À la faveur de travaux pour l’aménagement d’une ligne de tramway, ont été mis au jour début mars à l’entrée de Jérusalem des vestiges de la dixième légion qui écrasa la révolte juive contre Rome, conquit Jérusalem et détruisit son temple en l’an 70 après J.-C.
« Depuis, nous menons une véritable course contre la montre pour sauver ce qui peut être sauvé de ces vestiges qui ont marqué au fer rouge la mémoire juive », dit à l’AFP l’archéologue israélien John Zelligman, du département national des Antiquités.
La prise de Jérusalem et la destruction du Temple d’Hérode par Titus sous le règne de l’empereur Vespasien furent l’un des derniers soubresauts de l’indépendance juive en Terre sainte. La dernière révolte (132-135), sous le règne d’Hadrien, fut noyée dans le sang et scella ce chapitre de l’histoire d’Israël.
Deux jeunes archéologues israéliennes, Rina Avner et Keren Bar Or, épaulées par une trentaine d’ouvriers palestiniens de Jérusalem-Est, fouillent dans l’urgence sur quatre sites, coincées entre l’incessant trafic de la rue de Jaffa et du boulevard Zalman Chazar, à l’entrée ouest de Jérusalem. Elles ont aménagé un camp de fortune aux côtés des bulldozers à l’arrêt du chantier pour la ligne de tramway. Un conteneur, au-dessus duquel flotte le drapeau israélien, sert à la fois de bureau et de magasin où sont entreposées pelles et pioches. Les ouvriers travaillent à l’abri du vent et de la pluie sous une bâche en plastique.
Deux puits, un chapiteau du premier siècle de l’ère chrétienne, une minuscule fiole à huile, de nombreuses pièces de monnaie et d’innombrables vestiges de la dixième légion romaine ont déjà été mis au jour et soigneusement étiquetés et rangés dans des boîtes de carton. Le site est en fait une extension de l’important camp de la dixième légion situé de l’autre côté de la route et sur lequel a été construit, au début des années soixante, l’imposant complexe du Palais des Congrès.
« Il y avait ici un village hébreu de l’époque du second Temple d’Hérode, déserté par ses habitants à l’arrivée de la légion romaine », dit Mme Avner.
La plupart des vestiges de la légion sont frappés de son sceau : LEG.X.F (Legio X Fretensis) avec le dessin d’une galère et d’un sanglier. C’est la légion en charge « des détroits », car, à l’origine, elle assurait le contrôle du détroit de Messine, entre la péninsule italienne et la Sicile. Il s’agit, essentiellement, d’objets en argile cuite. Ce sont, notamment, des briques de construction, des tuiles, des conduites d’eau et des briques circulaires utilisées comme conducteur de chaleur pour les thermes. Tous ces objets étaient fabriqués sur place et cuits dans cinq fours imposants qui se trouvaient dans l’aile principale du camp sur lequel se dresse aujourd’hui le Palais des Congrès. C’est d’ailleurs la terre argileuse du site qui avait décidé de l’emplacement de cette base logistique de la dixième légion, à une distance de 2 km à l’ouest de la vieille ville intra-muros. On peut encore observer les restes de ces fours dans une salle aménagée sous les dalles transparentes du sous-sol de ce bâtiment.
La dixième légion romaine, dont les hommes et les unités auxiliaires participèrent à de nombreux travaux de construction à Jérusalem, comme l’arc de triomphe érigé à la gloire d’Hadrien sous l’emplacement actuel de la porte de Damas, avait établi ses quartiers les plus importants, après la prise de la ville, à l’emplacement de l’actuel quartier arménien.
Elle est associée à plus de deux siècles de l’histoire de la région de Jérusalem qu’elle quitta au troisième siècle pour se déployer aux abords d’Eilat, près de la mer Rouge, avec pour mission de contrôler la « passe du scorpion » (désert du Néguev) qui commande l’accès au cœur de la Judée.
Jacques PINTO (AFP)
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À la faveur de travaux pour l’aménagement d’une ligne de tramway, ont été mis au jour début mars à l’entrée de Jérusalem des vestiges de la dixième légion qui écrasa la révolte juive contre Rome, conquit Jérusalem et détruisit son temple en l’an 70 après J.-C.
« Depuis, nous menons une véritable course contre la montre pour sauver ce qui peut être sauvé de ces vestiges qui ont marqué au fer rouge la mémoire juive », dit à l’AFP l’archéologue israélien John Zelligman, du département national des Antiquités.
La prise de Jérusalem et la destruction du Temple d’Hérode par Titus sous le règne de l’empereur Vespasien furent l’un des derniers soubresauts de l’indépendance juive en Terre sainte. La dernière révolte (132-135), sous le règne d’Hadrien, fut noyée dans le sang et scella ce...
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