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Actualités - CHRONOLOGIE

« Comme le Phénix, le Liban est capable de renaître de ses cendres », affirme à New York le chef de l’Église maronite Sfeir : Des jours difficiles nous attendent, mais le Liban surmontera ses difficultés (photos)

New York – de notre envoyé spécial Habib CHLOUK «Les prochains jours seront difficiles, comme le fut le chemin de la croix. Mais tout comme la résurrection est venue après la crucifixion, nous verrons le Liban surmonter ses difficultés », a déclaré le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, devant les Libanais massés samedi soir, après la messe de la Saint-Joseph, en la cathédrale Notre-Dame du Liban, à Brooklyn, dans la salle de réception du Marriott Brooklyn Bridge, à New York. Venus aussi bien de New York et Brooklyn, que de Washington, Boston, New Jersey, Ohio, Saint Louis, Austin et même de Californie, des centaines d’Américains d’origine libanaise ont ovationné le chef de l’Église maronite. Près de 1 500 convives devaient participer au dîner donné par la suite en l’honneur du patriarche, en présence notamment du chargé d’affaires du Liban auprès des Nations unies, Ibrahim Assaf, et du personnel de l’ambassade. « Le Liban est en crise, a déclaré le patriarche. Soit nous serons libres et vivrons démocratiquement, sûrs de pouvoir nous gouverner, soit nous demeurerons dépendants d’un autre gouvernement et vivrons pour toujours sous tutelle. Je suis venu aux États-Unis pour dire clairement : la plus ancienne démocratie du Moyen-Orient est parfaitement capable de se renouveler, sans la tutelle de quiconque. Comme le Phénix qui a donné son nom à la terre phénicienne, le Liban est capable de renaître de ses cendres pour recommencer une nouvelle et longue vie, une vie de souveraineté, d’indépendance, de liberté et de vitalité. » « C’est la raison pour laquelle je suis venu aux États-Unis, a répété le patriarche Sfeir, pour défendre le Liban de la violence, des solutions militaires et des problèmes qu’il affronte. Le gouvernement des États-Unis a été notre principal appui dans notre lutte pour la récupération de notre démocratie et de notre libre décision. D’autres nations du monde nous ont également appuyés. Nous en sommes reconnaissants et nous aspirons à retrouver notre place dans le concert des nations. « J’ai été très chaleureusement accueilli par les responsables de l’Administration américaine ainsi qu’aux Nations unies. J’en suis très heureux. Et pour compléter notre tâche, nous nous efforçons de convaincre tous nos frères libanais que nous pouvons, que nous sommes capables de nous gouverner nous-mêmes grâce à une entente démocratique. Nous voulons une démocratie consensuelle et nous voulons voir notre gouvernement exprimer les besoins de la population. Nous voulons le voir prendre l’initiative de rassembler les Libanais pour qu’ils règlent ensemble leurs divergences. Les prochains jours seront difficiles, comme le fut le chemin de la croix. Mais tout comme la résurrection est venue après la crucifixion, nous verrons le Liban surmonter ses difficultés. » La Syrie en Syrie... Sur l’insistance de l’assistance, le patriarche s’est ensuite adressé à l’assistance en libanais, et a commencé par remercier ceux, de toutes confessions, qui avaient effectué de très longs trajets en voiture, pour venir à sa rencontre. Et d’ajouter : « Permettez-moi de vous dire, en confiance, que le Christ nous a commandé de nous aimer les uns les autres, et même d’aimer ceux qui nous sont hostiles. C’est l’Évangile, et c’est un discours difficile à accepter. Mais les fidèles sont en mesure de le faire. Je vous ai entendus crier à différentes reprises “Syria, out”. Et je vous le dis sincèrement, nous voulons, comme dit le proverbe, manger du raisin, non tuer le gardien de la vigne. Vous m’avez compris. La Syrie est géographiquement notre voisine, nous avons des frontières communes, et il n’est pas possible à des voisins de vivre en perpétuelle hostilité. Ce qui est passé est passé. Il nous faut tourner à jamais la page, que le Liban soit au Liban, et la Syrie en Syrie. » Aux cris « Hey Yalla, Syrie dehors », le patriarche devait reprendre l’auditoire, en affirmant : « Il semble que vous n’avez pas saisi mon message. Nous ne devons pas nous laisser conduire par les seuls sentiments, mais il faut faire entrer en jeu la raison. Nous voulons vivre libres et indépendants et ceux qui ne le souhaitent pas s’exposent à devenir des instruments entre les mains de parties tierces. Mais soyez libres aussi intérieurement et ne soyez hostiles envers personne, même à l’égard de vos ennemis. Répandez le bien là où vous vous trouvez. Soyez