Le Gibran et le Prophète des Rahbani vient de connaître un franc succès malgré la crise économique et l’insécurité ambiante. Le Festival de Byblos a gagné son pari : il a réussi à réunir autour de Gibran des milliers de spectateurs, réaffirmant ainsi l’intérêt que suscite encore cet artiste complet auprès de ses compatriotes, soixante-quinze ans après sa mort. Quel jugement porter sur ce spectacle ? Une interprétation très juste de Rafic Ali Ahmed qui campe un Gibran tourmenté et humain, déchiré entre sa volonté d’une purification intérieure héritée du soufisme et ce qu’il appelle « les envies de la vie », une chorégraphie dynamique, une mise en scène élaborée, une Amani es-Souessi aérienne, une évocation pittoresque – et véridique – des virées de l’écrivain à...
Actualités - OPINION
Le «Gibran» des Rahbani entre réalité et fantaisie
Par NAJJAR Alexandre, le 27 août 2005 à 00h00
Par Alexandre Najjar*
Le Gibran et le Prophète des Rahbani vient de connaître un franc succès malgré la crise économique et l’insécurité ambiante. Le Festival de Byblos a gagné son pari : il a réussi à réunir autour de Gibran des milliers de spectateurs, réaffirmant ainsi l’intérêt que suscite encore cet artiste complet auprès de ses compatriotes, soixante-quinze ans après sa mort. Quel jugement porter sur ce spectacle ? Une interprétation très juste de Rafic Ali Ahmed qui campe un Gibran tourmenté et humain, déchiré entre sa volonté d’une purification intérieure héritée du soufisme et ce qu’il appelle « les envies de la vie », une chorégraphie dynamique, une mise en scène élaborée, une Amani es-Souessi aérienne, une évocation pittoresque – et véridique – des virées de l’écrivain à Cahoonzie avec ses amis du Cénacle de la plume, une lecture perspicace du Prophète, des rapports intéressants entre l’écrivain et ses propres personnages – un peu comme dans La Rose pourpre du Caire de Woody Allen –, des costumes admirables, des chansons souvent percutantes… autant d’éléments à mettre au crédit de Gibran et le Prophète. Ce qui, en revanche, déconcerte dans ce spectacle, c’est, à côté de certaines allusions politiques déplacées, la représentation fantaisiste et caricaturale de Mikhaïl Neaïmeh et d’Alfred A. Knopf, transformés en bouffons pour les besoins de la cause, le théâtre rahbanien exigeant traditionnellement la présence de figures burlesques susceptibles d’amuser la galerie. Or, « Micha », esprit vif et profond, n’était nullement cet écrivain excité et ringard qu’on découvre sur scène. Et Alfred Knopf n’avait rien d’un clown : « Plus je vois Alfred Knopf, plus je l’aime. Il est jeune et a un œil qui sait voir la beauté. Même s’il n’est pas philanthrope, il est honnête», disait Gibran à propos de son éditeur new-yorkais. L’auteur de la pièce aurait dû manifester un peu plus de respect à l’égard de cet être qui eut le courage de donner sa chance au fils de Bécharré. Un Fred Holland Day, photographe excentrique et mentor de Gibran à ses débuts, aurait peut-être mieux fait l’affaire… Enfin, contrairement à ce qui est dit dans la pièce, l’amante cachée de Gibran, Gertrude Barrie, était pianiste, et rien ne permet d’affirmer qu’elle posait pour lui au même titre que d’autres égéries comme Emilie Michel, Charlotte Teller ou Mariita Lawson…
En dépit de ces légères imperfections, il reste que le spectacle des Rahbani fait honneur aux comédies musicales libanaises. Il illustre bien la vitalité de nos artistes en dépit d’une conjoncture difficile (mais l’art est aussi une réponse au crime !), et nous montre, une fois de plus, la grandeur de Gibran, messager de paix et d’espoir dans ce monde déréglé…
* Auteur de Gibran (Pygmalion, 2002).
Par Alexandre Najjar*
Le Gibran et le Prophète des Rahbani vient de connaître un franc succès malgré la crise économique et l’insécurité ambiante. Le Festival de Byblos a gagné son pari : il a réussi à réunir autour de Gibran des milliers de spectateurs, réaffirmant ainsi l’intérêt que suscite encore cet artiste complet auprès de ses compatriotes, soixante-quinze ans après sa mort. Quel jugement porter sur ce spectacle ? Une interprétation très juste de Rafic Ali Ahmed qui campe un Gibran tourmenté et humain, déchiré entre sa volonté d’une purification intérieure héritée du soufisme et ce qu’il appelle « les envies de la vie », une chorégraphie dynamique, une mise en scène élaborée, une Amani es-Souessi aérienne, une évocation pittoresque – et véridique – des virées de l’écrivain à...
Le Gibran et le Prophète des Rahbani vient de connaître un franc succès malgré la crise économique et l’insécurité ambiante. Le Festival de Byblos a gagné son pari : il a réussi à réunir autour de Gibran des milliers de spectateurs, réaffirmant ainsi l’intérêt que suscite encore cet artiste complet auprès de ses compatriotes, soixante-quinze ans après sa mort. Quel jugement porter sur ce spectacle ? Une interprétation très juste de Rafic Ali Ahmed qui campe un Gibran tourmenté et humain, déchiré entre sa volonté d’une purification intérieure héritée du soufisme et ce qu’il appelle « les envies de la vie », une chorégraphie dynamique, une mise en scène élaborée, une Amani es-Souessi aérienne, une évocation pittoresque – et véridique – des virées de l’écrivain à...
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