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Actualités - REPORTAGE

ENQUÊTE EXPRESS - Les libraires se mettent à la page des « lectures d’été » À la plage, êtes-vous pavés, polars ou Pléiade? (photos)

Dans leurs chaises longues au jardin, sur la plage ou à la montagne, que lisent les gens en vacances? L’envie de fraîcheur est-elle plus importante que le désir de réflexion? Et qu’emportent-ils dans leurs bagages s’ils partent au loin? Enquête express auprès des libraires. Il est admis que, pendant leurs vacances, les gens souhaitent se distraire des soucis de l’année en lisant des best-sellers écrits pour l’occasion. Le sable de la plage disparaît-il vraiment sous ces pavés? Le concept «lectures d’été» existe-t-il? Les libraires sont affirmatifs: la demande change, mais pas de manière univoque. Dans l’immense diversité de l’offre et de la demande, il y a pourtant des constantes: une envie de gros livres, bien épais, dans lesquels se plonger; une tentation de fraîcheur et de légèreté; mais aussi parfois un désir d’approfondissement et de réflexion incompatible avec le stress du quotidien. Précieux en toutes saisons, le conseil du libraire est déterminant: «Quels bons polars récents?» et aussi: «Je cherche un livre facile: que me recommandez-vous?», et encore: «Je pars pour Venise, le Zimbabwe, Rio de Janeiro... Que lire sur place?» Souvent, dit un libraire, ceux qui voulaient un livre de plage se laissent séduire par un conseil plus raffiné. Mais, en règle générale, on se dirige en priorité vers les livres de poche, qu’on abandonne sans regret, qu’on tache sans remords, qu’on peut acheter sans grever le budget. La collection Folio connaît ainsi le plus vif succès, constate cette vendeuse, les clients les achètent par paquets. La librairie d’une grande chaîne en profite pour remettre en avant leurs coups de cœur une fois parus en poche. Ainsi Le Parfum, de Patrick Süskind, ne cesse de flatter les esprits depuis plus de vingt ans. Et Le Petit Prince n’a pas fini d’apprivoiser. Rattrapage 1 Enfin (re)lire les textes classiques qu’on se promettait d’aborder depuis longtemps… On en connaît beaucoup de ces lecteurs qui partent avec une édition de poche de À la recherche du temps perdu ou d’un autre grand texte. «C’est en été qu’on peut s’offrir le luxe de lectures plus difficiles», remarque cette jeune trentenaire, une copie des Œuvres de Saint-Exupéry en main. Sont-ils nombreux les amateurs de la Bibliothèque de la Pléiade? Le gérant d’une librairie ayant pignon sur une rue universitaire sourit: «Non, ou alors pour ceux qui lisent sur leur balcon!» Se faire une culture en été est un excellent projet. Mais attention, il a ses limites: une lectrice qui avait emporté Ulysse de Joyce et rien d’autre s’est trouvée fort dépourvue, à mille lieues de toute librairie francophone, quand elle a constaté que cette Odyssée-là n’était pas son voyage. Il vaut mieux donc emporter des romans de secours. Rattrapage 2 Pendant l’année paraissent des centaines de titres dont les médias ont parlé. Les lecteurs consciencieux et prévoyants ont noté les références au vol, découpé les articles. À la veille des vacances, ils font leur marché, redonnant une deuxième jeunesse aux ouvrages menacés d’ensevelissement. Ce sont Les Mémoires de mes putains tristes de Gabriel Garcia Marquez qui revit et le dernier Goncourt, Le Soleil des Scorta de Laurent Gaudé, qui se glisseront dans plus d’un sac de plage. Pavés Les éditeurs sont devenus plus sélectifs, ils hésitent à lancer sur le marché ces produits estampillés «été». Les lecteurs veulent toujours de gros livres, pleins de bruit et de fureur, mais pas forcément racontés par des idiots. Dans cette catégorie, rien de mieux que les quelque mille pages tassées de La Rose pourpre et le lys de Michael Faber, les 620 pages du Moghol blanc de William Dalrymple ou encore Les Mages, du Lybien Ibrahim al-Koni, épopée des Touaregs, vaste comme le désert. La Mystérieuse flamme de la reine Loana d’Umberto Eco brûle toujours. Plus estival, bien que remontant à plus d’une année, Ensemble c’est tout d’Anna Gavalda continue sa course au succès. Léger, léger Les pistes ne manquent pas, toutes catégories confondues. Vous revoir de Marc Levy est arrivé juste à temps pour accompagner en vacances les fans du romancier. Ce qui relance Et si c’était vrai, qui reparaît dans la collection de poche. Paulo Coelho aussi a bien visé: Le Zahir est assuré de voyager, tout comme le nouveau Dan Brown, Anges et démons. Ceux qui n’ont pas encore lu Da Vinci Code – où sont-ils? Qui sont-ils? – lui préféreront, en Pocket, ce vieux roman sorti opportunément des tiroirs. Les titres, anciens ou récents, d’Amélie Nothomb et d’Eric-Emmanuel Schmitt ont aussi toutes leurs chances de partir en voyage, en poche ou en grand format. Le récent Attirances de Didier van Cauwelaert ne manquera pas de justifier son titre. Le Diable s’habille en Prada: même s’il a changé d’habits en passant en Pocket, le best-seller de Lauren Weisberger continue de séduire. On souligne le succès de ces collections dérivées de la série télévisée Sex and the City: Gossip Girl ou Blonde Attitude, réservées aux ados ou aux conduites régressives. Dans un registre plus convenable, on nous conseille Lucia Exebarria (venue il y a près d’un mois à Beyrouth) et son Aime-moi, por favor! un recueil de nouvelles drôles et plaisantes. Un autre libraire, qui a une haute idée de ses clients, propose Ma Vie dans la CIA de Harry Mathews. Dans ce palmarès, les romans policiers tiennent la vedette. Parmi eux, tous les titres de Henning Mankell, le Suédois du Mozambique, en grand format ou en poche. Dernier paru, L’Homme qui souriait devrait être contagieux. Les spécialistes du polar conseillent fortement La Vie comme elle va, d’Alexander Mc Call Smith. Dans les nouveautés, il y a toujours les dames anglaises très attendues: Rien ne vaut la douceur du foyer déclare Mary Higgins Clark aux vacanciers, à qui Patricia Cornwell adresse un Signe suspect. À quoi s’ajoute Deuil interdit de Michaël Connelly. Maya GHANDOUR HERT
Dans leurs chaises longues au jardin, sur la plage ou à la montagne, que lisent les gens en vacances? L’envie de fraîcheur est-elle plus importante que le désir de réflexion? Et qu’emportent-ils dans leurs bagages s’ils partent au loin? Enquête express auprès des libraires.
Il est admis que, pendant leurs vacances, les gens souhaitent se distraire des soucis de l’année en lisant des best-sellers écrits pour l’occasion. Le sable de la plage disparaît-il vraiment sous ces pavés? Le concept «lectures d’été» existe-t-il? Les libraires sont affirmatifs: la demande change, mais pas de manière univoque. Dans l’immense diversité de l’offre et de la demande, il y a pourtant des constantes: une envie de gros livres, bien épais, dans lesquels se plonger; une tentation de fraîcheur et de légèreté; mais aussi...