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Human Rights Watch dénonce une nouvelle forme d’esclavage que les autorités « ignorent » L’Indonésie aveugle face à ses enfants domestiques (photo)

Des centaines de milliers de mineures sont exploitées comme domestiques en Indonésie : l’organisation Human Rights Watch (HRW) y voit un scandale, le gouvernement indonésien un trait culturel. Ces enfants ou adolescentes sont forcées de travailler 14 à 18 heures, sept jours sur sept, sans une pause. Elles subissent des abus sexuels et des violences, accuse l’association de défense des droits de l’homme dans un rapport publié hier. Les jeunes domestiques, parfois âgées de seulement 12 ans, se voient interdire de quitter leur employeur ou de contacter leur famille. Elles sont 640 000 sans la garantie d’un code du travail. La plupart gagnent moins de 500 roupies (4 centimes d’euro) par heure, souligne HRW. Le gouvernement indonésien « est incapable de fournir la moindre protection à ces filles », qui sont « à la complète merci de leur employeur », déplore Human Rights Watch. L’ONG a recueilli de nombreux témoignages d’adolescentes victimes de violences physiques, psychiques, violées par leur patron ou privées de nourriture, battues et non payées par leur patronne. Interrogé hier sur cette situation, le ministre coordinateur de la protection sociale Alwi Shihab, a répondu à la presse étrangère : « Il faut comprendre la culture. Les domestiques sont parfois considérées comme faisant partie du foyer. » Questionné sur l’absence de loi au bénéfice des bonnes, il a affirmé que les domestiques disposaient d’un moyen simple quand elles s’estimaient maltraitées : fuir la maison. « Le mécanisme de la plainte consiste à s’enfuir du foyer », a dit le ministre. M. Shihab a lui-même expliqué que dans sa propre maison, la petite sœur d’une de ses femmes de ménage, en âge d’aller à l’école, travaillait aux tâches ménagères. « Nous payons pour sa scolarité. En même temps, quand elle revient à la maison, elle aide sa mère et elle nous aide car tout le monde travaille », a dit le ministre. Il a promis de « transmettre » les inquiétudes soulevées dans le rapport aux ministères concernés. Comme le ministre, de nombreux Indonésiens estiment que travailler comme domestique permet aux enfants de sortir de la pauvreté. « Les recruteurs, les voisins, les proches et d’autres attirent les filles vivant en milieu rural ou dans les quartiers pauvres des villes en leur faisant de fausses promesses de salaires élevés, de chance d’aller à l’école en ville ou de travail à responsabilité », analyse HRW. Les autorités à Djakarta « doivent cesser de se voiler la face par rapport à de tels abus », écrit Sahr Muhammed Ally, l’auteur du rapport. « Le gouvernement indonésien a commenté publiquement le traitement infligé aux travailleurs migrants indonésiens en Malaisie, à Singapour ou en Arabie saoudite. Il fait semblant de ne pas voir qu’un tel traitement existe ici », a déclaré Mme Muhammed Ally. HRW a adressé des recommandations au gouvernement. Elle demande d’abord que le code du travail prévoit un minimum de droits pour les domestiques : une journée de travail de huit heures ponctuée de récupérations, un jour de repos hebdomadaire, un contrat de travail écrit, un salaire minimum, des vacances annuelles. L’organisation exige ensuite que l’âge minimum de travail soit de 15 ans et que cette mesure soit appliquée avec une répression en cas de violation. L’ONG souhaite enfin que les adolescentes de 15 ans et plus travaillant comme domestiques aient des horaires aménagés leur permettant de suivre l’école. HRW a rédigé son rapport après un travail de terrain en novembre et décembre 2004 dans sept importantes agglomérations de Java et de Sumatra. Sébastien BLANC (AFP)

Des centaines de milliers de mineures sont exploitées comme domestiques en Indonésie : l’organisation Human Rights Watch (HRW) y voit un scandale, le gouvernement indonésien un trait culturel. Ces enfants ou adolescentes sont forcées de travailler 14 à 18 heures, sept jours sur sept, sans une pause. Elles subissent des abus sexuels et des violences, accuse l’association de défense des droits de l’homme dans un rapport publié hier. Les jeunes domestiques, parfois âgées de seulement 12 ans, se voient interdire de quitter leur employeur ou de contacter leur famille. Elles sont 640 000 sans la garantie d’un code du travail. La plupart gagnent moins de 500 roupies (4 centimes d’euro) par heure, souligne HRW. Le gouvernement indonésien « est incapable de fournir la moindre protection à ces filles », qui sont « à la...