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Actualités - OPINION

Éclairage - Quatre hommes très secrets au destin pas si ordinaire

Dix jours après les attentats de Londres, le portrait affiné des quatre hommes qui en sont les auteurs, désormais tous identifiés, contredit de plus en plus leur image de Britanniques ordinaires, en particulier pour Mohammed Sidique Khan. Quelles pensées cachaient les photos de famille bon enfant des quatre hommes parues dans la presse ? Leurs proches, encore incrédules, disent n’avoir rien vu de l’évolution qui les a poussés à semer la mort dans les transports à Londres. Notre fils était « un membre de notre famille bon et dévoué », a déclaré la famille du plus âgé, Mohammed Sidique Khan, 30 ans, assistant pédagogique dans une école primaire de Leeds (nord de Londres), fils d’immigrants pakistanais. Pourtant, Mohammed Khan aurait commencé bien avant les attentats à s’éloigner des siens. The Independent rapporte que le couple qu’il formait avec Hasina Patel, rencontrée à la fac, n’a pas résisté à leurs différends sur sa ferveur religieuse. Il a rencontré deux autres poseurs de bombes, fils de Pakistanais comme lui à Leeds : Shahzad Tanweer, 22 ans, et Hasib Mir Hussain, 18 ans. Comme Mohammed Khan, Shahzad Tanweer menait aussi une existence lisse: diplômé en sports, il vivait chez ses parents et donnait un coup de main dans l’échoppe de « fish and chips » familiale. Hasib Hussain vivait également dans sa famille. Des voyages au Pakistan semblent avoir été leur point commun. Hasib Hussain, turbulent, mauvais élève, y aurait été envoyé vers 16 ans par ses parents convaincus qu’il y trouverait une certaine sérénité. Il est revenu empreint de ferveur religieuse. Shahzad Tanweer y aurait passé du temps dans une madrassa (école coranique) de Lahore (Est). Selon plusieurs journaux britanniques, il y avait fréquenté « Omar » ou « Osama » Nazir, interpellé ensuite pour un attentat à Islamabad et présenté comme ayant des liens avec le mouvement Jaish-e-Mohammed proche d’el-Qaëda. Shahzad a également fait un voyage en compagnie de Mohammed Khan, selon les services de sécurité pakistanais. Les deux hommes sont arrivés par avion à Karachi, la grande ville du Sud, en novembre 2004 et y ont séjourné jusqu’en février 2005. C’est avant ce séjour que les relations de Mohammed Khan avec son épouse se sont dégradées : ils se sont séparés, bien que celle-ci attende un deuxième enfant. Mohammed Khan semble en tout cas particulièrement intéresser les services de sécurité de plusieurs pays. D’après le Sunday Times, il aurait été repéré en 2004 par les services de renseignements intérieurs britanniques (MI5) comme un individu apparaissant à la périphérie d’une cellule terroriste, mais ils avaient estimé qu’une surveillance n’était pas nécessaire. Selon la presse, un terroriste américano-pakistanais détenu aux États-Unis, Mohammed Junaid Babar, a aussi affirmé le connaître, et un journal israélien, Maariv, rapporte qu’il a participé à la préparation d’un attentat à Tel-Aviv le 30 avril 2003. Les trois membres de la cellule qui ont séjourné au Pakistan se sont-ils radicalisés et formés à des techniques terroristes sur place ? Y ont-ils reçu des consignes ? C’est ce que les enquêteurs cherchent à déterminer. Le passé de Germain Lindsay, 19 ans, d’origine jamaïquaine, le quatrième, reste plus mystérieux : il s’est converti à l’islam à l’adolescence, comme sa mère Mariam, et son épouse, la Britannique Samantha Lewthwaite. Père d’un enfant de 15 mois, installateur de moquettes, il était jugé « aimable » par ceux qui le croisaient. Sa voiture abandonnée sur le parking de Luton (nord de Londres) contenait neuf bombes. D’autres journaux rapportent qu’il figurait sur une liste noire du FBI. Comme pour ses complices, c’est sans doute dans sa grande discrétion et l’ignorance dans laquelle il maintenait ses proches qu’a résidé le succès des attentats qui ont fait 55 morts et 700 blessés à Londres. Michaëla CANCELA-KIEFFER/AFP
Dix jours après les attentats de Londres, le portrait affiné des quatre hommes qui en sont les auteurs, désormais tous identifiés, contredit de plus en plus leur image de Britanniques ordinaires, en particulier pour Mohammed Sidique Khan.
Quelles pensées cachaient les photos de famille bon enfant des quatre hommes parues dans la presse ? Leurs proches, encore incrédules, disent n’avoir rien vu de l’évolution qui les a poussés à semer la mort dans les transports à Londres.
Notre fils était « un membre de notre famille bon et dévoué », a déclaré la famille du plus âgé, Mohammed Sidique Khan, 30 ans, assistant pédagogique dans une école primaire de Leeds (nord de Londres), fils d’immigrants pakistanais. Pourtant, Mohammed Khan aurait commencé bien avant les attentats à s’éloigner des siens. The Independent...