Même s’ils refusent de l’avouer, de plus en plus de médecins irakiens, notamment les libéraux, n’accueillent plus de patients qu’armés, craignant de finir comme nombre de leurs confrères tués ou enlevés.
« Beaucoup de médecins ont perdu la vie par la main de prétendus patients qui sont venus les dévaliser », affirme l’un des membres du corps médical de Bagdad qui refuse de s’identifier.
Il montre dans son cabinet de la rue Saadoun, au centre de la capitale, le dessous de son bureau où se dessine la forme nette d’un kalachnikov : « Personne ne peut te sauver en cas d’attaque, sauf peut-être ce fusil d’assaut. »
Après de longues tractations avec les représentants du corps médical, le ministère de la Santé a fini par les autoriser à porter des armes ou à engager des gardes armés. « Une commission a été formée pour étudier le phénomène des violences contre les médecins et a fini par les autoriser à porter des armes », a déclaré à l’AFP le porte-parole du ministère, Qassem Allaoui. « La commission, comprenant des représentants du ministère de la Santé, de l’Intérieur, de l’Enseignement supérieur et de la Justice, a également décidé de former une force de protection du corps médical », a-t-il ajouté.
Selon lui, des patrouilles fixes ont été déployées autour d’une quarantaine d’hôpitaux et d’un centre de soins dans la capitale, ville d’au moins cinq millions d’habitants.
À travers Bagdad, les cabinets de médecins de libre pratique ressemblent de plus en plus à des coffres-forts ou des citadelles isolées derrière des portes blindées, des grilles et des barreaux renforcés.
Un membre de l’Ordre des médecins a fait état de l’assassinat ces deux dernières années d’au moins 25 médecins, et de l’enlèvement, généralement pour des raisons crapuleuses, de plus de 300 autres. « Et même s’ils sont libérés, les médecins ont du mal à reprendre leurs activités en raison du traumatisme psychologique », affirme le Dr Akef Khalil, qui indique, sans donner de chiffres, que de nombreux praticiens irakiens ont choisi de s’expatrier dans les pays arabes du Golfe et ailleurs, ou pensent le faire.
Dans les couloirs du ministère de la Santé, dans le centre de Bagdad, de nombreuses affiches ont été accrochées représentant un homme braquant son revolver sur la tête d’un médecin et appelant à « protéger les membres de la profession ».
L’image résume bien les pressions auxquelles sont soumis les médecins dans un pays saisi par la violence quotidienne et habité par l’insécurité.
Dans certains cas, des rebelles n’ont pas hésité à enlever des médecins, voire des vétérinaires, pour faire soigner leurs camarades blessés dans des attentats. Dans les hôpitaux publics, la profession fait face à des pressions insoutenables parfois de la part des membres des services de sécurité.
Dans d’autres, des policiers emmenaient l’un des leurs agonisant et mettaient de la pression parfois physique sur le médecin urgentiste pour lui sauver la vie, même si son cas est désespéré.
Salam FARRAJ (AFP)
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Même s’ils refusent de l’avouer, de plus en plus de médecins irakiens, notamment les libéraux, n’accueillent plus de patients qu’armés, craignant de finir comme nombre de leurs confrères tués ou enlevés.
« Beaucoup de médecins ont perdu la vie par la main de prétendus patients qui sont venus les dévaliser », affirme l’un des membres du corps médical de Bagdad qui refuse de s’identifier.
Il montre dans son cabinet de la rue Saadoun, au centre de la capitale, le dessous de son bureau où se dessine la forme nette d’un kalachnikov : « Personne ne peut te sauver en cas d’attaque, sauf peut-être ce fusil d’assaut. »
Après de longues tractations avec les représentants du corps médical, le ministère de la Santé a fini par les autoriser à porter des armes ou à engager des gardes armés. « Une...
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