Les opposants syriens craignent que la poursuite des pressions américaines sur le gouvernement du président Bachar el-Assad le conduisent à donner un nouveau tour de vis à la vie politique au lieu d’engager les réformes attendues depuis son arrivée au pouvoir en 2000.
Les pressions internationales ont déjà fait perdre à la Syrie une de ses cartes maîtresses au Proche-Orient puisqu’elle a accepté de retirer toutes ses forces armées et services de renseignements du Liban, au terme d’un processus déjà entamé et jugé « positif » par Washington qui a tout de même fait état de son intention de ne pas lâcher prise sur Damas.
« Le régime est à la croisée des chemins : il a le choix entre la voie des réformes et de l’ouverture et celle du durcissement et de la fermeture. Mais je crains que la seconde option l’emporte », analyse l’avocat Anouar Bounni. À l’appui de son scepticisme, il cite le sort réservé le 10 mars dernier à un sit-in des militants des droits de l’homme à Damas, perturbé par une manifestation de soutien au président Assad. Le sit-in avait pour objectif d’appeler à l’abrogation des tribunaux d’exception et de la loi d’urgence décrétée en Syrie peu après l’arrivée au pouvoir du parti Baas en 1963. « Les indices montrent ainsi que le pouvoir n’a pas changé et qu’il va continuer sa politique qui consiste à faire peur au monde », poursuit l’avocat.
« Le régime émet des signaux contradictoires qui ne nous laissent pas deviner ses réelles intentions. Il peut se laisser tenter par le choix du durcissement », confirme l’écrivain Akram Bounni, ancien détenu politique qui a passé 17 ans en prison.
De son côté, l’écrivain Michel Kilo estime que le régime risque désormais « de renforcer son contrôle de la politique intérieure après la perte de son rôle dans la région du Proche-Orient induit par le retrait de l’armée syrienne du Liban ». « On va peut-être nous demander de mettre en sourdine nos revendications concernant le dialogue et les réformes politiques et nous appeler à l’union face aux menaces extérieures », présume-t-il.
La Chambre des représentants américaine a adopté le 17 mars deux résolutions concernant la Syrie. La première appelle le président Georges W. Bush à charger le représentant des États-Unis à l’Onu de faire adopter une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies classifiant le Liban comme un « pays captif » et appelant à « la libération immédiate de tous les détenus libanais en Syrie et au Liban ». La deuxième dénonce « la continuation des grossières violations des droits de l’homme et des libertés civiles des peuples syrien et libanais par le gouvernement » de Damas. Elle « encourage » l’Administration à soutenir l’opposition au régime syrien, et lui demande d’agir en faveur de l’avènement d’un gouvernement démocratique en Syrie.
Le cinéaste Omar Amiralay estime que les Américains « vont continuer de harceler » le régime syrien « pour ne pas lui donner le temps de reprendre ses forces ». « Face à ce rouleau compresseur qui ne lui laisse pas le temps de mesurer les évènements et de préparer la réaction comme d’habitude, il risque de commettre de nouvelles erreurs », poursuit-il.
« En se sentant assiégé, le pouvoir va se crisper et s’éloigner d’avantage de la société. Il n’y aura alors plus de réformes possibles », affirme un analyste étranger qui a requis l’anonymat, ajoutant que le président Assad n’a réalisé que quelques « changements cosmétiques » en quatre ans. L’arrivée au pouvoir de M. Assad le 17 juillet 2000 avait soulevé un vent d’espoir qui a fini par se briser face à la rigidité du système hérité de son père et défendu par la vieille garde.
Amer OUALI (AFP)
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Les pressions internationales ont déjà fait perdre à la Syrie une de ses cartes maîtresses au Proche-Orient puisqu’elle a accepté de retirer toutes ses forces armées et services de renseignements du Liban, au terme d’un processus déjà entamé et jugé « positif » par Washington qui a tout de même fait état de son intention de ne pas lâcher prise sur Damas.
« Le régime est à la croisée des chemins : il a le choix entre la voie des réformes et de l’ouverture et celle du durcissement et de la fermeture. Mais je crains que la seconde option...