nicolas Chammas, « un nombre croissant de touristes de nationalité arabe préfèrent s’orienter vers des appartements meublés plutôt que des hôtels. »
Pour s’en sortir, certains hôtels font donc le choix de cibler une clientèle particulière pour éviter de s’exposer aux fluctuations des habitudes de certains touristes. C’est notamment le cas de l’Albergo, comme l’explique son directeur Michel Chardigny qui a opté pour une politique de commercialisation ciblant une clientèle en grande majorité européenne et américaine. D’autres hôtels optent pour une politique de baisse des prix. Les hôtels de chaîne, quant à eux, préfèrent proposer des « packages » car ils ne peuvent se permettre de baisser leurs prix du fait qu’ils doivent assurer un niveau minimum de service de qualité.
Les professionnels du secteur hôtelier libanais sont unanimement d’accord sur la capacité du pays à regagner sa place et à surpasser les difficultés. « Aucun pays n’est actuellement épargné par les attentats, ils prolifèrent partout, de Londres à Charm el-Cheikh. Heureusement que les derniers incidents qui ont eu lieu au Liban n’ont pas ciblé aveuglément la population », déclare M. Achkar
Certains hôteliers, comme Mme Richani du Phoenicia, sont même très sûrs de la capacité du secteur à se développer de plus belle dans un futur proche. « Nous sommes très optimistes, surtout pour le mois de septembre », dit-elle.
Magali GHOSN
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