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Actualités - CHRONOLOGIE

AGRICULTURE - Un séminaire destiné à encourager des synergies entre opérateurs et chercheurs Les plantes aromatiques et médicinales : une filière au fort potentiel pour le Liban

Les grands-mères libanaises regorgent de remèdes miracles pour les petits maux de tous les jours, qu’elles vont puiser au fond du jardin, ou dans la forêt voisine. Ce patrimoine culturel n’est pas condamné à relever du folklore, mais il peut constituer la base d’un projet agricole, aux implications économiques, sociales, écologiques : il s’agit de développer la filière des plantes aromatiques et médicinales, un secteur pour lequel le Liban regorge d’atouts, à condition de savoir les exploiter. Un séminaire a été organisé hier à l’hôtel Rotana Hazmieh, à l’initiative du ministère de l’Agriculture et de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) afin de regrouper les différents acteurs potentiels de cette filière, des agriculteurs aux centres de recherches en passant par les ONG et les universités. Plusieurs d’entre eux ont entrepris des initiatives isolées : expérimentations pour la culture de différentes variétés de plantes aromatiques et médicinales ; création d’un centre de recherche à l’Université américaine notamment ; projets agricoles d’envergure limitée ; travaux spécifiques de l’Institut de la recherche agronomique libanaise (Iral) sur certaines plantes comme le thym, la sauge, la lavande, le romarin, la mauve, la nigelle, etc. « Il faut des synergies entre opérateurs et chercheurs si on veut que la filière se développe et passe du stade artisanal, de la cueillette anarchique, à celui de la haute technologie », explique Ezzedine Azzabi de la FAO. L’expert donne l’exemple de la rose de Damas (ward jouri) dont la culture est une activité traditionnelle au Liban qui reste toutefois réduite à une centaine d’hectares. Un litre d’essence de rose (huile et non pas eau de rose) est commercialisé à 20 000 dollars sur le marché international. Il faut cultiver environ un hectare de roses qui donnent 2 000 à 3 000 kilos de pétales pour extraire ce litre. À défaut, ces pétales sont vendus en l’état pour moins de 6 000 dollars. « Pourquoi le Liban ne bénéficierait-il pas de cette valeur ajoutée ? » s’interroge Ezzedine Azzabi. Produire de l’essence de rose plutôt que de se contenter de transformer les pétales en eau de rose, une opération de distillation relativement simple, nécessiterait le regroupement de plusieurs agriculteurs, l’investissement dans l’équipement adéquat pour l’extraction des huiles essentielles et le développement de débouchés, notamment à l’exportation. Un tel projet assurerait non seulement des emplois et des devises, mais il contribuerait à préserver l’écosystème, la culture de ces roses étant biologique, c’est-à-dire qu’elle se fait sans engrais et sans pesticides, car ces derniers altéreraient la pureté des essences. C’est pour susciter de telles initiatives que le séminaire a été organisé hier. Sur les 4 600 variétés végétales que compte la flore libanaise, 12 % sont des plantes aromatiques et médicinales : pins, cyprès, junoniens, rose de Damas, iris, lavande d’altitude, thym, origan, myrte, menthe, sauge, romarin, etc. Il serait d’autant plus intéressant d’exploiter cette richesse que ces plantes ont un débouché mondial en croissance. Le développement de l’industrie pharmaceutique et la demande spécifique de produits médicaux d’origine biologique sont en augmentation. Sans compter l’engouement sans précédent des consommateurs pour les cosmétiques et les thérapies « naturels ». Selon un rapport de synthèse du projet « Recensement agricole » du ministère de l’Agriculture, le commerce mondial des plantes aromatiques et médicinales est d’environ 500 000 tonnes, ce qui représente un marché de 1,5 milliard de dollars. Cinq pays européens sont parmi les 12 premiers importateurs mondiaux, ce qui ouvre des perspectives pour le Liban, dans le cadre de l’accord d’association conclu avec l’Union européenne. Pour l’instant, alors que le Liban importe pour plus de 27 millions de dollars d’herbes et d’épices (chiffres 2003), il en exporte pour moins de six millions de dollars. Et la majorité de ces exportations sont constituées de produits réexportés en nature après transformation (café, thé, cumin, condiments…), lit-on dans le rapport. Le thym est l’une des exceptions. Produit localement, il représente 153 tonnes à l’exportation, soit 130 000 dollars environ. Démultiplier ces chiffres à travers le développement de la filière est possible, estime Ezzedine Azzabi. Si le développement de la recherche sur les variétés libanaises en sera le catalyseur, l’État doit assumer sa part de responsabilité en mettant en place le cadre légal et réglementaire adéquat pour encadrer la collecte, la production et la commercialisation des plantes aromatiques et médicinales. Il s’agit notamment de canaliser la cueillette à travers des calendriers spécifiques pour certaines variétés, de garantir la protection de la propriété intellectuelle, de protéger l’environnement de façon générale... Sibylle RIZK
Les grands-mères libanaises regorgent de remèdes miracles pour les petits maux de tous les jours, qu’elles vont puiser au fond du jardin, ou dans la forêt voisine.
Ce patrimoine culturel n’est pas condamné à relever du folklore, mais il peut constituer la base d’un projet agricole, aux implications économiques, sociales, écologiques : il s’agit de développer la filière des plantes aromatiques et médicinales, un secteur pour lequel le Liban regorge d’atouts, à condition de savoir les exploiter.
Un séminaire a été organisé hier à l’hôtel Rotana Hazmieh, à l’initiative du ministère de l’Agriculture et de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) afin de regrouper les différents acteurs potentiels de cette filière, des agriculteurs aux centres de recherches en...