Par Ghalia HAMAMY *
L’Électricité du Liban (EDL), entreprise publique, souffre d’un déficit permanent. Les principales conséquences en sont la dépendance du budget de l’État et la perte de son autonomie financière.
L’usager libanais est menacé par un service public discontinu. La solution consiste-t-elle en un nouveau système de régulation d’EDL : création de nouvelles lois, libéralisation ou, en fin de compte, la solution ultime : la privatisation ?
La question ne consiste d’ailleurs pas à savoir si la privatisation se fait en bloc ou en morceaux, mais plutôt, faut-il un fort démantèlement du monopole public d’EDL ? Est-ce nécessaire de le vendre au secteur privé ?
De nos jours, les privatisations aboutissent parfois à des impasses et nécessitent une réintervention de l’État. L’exemple américain du modèle californien en est une illustration.
La Californie, l’État le plus riche des États-Unis, le berceau de la Silicon Valley, est la sixième puissance économique mondiale. Déjà avant Noël 2000, les réserves d’électricité californiennes disponibles étaient inférieures à 1,5 % de la demande. Le 17 janvier 2001 est le « Mercredi noir » pour les habitants de San Francisco.
L’état d’urgence empêche l’ex-gouverneur Gray Davis de se rendre au Sommet de Davos.
Tous les secteurs économiques souffrent de la coupure du courant : les sociétés informatiques de la Silicon Valley, les raffineries et même les usines de traitement des eaux. Comment est-on arrivé à cette situation extrême ?
La dérégulation du marché de l’électricité californien de 1998 introduit la concurrence au niveau du consommateur individuel.
Avant la réforme, trois entreprises privées et cotées fournissent 80 % de l’électricité provenant d’une structure intégrée (production, distribution et transport). La loi sépare la fonction de producteur de celle du distributeur/transporteur. Se met en place une Bourse de l’électricité (California Power Exchange). Le prix du mégawatt-heure s’envole : de 30 dollars fin 1999 à 1 500 dollars en 2001.
L’État impose un prix de marché plafond (price-cap regulation) juste et raisonnable du kWh (se termine en mars 2002). Contrainte qui oblige alors les distributeurs à vendre en perte l’électricité qu’ils achètent en Bourse.
Deux entreprises des trois sur le marché local accumulent des dettes et sont en cessation de paiement surtout aux fournisseurs qui arrêtent leurs livraisons.
Contraint par l’urgence et pour éviter la faillite des deux groupes, l’État leur autorise une augmentation de 9 % du tarif des particuliers et de 15 % de celui des entreprises.
Malheureusement, cette hausse des tarifs se répète et les industriels observant l’accroissement de leurs charges de 50 % délocalisent.
Afin d’éviter l’obscurité, l’État de Californie rembourse depuis la mi-janvier 2001, à hauteur de 50 millions de dollars par jour, l’écart entre les prix de gros auxquels les distributeurs achètent l’électricité et les prix de détail qu’ils pratiquent auprès des usagers.
En mars 2001, le principal distributeur californien, Pacific Gas & Electric, dépose son bilan et la situation du deuxième second grand distributeur, Southern California Edison, n’est pas brillante. D’où une solution éclair : renationalisation du secteur énergétique californien !!!
*Spécialiste en régulation – Centre de recherches et d’études doctorales de l’ESA (Cred).
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