Cinq ans après la mort du président Hafez el-Assad, un stratège qui avait consacré le rôle régional de Damas à l’issue d’un règne de 31 ans, la Syrie se retrouve isolée et soumise à des pressions croissantes des États-Unis alors que les réformes tardent à venir.
La Syrie a dû retirer à la hâte ses soldats du Liban en avril dernier, sous la pression internationale et populaire libanaise. Elle est régulièrement accusée de soutenir les insurgés en Irak et l’ambassadeur américain à Damas, Margaret Scobey, rappelée à Washington en février après l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, n’a toujours pas regagné son poste.
« La position de la Syrie est beaucoup plus difficile car elle paye le prix des changements régionaux comme la guerre en Irak et internationaux comme la nouvelle politique américaine après le 11 septembre », estime l’analyste Imad Fawzi Choueibi, proche des cercles du pouvoir. « Les États-Unis veulent que la Syrie leur fasse des concessions sans aucun prix en retour, comme si elle était une association de bienfaisance », explique-t-il. Il estime que Washington « veut faire perdre à la Syrie son rôle régional », mais assure que ce rôle « peut être affaibli mais non aboli, en raison des contraintes de l’histoire et de la géographie ».
Un diplomate occidental , qui requiert l’anonymat, souligne « qu’en matière de politique étrangère, la seule amélioration en cinq ans (enregistrée par Damas) est celle de ses relations avec la Turquie » voisine. La Syrie a notamment perdu depuis un an l’appui de la France, à l’origine avec les États-Unis de la résolution 1559 qui a abouti au retrait syrien du Liban. « Avec les États-Unis, les relations se dégradent, avec l’Arabie saoudite, elles sont exécrables, la Syrie a perdu le Liban, et sur l’Irak, au lieu de jouer avec les Américains, Damas leur met des bâtons dans les roues », en fermant notamment les yeux sur l’infiltration de combattants islamistes dans ce pays, ajoute ce diplomate.
En 1990, lors de la première guerre du Golfe, le président Hafez el-Assad s’était rangé du côté de la coalition menée par les États-Unis contre l’Irak, prenant le risque de voir son opinion intérieure se retourner contre lui, rappellent les analystes. Ses successeurs « ont fait cette fois de mauvais choix et leur capacité de nuisance régionale s’en est ressentie », souligne le même diplomate.
Sur le plan intérieur, « il est vrai que le président Bachar el-Assad a tenté de s’engager dans une nouvelle voie et de faire participer tout le monde au processus de réforme, mais il a dû se rétracter et l’automne a succédé au printemps de Damas », estime Hassan Abdel Azim, porte-parole du Rassemblement national démocratique (coalition de l’opposition syrienne).
Les promesses de changements, faites à son arrivée au pouvoir par Bachar el-Assad en juillet 2000, avaient abouti « au printemps de Damas », mais les autorités ont interrompu ce processus et repris les arrestations d’opposants.
« Il n’y a pas eu de mesures sérieuses sur la voie de la réforme. Mais les services de sécurité laissent désormais une certaine marge pour que les gens puissent s’exprimer, même si ce n’est pas accompagné de législations » en ce sens, dit M. Abdel Azim. « À tout moment, le pouvoir peut de nouveau avoir recours à la répression et c’est ce qui s’est produit depuis quelques semaines », avec une nouvelle vague d’arrestations dans les rangs de l’opposition, souligne-t-il. Certains analystes voient également dans les troubles , qui ont éclaté en mars 2004 dans les zones habitées par des Kurdes dans le nord du pays, où la situation est de nouveau tendue avec les autorités, la main des « forces étrangères » qui font pression sur la Syrie.
Le régime est partagé entre deux options, résume le diplomate occidental. « Soit il se dirige vers une véritable réforme, mais dont il est conscient qu’il irait peut-être vers sa perte. Soit il décide de ne pas engager de réformes, mais à ce moment il devra accroître la répression », dit-il. « C’est comme quelqu’un qui se cramponne à ce qui va couler, mais il n’a pas le choix car il ne sait pas nager », explique ce diplomate.
Acil TABBARA (AFP)
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Cinq ans après la mort du président Hafez el-Assad, un stratège qui avait consacré le rôle régional de Damas à l’issue d’un règne de 31 ans, la Syrie se retrouve isolée et soumise à des pressions croissantes des États-Unis alors que les réformes tardent à venir.
La Syrie a dû retirer à la hâte ses soldats du Liban en avril dernier, sous la pression internationale et populaire libanaise. Elle est régulièrement accusée de soutenir les insurgés en Irak et l’ambassadeur américain à Damas, Margaret Scobey, rappelée à Washington en février après l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, n’a toujours pas regagné son poste.
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