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Festival De Baalbeck - Vendredi et samedi, le Dizzy Gillespie All-Star Big Band Slide, Paquito, Hargrove et 19 autres stars du jazz… en hommage au grand Dizzy (photos)

Il est une chose de dire que le Dizzy Gillespie All-Star Big Band est un groupe d’élite composé de 22 excellents musiciens, tous des étoiles du jazz. Mais il est une autre d’en croiser une dizaine (NDLR : les autres devaient arriver le lendemain) et d’être le témoin visuel de la formidable complicité qui les unit, de l’indécrottable sens de l’humour dont ils font preuve, de l’incommensurable modestie qui caractérise leur démarche et, surtout, de l’inoxydable admiration qu’ils portent pour une légende du jazz, le patriarche saxophoniste instigateur du be-bop et du jazz latino-américain et qui, pour la petite histoire, souhaitait devenir président des États-Unis. Ce Big Band sera à Baalbeck demain vendredi et samedi, pour deux concerts – des musts pour les amoureux du jazz – avec deux programmes différents.* La rencontre a eu lieu lors d’une conférence de presse tenue au Bar Louie en présence de May Arida, présidente du Festival de Baalbeck, Nayla de Freige, vice-présidente, et Khalil Sinno. Dix ans après la disparition de Dizzy, le groupe poursuit ses tournées et ses spectacles à travers le monde, rendant hommage au maître et témoignant de son héritage. Et partant à ses traces puisque Dizzy s’était produit sur les marches de Baalbeck à deux reprises : en 1955 et 1972. Leur répertoire comprend du latino, du brésilien, du be-bop et du swing. Dizzy Gillespie All-Stars Big Band sera dirigé par Slide Hampton avec des invités exceptionnels tels que Paquito D’Rivera, Roy Hargrove, James Moody, Claudio Roditi, Randy Brecker, Antonio Hart, John Lee et d’autres artistes remarquables dont « la chanteuse à la voix d’or », Roberta Gambarini. Alors que chacun de ces musiciens mériterait de nombreuses colonnes (ils ont reçu 16 NEA Emmy Awards), voici quelques morceaux choisis pour aiguiser l’appétit des amoureux de la note bleue. John Lee a partagé la scène avec Dizzy pendant 9 ans. « Les années les plus formidables de ma vie. » Compositeur, bassiste et professeur de musique, Lee se souvient que sa femme, Patricia, avait demandé un jour à Dizzy, lui qui avait fait le tour du monde en musique, quel était l’endroit qui l’avait le plus marqué. La réponse du légendaire trompettiste avait fusé : « Beyrouth !» Slide Hampton, considéré comme l’un des plus importants trombonistes actuels, a joué fréquemment aux côtés de Dizzy, entre 1963 et 1990. Membre fondateur du United Nation Orchestra, directeur du Jazz Masters Big Band. Il est aussi réputé pour ses talents d’arrangeur musical. « Le but du jazz est d’aider les gens à assumer leur individualité », dit-il. Plus sérieusement, il ajoute : « Si, selon la sagesse populaire, on côtoie les gens qui nous ressemblent, alors je dois être un génie. » Paquito D’Rivera est né à Cuba. Il a commencé sa carrière d’enfant prodige en jouant de la clarinette et du saxophone avec l’Orchestre symphonique national. Puis il est parti pour les États-Unis où il a rencontré le jazz et Dizzy Gillespie. C’est aussi un excellent compositeur de jazz afro-cubain. Si un musicien devait être élu ambassadeur du Latin Jazz, seul Paquito D’Rivera pourrait prétendre à ce titre. Il se définit lui-même comme étant « né dans la patrie de Ernesto Lecuona, avec un cœur brésilien... et un passeport américain ». Sa discographie de soliste comprend pas moins de 27 albums, dans lesquels il laisse éclater son extraordinaire talent sur des thèmes de be-bop, des rythmes latins ou encore des partitions de musique classique. Roy Hargrove, trompettiste et compositeur, musicien depuis son enfance, incarne le jeune prodige du jazz capable de s’adapter à bien des contextes, aux côtés de personnalités aussi diverses que Steve Coleman, Shirley Horn, Roy Haynes, Michael Brecker, Chicho Valdès... Les archétypes du jazz, ce n’est pas explicitement sa culture de trentenaire américain. Il dirige deux formations, le RH Factor où le jazz se marie à la nu-soul et au funk et le Hargrove Sextet. Personnage très cool avec son