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Actualités - OPINION

ÉCLAIRAGE - « Il n’y a pas d’alternative », regrette un militant des droits de l’homme L’opposition syrienne attend toujours les réformes pour sortir de la marginalisation

Surveillés de près par le régime, les opposants syriens espèrent toujours, mais sans illusion, une remise sur les rails des réformes esquissées lors de l’arrivée au pouvoir du président Bachar el-Assad afin de pouvoir sortir de leur marginalisation. « Il n’y a pas de forces politiques organisées et pas d’alternative », admet l’avocat Anouar Bounni, militant des droits de l’homme qui plaide pour l’abrogation de la loi d’urgence décrétée en Syrie peu après l’arrivée au pouvoir du parti Baas en 1963 et un changement de la Constitution afin de « permettre l’émergence de nouvelles forces politiques ». « Les opposants ne veulent pas le départ du régime, mais il y a une aspiration populaire à la liberté et à la dignité que le pouvoir ne doit pas ignorer », ajoute-t-il en relevant que Bachar el-Assad a incarné un espoir « vite déçu ». Le président Assad, qui ne serait pas arrivé au pouvoir en 2000 sans le décès tragique de son frère aîné Bassel dans un accident de voiture en 1994, a commencé son exercice en injectant une dose de liberté suffisante pour faire croire à la perspective d’un « printemps de Damas ». Il est ensuite revenu à une conduite des affaires plus orthodoxe sous la pression des caciques. Cela n’a pourtant pas affecté sa popularité auprès des Syriens qui voient en lui une « alternative » au régime légué par son père Hafez el-Assad, un des plus rigides du monde arabe. « Les Syriens pensent que le président est bon mais qu’il est mal entouré », estime l’écrivain Yacine Hajj-Saleh détenu pendant 16 ans dans les geôles du pouvoir. « Ce n’est pas un prince enfermé dans sa tour d’ivoire », reconnaît aussi un analyste occidental à Damas, qui note cependant que « l’élan des réformes est brisé » et se demande « jusqu’à quand l’état de grâce, alors que le président est rattrapé par les évènements internationaux ? ». « L’État c’est comme un habit. En Syrie, il est devenu trop étroit pour la taille de la société », analyse l’écrivain Michel Kilo. « Ce régime n’a plus rien à proposer. Même pour assurer sa propre survie, il doit changer », ajoute l’écrivain qui affirme ne pas militer pour le « départ du régime », mais pour des « réformes structurelles qui vont permettre la mise en place d’une nouvelle vie politique » en Syrie. L’écrivain Akram Bounni, qui a été détenu pendant 17 ans et qui milite aujourd’hui dans « les commissions de la société civile », admet aussi que l’opposition « n’est pas en mesure d’offrir une alternative ». « Nous n’avons rien et même les islamistes n’ont rien à proposer. » Pourquoi la Syrie n’a pas engendré une opposition crédible face au puissant parti Baas ? Il y a d’abord le sentiment nationaliste très fort au sein de la population et entretenu par la nécessité de l’union face à Israël, selon les opposants. Mais aussi la répression. « Le pouvoir a frappé très fort au point de ne laisser aucune chance de récidive à la société », estime le cinéaste Omar Amiralay qui rappelle la répression du mouvement des Frères musulmans dans les années 1980. Le cinéaste fonde ses espoirs sur des changements progressifs attendus du prochain congrès national du parti Baas prévu avant fin juin. « Il est difficile d’extirper le régime sans provoquer l’effondrement de l’État qui est bâti sur le seul pilier de la sécurité alors que les autres institutions sont factices », analyse-t-il. À l’unisson et publiquement, les opposants ne souhaitent pas un changement de régime sous les pressions extérieures. « Il y a un discours ambiant sur le nationalisme dont tout le monde est prisonnier. Pour espérer être entendue, l’opposition doit dire qu’elle refuse d’arriver au pouvoir avec un appui de l’étranger », estime l’analyste occidental. La Chambre des représentants américaine a adopté le 17 mars une résolution qui « encourage » l’Administration à soutenir l’opposition au régime syrien, et lui demande d’agir en faveur de l’avènement d’un gouvernement démocratique en Syrie. Amer OUALI (AFP)
Surveillés de près par le régime, les opposants syriens espèrent toujours, mais sans illusion, une remise sur les rails des réformes esquissées lors de l’arrivée au pouvoir du président Bachar el-Assad afin de pouvoir sortir de leur marginalisation.
« Il n’y a pas de forces politiques organisées et pas d’alternative », admet l’avocat Anouar Bounni, militant des droits de l’homme qui plaide pour l’abrogation de la loi d’urgence décrétée en Syrie peu après l’arrivée au pouvoir du parti Baas en 1963 et un changement de la Constitution afin de « permettre l’émergence de nouvelles forces politiques ». « Les opposants ne veulent pas le départ du régime, mais il y a une aspiration populaire à la liberté et à la dignité que le pouvoir ne doit pas ignorer », ajoute-t-il en relevant que Bachar el-Assad...