L’opposition chinoise à une saisine du Conseil de sécurité de l’ONU du dossier nucléaire iranien est essentiellement motivée par la volonté de Pékin de préserver ses relations économiques avec Téhéran, spécialement pour son approvisionnement pétrolier, estiment les analystes.
Puissance nucléaire elle-même et membre permanent du Conseil de sécurité, la Chine a indiqué cette semaine qu’elle ne souhaitait pas voir la crise portée à ce niveau. « Je pense que cette question mérite une solution diplomatique. C’est à Vienne (siège de l’AIEA) de trouver une solution », avait déclaré l’ambassadeur de Chine à l’ONU, Wang Guangya, ne jugeant « pas utile » de saisir le conseil.
La réticence de Pékin à une telle action est peu surprenante. Question de principe : la Chine veut à tout prix éviter que l’ONU mette un jour le nez dans ses propres affaires, voire dans celles de la Corée du Nord voisine, engagée dans un bras de fer avec Washington sur son programme nucléaire.
Mais dans le dossier iranien, un autre élément intervient, et non des moindres : l’or noir.
En 1997, Pékin avait négocié un contrat avec le régime de Saddam Hussein pour exploiter le champ pétrolifère irakien d’al-Ahdab. En 2001, des discussions étaient en cours pour celui, plus grand, de Halfayah. « Au total, ces deux champs auraient pu représenter près de 400 000 barils par jour, soit 13 % de la consommation de pétrole de la Chine en 2003 », explique Michael Schwartz, universitaire new-yorkais, spécialiste de l’Irak et de l’Iran. « Mais comme les autres clients de l’Irak, la Chine n’a pas abouti dans ses plans en raison des sanctions de l’ONU », ajoute cet expert, précisant que tous ces contrats en devenir sont désormais caducs.
L’Iran est donc devenu la cible prioritaire des compagnies pétrolières chinoises. Un premier contrat de 70 milliards de dollars pour l’importation de brut a déjà été signé parmi d’autres accords économiques et commerciaux comme la construction par la Chine d’une partie du métro de Téhéran. « En d’autres termes, la guerre en Irak a donné naissance à une puissante alliance entre l’Iran et la Chine », estime M. Schwartz.
Pour Ehsan Ahrari, analyste basé aux États-Unis et auteur de nombreuses contributions sur l’Iran, la Chine n’acceptera jamais que le Conseil de sécurité se penche sur le nucléaire iranien. « La Chine a renforcé ses liens avec l’Iran, notamment dans le domaine-clé de l’énergie. Elle fait aussi des affaires avec l’Iran dans les domaines de la technologie nucléaire et des missiles », souligne cet analyste. « Les besoins formidables de la Chine en énergie l’obligent à se tourner vers le pétrole et le gaz iraniens et tant que l’Iran aura besoin de la Chine pour la technologie nucléaire et les missiles, la facture pétrolière de la Chine restera raisonnable », dit M. Ahrari. « Le Iraniens sont assurés de pouvoir compter sur la Chine face à la troïka européenne (France, Allemagne, Grande-Bretagne) et aux États-Unis », affirme-t-il.
Avec une croissance cette année encore de 9,5 % depuis le début de l’année, la Chine cherche désespérément à diversifier son approvisionnement en énergie. Le pays le plus peuplé au monde, deuxième importateur de pétrole derrière les États-Unis, devrait acheter 130 millions de brut en 2005 contre 122 millions l’an passé. Les importations ont compté plus de 40 % de la consommation l’an dernier et représenteront davantage cette année, selon les prévisions officielles.
Martin PARRY/AFP
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Puissance nucléaire elle-même et membre permanent du Conseil de sécurité, la Chine a indiqué cette semaine qu’elle ne souhaitait pas voir la crise portée à ce niveau. « Je pense que cette question mérite une solution diplomatique. C’est à Vienne (siège de l’AIEA) de trouver une solution », avait déclaré l’ambassadeur de Chine à l’ONU, Wang Guangya, ne jugeant « pas utile » de saisir le conseil.
La réticence de Pékin à une telle action est peu surprenante. Question de principe : la Chine veut à tout prix éviter que...