Rechercher
Rechercher

Actualités

Reportage - Un an après Abou Ghraib, l’armée US forme des gardiens irakiens

Un an après la révélation du scandale des sévices au pénitencier d’Abou Ghraib qui l’a éclaboussé, l’armée américaine a annoncé un programme de « formation aux droits de l’homme » pour des gardiens de prisons irakiens. Une équipe de juristes de la troisième division d’infanterie américaine a d’ores et déjà commencé à délivrer cette formation à une brigade de l’armée irakienne à Bagdad, a affirmé l’armée dans un communiqué publié hier. Selon elle, le programme, appelé « Humanité », est « une réponse à l’inquiétude liée à la mise en place d’un système pénitentiaire en Irak » et est destiné à prévenir d’éventuels sévices. Le ministère irakien des Droits de l’homme et celui de la Défense sont associés à ce programme, qui prévoit également des enquêtes sur les éventuels auteurs de sévices. Cité par le communiqué, le capitaine Jacob Lilly, un des juristes, a expliqué aux soldats qu’ils « devaient être très prudents dans leur façon de traiter les prisonniers ». « Tous les regards sont braqués sur l’Irak » et « un traitement juste de tous les hommes est essentiel dans la guerre contre le terrorisme », a-t-il ajouté. « Nous avons eu des problèmes dans ce domaine mais nous apprenons de nos erreurs et nous transmettons notre savoir », a souligné le capitaine Lilly. Le 28 avril 2004, la chaîne américaine CBS diffusait les premières photos de soldats américains maltraitant des prisonniers à Abou Ghraib, pénitencier de triste mémoire sous le régime du président déchu Saddam Hussein, transformé en centre de détention américain à l’ouest de Bagdad. Ces images ont provoqué un tollé : le président américain George W. Bush avait exprimé son « profond dégoût » et le Premier ministre britannique Tony Blair s’était dit « scandalisé ». Jusqu’à présent, les militaires impliqués ont été condamnés à des peines allant de six mois à 10 ans de prison. Cette dernière peine est allée au caporal Charles Graner, décrit comme un meneur à Abou Ghraib, qui a été reconnu coupable de mauvais traitements, actes de cruauté, agression et actes d’indécence. Plus d’une centaine d’autres militaires américains ont été sanctionnés de diverses façons. En revanche, les hauts gradés n’ont pas été inquiétés. La semaine dernière encore, des sources militaires affirmaient que quatre d’entre eux, dont un ancien commandant, avaient été blanchis par une enquête du Pentagone. Dans un rapport intitulé « S’en tirer après la torture ? », l’organisation américaine de défense des droits de l’homme, Human Right Watch, a condamné la « totale impunité » dont bénéficient, selon elle, les responsables politiques qui ont créé un « cadre permettant la torture ». HRW, dans ce rapport publié samedi, demande la nomination d’un procureur indépendant pour enquêter sur les responsabilités éventuelles du secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld et de l’ancien directeur de la CIA George Tenet. S’adressant aux soldats irakiens, le capitaine Lilly, toujours cité par l’armée, a affirmé : « Vous ne devez pas permettre que des détenus soient maltraités, quoi qu’ils aient fait (...) » « Cela peut être dur car certains détenus ont fait des choses terribles, mais les soldats doivent être professionnels », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Les États-Unis ne peuvent pas ordonner à l’armée irakienne de construire un système correspondant aux critères américains mais ils peuvent montrer ce qui a marché ou n’a pas marché dans ce système. » Mehdi LEBOUACHERA (AFP)
Un an après la révélation du scandale des sévices au pénitencier d’Abou Ghraib qui l’a éclaboussé, l’armée américaine a annoncé un programme de « formation aux droits de l’homme » pour des gardiens de prisons irakiens.
Une équipe de juristes de la troisième division d’infanterie américaine a d’ores et déjà commencé à délivrer cette formation à une brigade de l’armée irakienne à Bagdad, a affirmé l’armée dans un communiqué publié hier.
Selon elle, le programme, appelé « Humanité », est « une réponse à l’inquiétude liée à la mise en place d’un système pénitentiaire en Irak » et est destiné à prévenir d’éventuels sévices.
Le ministère irakien des Droits de l’homme et celui de la Défense sont associés à ce programme, qui prévoit également des enquêtes sur les...