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Actualités - OPINION

Éclairage - Les enseignants irakiens, mieux payés, retrouvent leur dignité

Pour vivre, Kassem Abdallah dispensait des leçons de géographie le matin et faisait le cordonnier l’après-midi sous le régime de Saddam Hussein, une époque révolue après l’augmentation des salaires qui a rendu leur dignité aux enseignants irakiens. Les 300 000 enseignants du pays ont vu leur niveau de vie s’améliorer depuis la chute de l’ancien régime en avril 2003 et M. Abdallah n’a plus à cumuler deux emplois pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Recevant autrefois un salaire moyen de 10 000 dinars (quelque 2 à 3 dollars à l’époque) et des aides alimentaires, les enseignants du primaire et du secondaire peuvent gagner à présent entre 300 000 et 400 000 dinars (200 à 270 $) par mois. Ils peuvent ainsi se consacrer entièrement à leur métier, affirme Jawad Mezher, 40 ans, professeur d’anglais. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et l’Agence américaine pour le développement international (USAid) dispensent des cours de remise à niveau des enseignants et s’efforcent de réhabiliter les écoles. « Le système éducationnel irakien figurait parmi les meilleurs de la région » avant 1980, date du début de la guerre irako-iranienne, a souligné en 2004 le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) dans son rapport sur les conditions de vie dans le pays. Mais les années de sanctions internationales et de guerre ont fini par porter un coup terrible au système. Dans les villages, l’analphabétisme, surtout parmi les filles, gagne du terrain. Mais l’USAid a consacré une enveloppe de 5,8 millions de dollars d’aides à 84 écoles primaires et secondaires censées devenir des établissements « modèles ». Ainsi, des ordinateurs et des laboratoires y seront notamment installés. « De nombreuses familles pensent garder leurs enfants plus longtemps à l’école, parce que le marché du travail devient plus attractif », souligne M. Mezher, depuis Aziziyah, à 70 km au sud de Bagdad. Les professeurs sont aussi plus motivés. Ceux qui ont suivi une formation en Jordanie ont demandé à assister à d’autres cours facultatifs, affirme un directeur de l’USAid. L’Unicef a, pour sa part, mis en place un « double système de formation » censé porter ses fruits dans de brefs délais. Le ministère de l’Éducation a choisi 25 enseignants auxquels il dispense des cours de remise à niveau de six semaines à l’issue desquels ils seront chargés de former chacun 440 enseignants. Ce programme est appliqué en premier lieu dans les régions les plus touchées par l’analphabétisme. Mais les responsables sont cependant conscients des limites de tels efforts. Selon M. Mezher, le problème de l’affectation des enseignants demeure aussi en suspens. L’atmosphère au sein du ministère semble cependant plus détendue et les enseignants peuvent désormais exprimer leur point de vue. « Certaines écoles ont un surplus d’enseignants dans certains domaines, alors que d’autres accusent un manque dans ces mêmes domaines », a-t-il relevé. Certains manuels sont aussi dépassés. « Nous utilisons toujours d’anciens manuels desquels nous avons enlevé les photos de Saddam Hussein », a-t-il dit. Dans l’enseignement supérieur, le ministre de tutelle a annoncé dimanche un doublement à partir de début juillet des salaires des enseignants universitaires et un programme pour faire revenir les cerveaux irakiens vivant à l’étranger. « Les salaires des enseignants dans les universités seront augmentés de 100 % à partir du 1er juillet », a déclaré Sami al-Mouzaffar. Actuellement, ces salaires évoluent au sein d’une fourchette de 140 à 550 dollars, selon la qualification et l’ancienneté. Bill ICKES (AFP)
Pour vivre, Kassem Abdallah dispensait des leçons de géographie le matin et faisait le cordonnier l’après-midi sous le régime de Saddam Hussein, une époque révolue après l’augmentation des salaires qui a rendu leur dignité aux enseignants irakiens.
Les 300 000 enseignants du pays ont vu leur niveau de vie s’améliorer depuis la chute de l’ancien régime en avril 2003 et M. Abdallah n’a plus à cumuler deux emplois pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille.
Recevant autrefois un salaire moyen de 10 000 dinars (quelque 2 à 3 dollars à l’époque) et des aides alimentaires, les enseignants du primaire et du secondaire peuvent gagner à présent entre 300 000 et 400 000 dinars (200 à 270 $) par mois.
Ils peuvent ainsi se consacrer entièrement à leur métier, affirme Jawad Mezher, 40 ans, professeur...