panama blanc sur le crâne, il avait rendu Dizzy KO par son jeu de trompette. Et lui, ce qu’il admirait chez Dizzy, c’était (en plus du reste) surtout ses qualités d’« entertainer » et de facteur d’union entre les musiciens. Stanley Cowell est né dans l’Ohio en 1941. Le pianiste a notamment joué avec Roland Kirk (l’école de la joie musicale), Stan Getz, Herbie Mann, Sonny Rollins (l’école de la discipline), Oliver Nelson, les frères Heath, de 1974 à 1984, tout en conduisant ses propres formations, généralement des trios. S’il est moins connu qu’Herbie Hancock, que Keith Jarrett ou Chick Corea, Cowell pourrait être le quatrième de ce carré d’as. Ses disques ne courent pas les bacs, il tourne peu chez lui et encore moins ailleurs, en raison de ses activités d’enseignant au département musique de la Rutgers University, New Jersey. James Moody est sans doute le musicien qui a passé le plus de temps avec Dizzy, de 1947 jusqu’en 1992. « Jouer avec Moody c’est comme jouer avec une prolongation de moi-même » disait Dizzy. Moody rétorque aujourd’hui : « Sans Dizzy, je n’existerais pas. » Dans la conversation, James Moody ne gaspille pas sa salive et partage avec malice ses bons mots et sa sagesse. Comme Dizzy Gillespie, il possède une inaltérable légèreté qui lui a permis de traverser les ans et les changements avec bonheur. Roberta Gambarini est issue d’une famille italienne de Turin amoureuse du jazz et des chansons de Feyrouz. Elle a grandi en écoutant les géants du be-bop comme les spécialistes du scat. Elle fait ses premiers pas sur scène au moment de l’adolescence et devient rapidement l’un des meilleurs espoirs du jazz italien avant de s’établir à New York où elle travaille régulièrement avec T.S. Monk et Roy Hargrove. À l’heure de se lancer dans une carrière internationale, portée par une critique enthousiaste, on peut l’entendre généralement au sein du Dizzy Gillespie Big Band lorsqu’elle ne se produit pas à la tête de son propre quartette. Claudio Roditi est l’un des meilleurs trompettistes contemporains et certainement l’un des plus originaux. Lorsqu’il est parti s’établir à New York, Claudio Roditi a emmené dans sa valise la samba adorée de son Brésil natal. Comme compositeur et comme interprète, il est parmi les très rares musiciens qui parviennent à tisser sans accroc les rythmes latins avec le be-bop. Quel que soit le thème qu’il joue, sa puissance, ses élans lyriques et le son riche et profond de sa trompette le rendent inimitable. Avec plus de quinze brillants albums à son crédit, Claudio Roditi est assurément devenu un musicien incontournable en ce début de siècle. Justin Robinson (saxo alto), le junior du groupe, déclare avec émoi vivre son rêve. « Côtoyer ces grands du jazz, c’est un dream come true. » Dennis Mackrel avait 19 ans lorsqu’en 1981 il était descendu à New York et avait obtenu une place de batteur dans le cadre d’un orchestre à Broadway. En janvier 1983, Dennis a rejoint le The Count Basie Orchestra. Pour lui, Dizzy est un patriarche, une inspiration non seulement pour la musique mais aussi pour la vie. Le style de musique qu’il préfère jouer ? Après un moment d’hésitation, il lance, magnanime : « When it’s good, it’s good. » Amen. Maya GHANDOUR HERT * Jazz brésilien et latin vendredi 5 août avec une formation restreinte de neuf musiciens. Place au swing et au be-bop le samedi 6 avec les 21 artistes.

Il est une chose de dire que le Dizzy Gillespie All-Star Big Band est un groupe d’élite composé de 22 excellents musiciens, tous des étoiles du jazz. Mais il est une autre d’en croiser une dizaine (NDLR : les autres devaient arriver le lendemain) et d’être le témoin visuel de la formidable complicité qui les unit, de l’indécrottable sens de l’humour dont ils font preuve, de l’incommensurable modestie qui caractérise leur démarche et, surtout, de l’inoxydable admiration qu’ils portent pour une légende du jazz, le patriarche saxophoniste instigateur du be-bop et du jazz latino-américain et qui, pour la petite histoire, souhaitait devenir président des États-Unis. Ce Big Band sera à Baalbeck demain vendredi et samedi, pour deux concerts – des musts pour les amoureux du jazz – avec deux programmes...