Mais c’est un fait vraiment exceptionnel que le pape Jean-Paul II, vieux et malade, captivait énormément les jeunes. Lui-même, d’ailleurs, avait senti une grande responsabilité envers les jeunes du monde entier. Ceux-ci participaient à un vaste projet pastoral de son pontificat et il savait qu’ils entraient non comme des pièces du jeu d’échecs, mais comme un groupe...
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Jean-Paul II, un vieillard qui captivait les jeunes
Par EDDÉ Émile, le 23 avril 2005 à 00h00
Les jeunes se lient habituellement d’amitié avec d’autres jeunes. Il n’est pas normal qu’ils entrent dans l’orbite de l’influence d’un adulte et moins encore d’un vieillard. Ils refusent, souvent avec violence, toute autorité qui apparaît à leurs yeux comme imposée ou coercitive de leur liberté : celle de leurs parents, leurs professeurs, celle des chefs religieux et autres. Les jeunes tiennent à leur droit de choisir leurs leaders.
Mais c’est un fait vraiment exceptionnel que le pape Jean-Paul II, vieux et malade, captivait énormément les jeunes. Lui-même, d’ailleurs, avait senti une grande responsabilité envers les jeunes du monde entier. Ceux-ci participaient à un vaste projet pastoral de son pontificat et il savait qu’ils entraient non comme des pièces du jeu d’échecs, mais comme un groupe humain aimé, admiré et respecté.
Dès l’inauguration de son ministère papal, Jean-Paul II déclarait, avec force et conviction, son option préférentielle pour les jeunes, option à laquelle il a toujours été fidèle. Selon lui, cette option signifiait que l’Église assume l’engagement d’annoncer sans cesse aux jeunes un message de libération totale. C’est le message de salut qu’elle a entendu de la bouche même du Sauveur et qui doit être transmis avec une fidélité absolue.
Dans les paroisses romaines qu’il visita tout comme durant ses voyages en Italie ou dans le monde entier, il insérait invariablement une rencontre avec les jeunes. Il disait souvent : «Vous êtes la jeunesse des nations et de la société, la jeunesse de chaque famille et de l’humanité. Vous êtes aussi la jeunesse de l’Église. Pour cela, votre jeunesse n’est pas seulement quelque chose de personnel ou appartenant à une génération, c’est un bien spécial de tous. »
Nous savons que la meilleure manière d’aider les jeunes consiste, tout d’abord, à les comprendre. Le pape les avait bien compris. C’est pourquoi il leur disait : « Chez les jeunes il y a un immense potentiel de bien et de possibilités créatives. » C’est bien pourquoi les jeunes sont appelés à la nouvelle évangélisation.
À Belo Horizonte (Brésil), le 1er juillet 1980, dans son homélie aux jeunes et aux étudiants, il leur dit :
« J’ai appris qu’un jeune chrétien cesse d’être jeune et, depuis longtemps, n’est plus chrétien, quand il se laisse séduire par des doctrines ou des idéologies qui prêchent la haine et la violence. Parce qu’on ne saurait édifier une société juste sur l’injustice. »
Et aussi ceci : « Ayant partagé comme prêtre, évêque et cardinal la vie d’innombrables jeunes à l’université, dans les groupes de jeunesse, dans les excursions en montagne, dans les cercles de réflexion et de prière, j’ai constaté qu’un jeune commence à vieillir dangereusement quand il se laisse abuser par le principe simpliste et commode que “ la fin justifie les moyens ” »…
Et enfin : « Ouverts à la dimension sociale de l’homme, vous ne cachez pas votre volonté de transformer radicalement les structures sociales qui vous semblent injustes.»
À cette provocation paternelle, les jeunes répondent sur un mode surprenant. Ils écoutent le pape, entrent en syntonie avec lui et essayent, malgré toutes les difficultés, d’adapter leurs vies à ses sentiments et de le suivre dans le témoignage de vie qu’il laisse partout où il passe.
En quoi consiste donc l’enseignement de Jean-Paul II aux jeunes ?
Dans ses nombreux voyages en dehors du Vatican, il a beaucoup parlé aux jeunes. Je préfère me limiter à son « Projet de pastorale des jeunes » qui pourrait être résumé en trois thèmes fondamentaux.
