Les officiers américains imputent la lenteur de la reconstruction de l’Irak aux attaques de la guérilla mais aussi au manque de coopération et à la corruption des sous-traitants et des pouvoirs locaux.
Le commandant Sean Hood, un réserviste qui, dans la vie civile, est gardien dans une prison de New York, travaille sur des projets de reconstruction dans la province de Diyala, une zone au nord-est de Bagdad où la guérilla est active. Dans un convoi de six véhicules blindés, il se rend à Khalis, à 70 km au nord de Bagdad, pour voir comment les projets y avancent. « Gérer les détenus m’a préparé à parler aux sous-traitants. Les détenus vous mentent 24 heures sur 24, c’est en partie ce que font les sous-traitants », dit-il à l’AFP après une réunion avec un sous-traitant irakien.
La zone de responsabilité du commandant Hood a une population d’environ 250 000 personnes, une petite partie de l’immense tâche de reconstruction pour laquelle 18,4 milliards de dollars ont été alloués par Washington. Mais les défis auxquels il fait face sont à l’image de ceux de l’ensemble du pays. « Quand on était assis ici il y a deux mois, vous m’avez dit que vous fourniriez du papier et de l’encre. Vous ne l’avez pas fait. Pourquoi m’aviez-vous donné votre parole ? » demande-t-il à un homme d’affaires local dans le bureau du maire. « J’ai dit ça pour vous faire plaisir », répond l’homme en riant puis affirmant que le papier et l’encre ne sont pas inclus dans le contrat. L’officier américain lui demande ensuite pourquoi il a livré une presse rotative fabriquée en 1972 alors qu’il devait en fournir une neuve. Le sous-traitant, un homme d’affaires local, indique qu’il a compris devoir livrer une machine qui marche. Le problème, c’est que les rotatives, censées imprimer un journal du conseil provincial, ne marchent pas, indique le commandant Hood, sans parvenir à obtenir gain de cause parce qu’il n’a pas le contrat en main.
Même problème pour une usine d’épuration d’eau d’un montant de 300 000 dollars. « Le sous-traitant m’a dit qu’elle était finie et qu’il voulait être payé, alors je lui ai dit de la faire marcher », raconte l’officier, ajoutant avoir déjà acquitté la moitié du montant. Mais lorsque la machine est mise en route, de l’eau se répand partout dans l’usine.
Un rapport officiel américain publié en janvier a fait état de pratiques similaires du temps de l’Autorité provisoire de la coalition (CPA), qui a géré l’Irak de la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003 jusqu’au 28 juin 2004, date du transfert de souveraineté au gouvernement intérimaire irakien. Selon ce texte, le CPA a perdu la trace de 8,8 milliards de dollars destinés à la reconstruction, via des fraudes, des pots-de-vin et des détournements de fonds.
« J’ai la responsabilité éthique de m’assurer que les dollars des contribuables américains sont convenablement dépensés », dit la commandant Hood, tout en reconnaissant la difficulté de cette mission. « Vous devez leur expliquer que si vous héritez d’un poste d’autorité, vous ne pouvez pas licencier quelqu’un comme ça uniquement pour nommer à sa place un proche », dit le commandant.
Mais en dépit des innombrables obstacles sur le chemin de la reconstruction, il demeure optimiste. Après les premières élections libres en Irak depuis un demi-siècle le 30 janvier, il a noté un changement majeur dans l’attitude de ses interlocuteurs. « Le maire (de Khalis) est venu dire : “Je veux que ceci et cela soient faits”. Avant, ils seraient venus aux réunions du Conseil et n’auraient fait que se disputer. »
Rony MULHOLLAND (AFP)
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Les officiers américains imputent la lenteur de la reconstruction de l’Irak aux attaques de la guérilla mais aussi au manque de coopération et à la corruption des sous-traitants et des pouvoirs locaux.
Le commandant Sean Hood, un réserviste qui, dans la vie civile, est gardien dans une prison de New York, travaille sur des projets de reconstruction dans la province de Diyala, une zone au nord-est de Bagdad où la guérilla est active. Dans un convoi de six véhicules blindés, il se rend à Khalis, à 70 km au nord de Bagdad, pour voir comment les projets y avancent. « Gérer les détenus m’a préparé à parler aux sous-traitants. Les détenus vous mentent 24 heures sur 24, c’est en partie ce que font les sous-traitants », dit-il à l’AFP après une réunion avec un sous-traitant irakien.
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