Par Anwar AZZI
Les Grecs en ont fait une offrande destinée à orner les grottes des muses. Les Romains l’ont révolutionnée en un véritable art décoratif. Les Byzantins se l’ont appropriée pour tapisser les murs de leurs églises. Devenue objet d’art quasi industriel, la mosaïque d’aujourd’hui se veut plus commerciale et plus accessible. Elle entame son troisième millénaire sur les pages virtuelles de la galerie libanaise PhoenicianArts.com.
Qu’elle soit murale ou de pavement, la mosaïque ne cesse d’inspirer les jeunes créateurs et les amateurs d’art. Même les adeptes du commerce en ligne en font leur gagne-pain. Shadi Tawil, jeune homme d’affaires libanais, a été séduit par cet art de l’Antiquité gréco-romaine, en 2001, au cours d’une exposition à Beyrouth. À cette époque, il avait déjà fondé PhoenicianArts.com, un site de commerce en ligne sur lequel il vendait de l’artisanat libanais et divers objets d’art. « J’achetais de la brocante que je revendais sur Internet », a-t-il déclaré. Ce souk virtuel lui rapportait quelque mille dollars par mois, « des ressources insuffisantes pour compenser les 20 heures de travail quotidien et mon investissement personnel dans ce site », souligne-t-il.
Pour donner « un véritable coup de pouce » à son entreprise, il décide de construire un atelier spécialisé dans la fabrication de mosaïques, recrute une trentaine d’employés – artistes et spécialistes – pour un investissement total d’environ 15 000 dollars. Ce jeune entrepreneur se rend compte, vite, de l’étroitesse du marché en ligne libanais, notamment celui de l’art traditionnel. Il enchaîne alors exposition sur exposition en Europe et plus particulièrement aux États-Unis.
« Je me suis lancé dans une opération de séduction auprès des Américains, explique Shadi Tawil. La promotion du site était mon seul but. Je ne voulais pas faire de la vente directe. »
L’engouement des Américains pour ces mosaïques, originales ou reproduites, a propulsé les ventes du site vers de nouveaux sommets. Avec une croissance mensuelle de 50%, et plus de 400 visiteurs quotidiens, PhoenicianArts.com est une entreprise de troisième génération très rentable, dit son fondateur. Le portail reçoit sept à huit demandes par jour, essentiellement en provenance des États-Unis, pour des ventes moyennes estimées à 200 dollars la commande.
« Grâce à PhoenicianArts.com, j’ai pu ouvrir également deux magasins au Liban et un autre bureau de correspondance à New York », précise le webmaître.
« La vente des mosaïques sur Internet en a inspiré plus d’un », ajoute-t-il. Aujourd’hui, plus de cinq sites libanais s’y sont consacrés, entraînant ainsi une baisse des prix de plus de 70 %. « La compétition est bonne, relève Shadi Tawil. Mais elle est déloyale au Liban. » Le webmaître déplore en effet l’absence de cadre réglementaire. « Tout peut être faussé sur Internet. Personne ne se gênera pour copier les modèles des autres, tant qu’il n’y aura pas de copyright pour protéger les œuvres qui circulent en ligne », déplore-t-il.
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