Le premier de tous est la «centralité de Jésus-Christ» dans leur vie. La jeunesse chrétienne cherche ardemment la rencontre avec le Christ et le reconnaît comme unique Sauveur. En son homélie dans la basilique Notre-Dame du Liban, le 10 mai 1997, le pape déclare : « Chers jeunes, dans votre vie de tous les jours, n’ayez pas peur de vous laisser rejoindre par le Christ, à l’exemple des disciples d’Emmaüs. Dans votre vie personnelle, dans la vie ecclésiale, le Seigneur vous accompagne et met en vous Son espérance… Aujourd’hui et demain, Jésus vous invite à quitter vos sentiers, pour faire route avec Lui, unis avec tous les fidèles de l’Église catholique et avec tout le peuple libanais.»
Le grand événement que furent les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) témoigne des relations extraordinaires des jeunes avec ce pape âgé et malade. Les jeunes ne vinrent pas à Rome, Paris, Toronto (Canada), comme de simples touristes religieux, mais comme pèlerins. Ils vinrent, oui, pour voir le pape, mais dans la transparence du pape ils vinrent voir Jésus-Christ. Comme il était naturel, la rencontre avec le Christ les amena à la rencontre avec l’Église et à la réflexion sur la place qu’ils ont dans l’Église, pour les révéler à leurs compagnons de la même génération.
Le second thème est celui de la «sacralité de la vie». Non seulement de la qualité de vie des autres, mais de sa propre vie. Celle-ci doit être vécue comme vocation, un appel explicite de Dieu pour un objectif supérieur, pour être un don de soi-même. La vie n’est pas une simple succession de jours et d’années, c’est un voyage en direction de quelque chose de grand et elle s’explique seulement à la lumière de cette vérité.
Dans la basilique Notre-Dame du Liban, Jean-Paul II dit aussi aux jeunes : « Si vous acceptez de suivre le Christ et de vous laisser saisir par Lui, Il vous montrera que le mystère de sa mort et de sa résurrection est la clé de lecture par excellence de la vie chrétienne. »
En dernier lieu, le pape demanda aux agents de pastorale des jeunes de découvrir eux-mêmes l’identité spirituelle des jeunes de notre temps ; leurs limites et déficiences, leurs désirs, leurs possibilités, leurs aspirations et leurs conquêtes, leurs frustrations et leurs désillusions.
Dans cet amour et cette compréhension existe le secret du rayonnement de Jean-Paul II sur la jeunesse. Il désirait connaître aussi le secret de l’influence de tous les agents de la pastorale sur les jeunes pour les aider dans leur cheminement vers la vérité. Nombreux sont les thèmes que le vieux pape avait l’habitude de traiter avec les jeunes. Entre autres, celui de l’homme nouveau, du nouvel humanisme, à partir de Jésus-Christ et de l’Évangile, celui de la liberté, d’un éveil de l’éthique et de la bioéthique, dans la politique et celui de la solidarité humaine.
En conclusion, nous pensons que Jean Guitton était vraiment inspiré quand il avait écrit en 1980 : « Ce qui est sûr, c’est, quoi qu’il arrive, que ce pape sans précédent rendra la tâche lourde à ceux qui lui succéderont. »
Père Émile EDDÉ
M.L.
Les jeunes se lient habituellement d’amitié avec d’autres jeunes. Il n’est pas normal qu’ils entrent dans l’orbite de l’influence d’un adulte et moins encore d’un vieillard. Ils refusent, souvent avec violence, toute autorité qui apparaît à leurs yeux comme imposée ou coercitive de leur liberté : celle de leurs parents, leurs professeurs, celle des chefs religieux et autres. Les jeunes tiennent à leur droit de choisir leurs leaders.
Mais c’est un fait vraiment exceptionnel que le pape Jean-Paul II, vieux et malade, captivait énormément les jeunes. Lui-même, d’ailleurs, avait senti une grande responsabilité envers les jeunes du monde entier. Ceux-ci participaient à un vaste projet pastoral de son pontificat et il savait qu’ils entraient non comme des pièces du jeu d’échecs, mais comme un groupe...
Mais c’est un fait vraiment exceptionnel que le pape Jean-Paul II, vieux et malade, captivait énormément les jeunes. Lui-même, d’ailleurs, avait senti une grande responsabilité envers les jeunes du monde entier. Ceux-ci participaient à un vaste projet pastoral de son pontificat et il savait qu’ils entraient non comme des pièces du jeu d’échecs, mais comme un groupe...
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