des chrétiens en actes et pas seulement de nom. » Et sous les applaudissements frénétiques, le patriarche devait conclure, affirmant : « Je vous remercie à nouveau et je demande à Dieu de nous accorder ce que nous avons passé trente années à attendre et espérer. Et je pense que l’heure est proche où nous serons exaucés. » C’est sous des applaudissements chaleureux qui devaient se prolonger quinze bonnes minutes que le patriarche a ensuite quitté l’hôtel, après avoir donné rendez-vous à ses auditeurs « sous le ciel du Liban ». Terjé Roed-Larsen en « sauveur » Hier, le patriarche Sfeir a présidé, à la cathédrale Notre-Dame du Liban, à Brooklyn, la messe des Rameaux. S’adressant aux parents, par l’intermédiaire des enfants, il a formulé l’espoir qu’à leur prochain voyage au Liban, ils verront « un pays libre où la démocratie aura été restaurée, un pays épris de justice et de paix ». Le soir, il a assisté à une cérémonie à la Fordham University, où un doctorat honoris causa lui a été décerné. Vendredi, un accueil vibrant avait été réservé au patriarche Sfeir aux Nations unies, lors d’une réception offerte par le chargé d’affaires par intérim de la mission permanente du Liban auprès de l’Onu, Ibrahim Assaf, a rapporté notre correspondante au Palais de Verre, Sylviane Zehil. La réception avait attiré de nombreux diplomates, hommes d’affaires, banquiers, journalistes et professionnels de tous bords venus exprimer leurs espoirs de voir le Liban libéré de la longue nuit syrienne. Mais cette fois, le représentant de la Syrie auprès du Palais de Verre, Farouk Mekdad, faisait partie des convives, ainsi que le représentant de la France auprès des Nations unies, Jean-Marc de la Sablière. L’arrivée de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour l’application de la 1559, Terjé Roed-Larsen, accompagné de son épouse, devait provoquer un grand remous. « Vous êtes notre sauveur. Vous avez sauvé notre pays », se sont exclamés des invités à son passage, tandis que de nombreux convives se bousculaient pour se faire prendre en photo à ses côtés. Visiblement flatté, Roed-Larsen devait se laisser aller à des confidences. « Savez-vous quel est le numéro de téléphone de mon épouse, aux Nations unies ? a-t-il dit. C’est le 1559. » « Et savez-vous quelle est ma date d’anniversaire ? C’est le 22 novembre », a-t-il lancé, devant un groupe d’invités que ces coïncidences ont laissé abasourdis. À L’Orient-Le Jour, le patriarche devait affirmer, en ce qui concerne le Hezbollah : « Le Hezbollah est une formation libanaise qui a lutté pour la libération de l’occupation israélienne. Mais maintenant que cela est chose faite, il n’y a plus de raison pour que le Hezbollah tienne toujours les armes. En ce qui concerne les fermes de Chebaa, cette question est du ressort de la Syrie, du Liban et d’Israël. Je pense que les Nations unies pourraient trouver une solution acceptable à ce problème. » Au sujet d’une crainte d’une reprise de la guerre civile au Liban, le patriarche a déclaré : « Je ne pense pas (que cette crainte est justifiée). Les Libanais ont expérimenté la guerre. Le peuple libanais s’est appauvri. La dette du pays excède 40 milliards de dollars. Le peuple libanais a beaucoup appris de la guerre civile. » Le patriarche a ajouté que le président Bush « suivra de très près » la situation au Liban pour s’assurer que le Liban retrouvera son indépendance et sa souveraineté. Enfin, le patriarche devait préciser, concernant d’éventuelles assurances syriennes au sujet d’un retrait : « Je n’ai pas de discussions directes avec les Syriens. » On apprenait sur ce plan que l’émissaire onusien sera au Liban début avril, pour le suivi du retrait syrien. Le patriarche doit avoir aujourd’hui une rencontre privée avec les responsables de la Conference Near East Welfare Agency, suivie d’un déjeuner, avant de prendre l’avion pour Beyrouth.
New York – de notre envoyé spécial Habib CHLOUK

«Les prochains jours seront difficiles, comme le fut le chemin de la croix. Mais tout comme la résurrection est venue après la crucifixion, nous verrons le Liban surmonter ses difficultés », a déclaré le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, devant les Libanais massés samedi soir, après la messe de la Saint-Joseph, en la cathédrale Notre-Dame du Liban, à Brooklyn, dans la salle de réception du Marriott Brooklyn Bridge, à New York.
Venus aussi bien de New York et Brooklyn, que de Washington, Boston, New Jersey, Ohio, Saint Louis, Austin et même de Californie, des centaines d’Américains d’origine libanaise ont ovationné le chef de l’Église maronite.
Près de 1 500 convives devaient participer au dîner donné par la suite en l’honneur du...