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Actualités - CHRONOLOGIE

« Une ambassade dans l’immeuble »… un film à succès de Adel Imam La normalisation avec Israël à travers le prisme de l’humour égyptien

Une ambassade dans l’immeuble (as-safarah fil-amarah), un film égyptien sorti en salle cette semaine, raconte la révolte d’un Égyptien moyen dont l’appartement se trouve dans l’immeuble abritant l’ambassade d’Israël au Caire. Traité comme une comédie avec plaisanteries à la chaîne et scènes polissonnes, ce film dit à quel point les Israéliens ne sont pas, au mieux, les bienvenus en Égypte, un quart de siècle après les accords de paix de Camp David. Interprété par la grande star du cinéma égyptien, Adel Imam, le héros regagne Le Caire après s’être enrichi à Dubaï, comme tant d’Égyptiens diplômés contraints à l’émigration dans les pays du Golfe. Parvenu à l’appartement hérité de ses parents, sa première vision par la fenêtre le cloue d’horreur : le drapeau israélien à l’étoile de David flotte au plus proche balcon de son étage, dans l’immeuble qui surplombe le Nil. C’est au 18e étage d’un tel bâtiment transformé en bunker, dans le quartier de Guiza, qu’est nichée la véritable ambassade d’Israël, à deux pas de la grande Université du Caire, foyer de la contestation anti-israélienne. Second choc : l’homme à qui il se confie dans l’ascenseur n’est autre que l’ambassadeur d’Israël, interprété par Lotfi Labib, acteur célèbre en Égypte. « Un acteur doit tout jouer, même les méchants », a-t-il dit à l’AFP. Sa vie devient un calvaire. Il ne peut même plus ramener chez lui ses innombrables conquêtes sans avoir à subir fouilles et interrogatoires : le fils prodigue n’est plus qu’un intrus en sa propre demeure. Et puisqu’il s’agit de savoir que faire, et avec qui, il se retrouve la proie d’intellectuels marxisants qui l’inondent de slogans, ou d’islamistes extrémistes qui le ceinturent d’explosifs pour en faire un kamikaze. À leurs tentatives, le héros oppose un bon sens populaire avec des réparties qui font rire les spectateurs sur les gauchistes à la rhétorique brumeuse et sur les islamistes radicaux, fabricants de martyrs. Il se révolte et devient l’idole de la rue après avoir demandé à la justice le départ de l’ambassade. Mais le voici aussitôt victime d’une espionne israélienne qui le vampe, des agents du Mossad (services secrets israéliens), venant le prendre en photo au lever du lit. Déboussolé, il accepte d’accueillir chez lui une réception de l’ambassadeur. Après avoir quitté l’appartement le temps de la réception, il voit à la télévision les images de la mort d’un enfant palestinien qu’il avait connu à Dubaï. Il remonte alors en trombe chez lui pour jeter à la porte l’ambassadeur et ses invités. Puis il prend, dans les dernières images du film, la tête d’une manifestation contre la répression dans les territoires palestiniens occupés. Pour ou contre la normalisation des relations entre l’Égypte et Israël ? À cette question, qui revient en boucle en Égypte dès avant le déclenchement de l’intifada (septembre 2000), Charif Arafah, le réalisateur, a affirmé ne pas avoir voulu donner une réponse. Quant à Adel Iman, présenté comme le « Charlie Chaplin arabe » par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) dont il est ambassadeur de bonne volonté, il s’est gardé de donner son point de vue. Mais le public, à ses applaudissements, et la majorité des critiques ne semblent pas douter du sens d’un film qui a reçu le visa de la censure : que les Israéliens restent chez eux, et que la paix reste froide, très froide. Démentant des articles de presse, l’ambassade d’Israël a déclaré ne pas être intervenue auprès des autorités contre la diffusion du film. « Nous voyons cela comme une forme d’expression artistique et il n’y a donc pas de raison d’en dire quelque chose », a déclaré à l’AFP Yacov Setti, le conseiller de presse de l’ambassade. À l’AFP qui lui demandait s’il comptait rencontrer l’ambassadeur d’Israël, le personnage qu’il interprète, Lofti Habib a répondu « non » sans hésiter. « J’attendrai qu’il y ait un État palestinien, avec Jérusalem pour capitale », a-t-il dit.
Une ambassade dans l’immeuble (as-safarah fil-amarah), un film égyptien sorti en salle cette semaine, raconte la révolte d’un Égyptien moyen dont l’appartement se trouve dans l’immeuble abritant l’ambassade d’Israël au Caire.
Traité comme une comédie avec plaisanteries à la chaîne et scènes polissonnes, ce film dit à quel point les Israéliens ne sont pas, au mieux, les...