Longtemps décrits comme des « bêtes sanguinaires » par la propagande du Japon impérial, les soldats américains ne se sont heurtés à aucune hostilité apparente en débarquant dans l’archipel en septembre 1945. Les raisons tiendraient à la lassitude d’une population meurtrie et dégoûtée du militarisme, au pragmatisme face à un envahisseur tout-puissant et à la tradition d’obéissance bien ancrée chez les Japonais. En outre, le choc de l’arrivée soudaine, dans un pays affamé et en ruines, de milliers de « boys », riches et bien nourris, « a constitué une formidable leçon quant à la force matérielle et...
Actualités - CHRONOLOGIE
ÉCLAIRAGE Malgré la bombe A, « l’étreinte sensuelle » du Japon et des États-Unis
Par Roland de COURSON, le 12 août 2005 à 00h00
Malgré les deux bombes A larguées sur son territoire, le Japon s’est lancé après 1945 dans « une étreinte sensuelle » avec les États-Unis, selon l’expression de l’historien américain John Dower.
Longtemps décrits comme des « bêtes sanguinaires » par la propagande du Japon impérial, les soldats américains ne se sont heurtés à aucune hostilité apparente en débarquant dans l’archipel en septembre 1945. Les raisons tiendraient à la lassitude d’une population meurtrie et dégoûtée du militarisme, au pragmatisme face à un envahisseur tout-puissant et à la tradition d’obéissance bien ancrée chez les Japonais. En outre, le choc de l’arrivée soudaine, dans un pays affamé et en ruines, de milliers de « boys », riches et bien nourris, « a constitué une formidable leçon quant à la force matérielle et à la prospérité qui pouvaient découler de la démocratie à l’américaine », avance John Dower, prix Pulitzer pour son livre Embracing Defeat (Étreindre la défaite), publié en 1999.
Aujourd’hui, le Japon est un des plus fidèles alliés de Washington. Les symboles américains sont omniprésents dans la vie quotidienne. Seules rares épines dans ces liens chaleureux : les protestations pacifistes qui éclatent épisodiquement sur l’île d’Okinawa (sud du Japon) où sont basés 40 500 soldats américains et les diatribes antiaméricaines d’hommes politiques de la droite nationaliste, tel le maire populiste de Tokyo Shintaro Ishihara. « Plus tôt qu’ailleurs, les Japonais ont pris l’American way of life comme référence », explique le sociologue Kazuhiko Yatabe. « La télévision s’est développée rapidement et, pour remplir leurs grilles, les chaînes privées ont importé massivement des programmes américains », souligne-t-il. Selon lui, les avancées provoquées par les Américains au Japon, comme la Constitution pacifiste ou le droit de vote des femmes, ont largement facilité l’acceptation par les Japonais de l’occupation américaine (1945-52).
Les effets épouvantables des bombes atomiques de Hiroshima et de Nagasaki, largement occultés par la censure militaire américaine pendant les six ans et demi d’occupation, n’ont pas généré de rancune particulière dans la société nippone. Les attaques nucléaires « sont perçues plutôt comme une tragédie pour l’ensemble de l’humanité que comme un épisode guerrier attribuable aux États-Unis », analyse l’historien Eiji Oguma.
Mais il serait naïf de penser que les Japonais ont sombré dans une américanophilie béate, soulignent les historiens, qui rappellent que le sigle GHQ (pour « General Headquarters ») du général McArthur à Tokyo était décliné par certains en « Go Home Quickly » (Rentre vite chez toi).
Selon M. Oguma, l’antiaméricanisme a commencé à se développer dans les années 1950, lorsque Washington, engagé dans la guerre de Corée, a voulu réarmer le Japon quelques années après lui avoir imposé un pacifisme adopté par les Japonais comme une valeur propre. « Un certain sentiment antiaméricain a commencé à apparaître avec le mouvement pacifiste devenu un moyen d’exprimer son ressentiment contre la guerre et les États-Unis », note l’historien.
À quoi il faut ajouter la rivalité vite instaurée entre le Japon et les États-Unis dans le domaine économique. Selon Kazuhiko Yatabe, « le nationalisme économique du Japon était motivé par la nécessité de surpasser les produits américains : les États-Unis restaient une référence, mais devenaient aussi un concurrent ».
Roland de COURSON (AFP)
Malgré les deux bombes A larguées sur son territoire, le Japon s’est lancé après 1945 dans « une étreinte sensuelle » avec les États-Unis, selon l’expression de l’historien américain John Dower.
Longtemps décrits comme des « bêtes sanguinaires » par la propagande du Japon impérial, les soldats américains ne se sont heurtés à aucune hostilité apparente en débarquant dans l’archipel en septembre 1945. Les raisons tiendraient à la lassitude d’une population meurtrie et dégoûtée du militarisme, au pragmatisme face à un envahisseur tout-puissant et à la tradition d’obéissance bien ancrée chez les Japonais. En outre, le choc de l’arrivée soudaine, dans un pays affamé et en ruines, de milliers de « boys », riches et bien nourris, « a constitué une formidable leçon quant à la force matérielle et...
Longtemps décrits comme des « bêtes sanguinaires » par la propagande du Japon impérial, les soldats américains ne se sont heurtés à aucune hostilité apparente en débarquant dans l’archipel en septembre 1945. Les raisons tiendraient à la lassitude d’une population meurtrie et dégoûtée du militarisme, au pragmatisme face à un envahisseur tout-puissant et à la tradition d’obéissance bien ancrée chez les Japonais. En outre, le choc de l’arrivée soudaine, dans un pays affamé et en ruines, de milliers de « boys », riches et bien nourris, « a constitué une formidable leçon quant à la force matérielle et...
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