Dominique de Villepin, nouveau Premier ministre, et Nicolas Sarkozy, qui s’apprête à retourner au ministère de l’Intérieur, sont deux rivaux à l’antagonisme affiché et forment un attelage à risques.
Le premier a le verbe aisé et cite à l’occasion ses poètes préférés, le second a un parler franc et direct qui ne s’embarrasse pas de citations : ces deux personnalités aux styles contrastés vont devoir s’associer pour donner à la politique française « l’impulsion nouvelle » promise par Jacques Chirac au soir de la défaite du oui au référendum sur la Constitution européenne.
Pour y parvenir, les deux hommes devront mettre leur rivalité en sourdine. Nicolas Sarkozy, qui a affirmé à plusieurs reprises ces dernières semaines qu’il fallait « changer notre façon de faire de la politique », aurait aimé aller à Matignon, « à condition d’avoir les moyens » de cette politique, précisait son entourage. Finalement, après d’intenses consultations, le président a préféré nommer Dominique de Villepin, redoutant probablement la « cohabitation » avec le président de l’UMP.
Depuis la formation du premier gouvernement de Jean-Pierre Raffarin – M. de Villepin était ministre des Affaires étrangères et M. Sarkozy, déjà, à l’Intérieur –, les deux hommes se guettent, se jaugent, et laissent parfois apparaître leurs dissensions au grand jour.
En succédant en avril 2004 à M. Sarkozy au ministère de l’Intérieur, M. de Villepin avait remercié son prédécesseur « pour le chemin tracé ». Mais le temps des amabilités avait rapidement cédé la place à celui des piques.
Pendant la campagne référendaire, M. de Villepin avait reproché au président de l’UMP – sans le nommer – de faire « l’école buissonnière » et de « folâtrer » au lieu de « se concentrer sur l’essentiel ». Piqué au vif, M. Sarkozy l’avait quelques jours plus tard accusé de « perdre son sang-froid », avant d’enfoncer le clou le 25 mai, lors d’un meeting de campagne à Nice : « Ceux qui ont le droit de parler au nom de la France, ce sont ceux qui ont affronté une fois dans leur vie le suffrage universel et réussi à reconquérir sa confiance », affirmait le président de l’UMP, faisant allusion au fait que Dominique de Villepin n’a jamais été élu et n’a jamais brigué aucun mandat.
Pourtant, estimait une source proche de l’ancien gouvernement, « l’attelage fonctionnera... au moins pendant la première année, même si c’est un peu tendu entre les cellules de Beauvau et celles de Matignon ». Le climat était parfois rude entre Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin, et Alain Juppé (à l’époque président de l’UMP)... lors de tours de tables, au début de l’ère Raffarin, se souvient cette source interrogée par l’AFP. « Et pourtant, il a bien fallu que tout le monde travaille ensemble ! » Il y a quelques jours, dans l’avion qui le ramenait de Menton après un meeting, M. de Villepin essayait, lors d’une discussion avec des journalistes, de mettre un bémol aux critiques qu’il avait pu formuler auparavant contre M. Sarkozy. Sur le modèle social français, critiqué par le nouveau ministre de l’Intérieur, « finalement, lui et moi disons la même chose mais avec des mots différents », affirmait M. de Villepin qui ajoutait : « Sur l’immigration, Sarkozy parle de discrimination positive, moi d’immigration choisie. C’est une autre façon de parler de la même chose. »
Mardi, les députés UMP ont affiché leur volonté d’union, certains évoquant « l’addition des talents » des deux hommes, mais des divergences sont déjà apparues entre les chiraquiens et les sarkozystes, souvent perplexes.
Nadège PULJAK (AFP)
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Dominique de Villepin, nouveau Premier ministre, et Nicolas Sarkozy, qui s’apprête à retourner au ministère de l’Intérieur, sont deux rivaux à l’antagonisme affiché et forment un attelage à risques.
Le premier a le verbe aisé et cite à l’occasion ses poètes préférés, le second a un parler franc et direct qui ne s’embarrasse pas de citations : ces deux personnalités aux styles contrastés vont devoir s’associer pour donner à la politique française « l’impulsion nouvelle » promise par Jacques Chirac au soir de la défaite du oui au référendum sur la Constitution européenne.
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