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La commémoration du débarquement allié du 6 juin 1944 offre une nouvelle occasion au président de justifier ses guerres Quand Bush se compare à Roosevelt
Par BARAKEH Roger, le 31 mai 2004 à 00h00
« L’Amérique est fière de conduire à nouveau les armées de la liberté » : ces propos, répétés à souhait par George W. Bush lors de sa campagne électorale, confirme encore une fois la conviction profonde qu’éprouve le président US d’être chargé d’une mission « messianique » afin de délivrer le monde des forces du mal. Une conviction inspirée par son adhésion tardive au courant protestant puritain des « résurrectionnistes », les « Born again », qu’il a embrassé après avoir passé le plus clair de sa jeunesse à mener la vie d’un fils à papa texan, une vie ponctuée de beuveries et d’interminables festivités. Son ex-biographe David Frum (auquel on attribuerait la formule « axe du mal ») raconte dans les moindres détails comment George Jr. est passé miraculeusement du « Jack Daniel’s au missel » lorsque, après deux jours de « soûlographie », il s’est vu le visage maculé de vomis séché. Il finira par jurer de ne plus toucher à l’alcool et s’abandonna corps et âme aux « Born again » et à l’idéologie néoconservatrice, qui faisait son chemin dans des « Think Tanks » de Washington.
Il est tout à fait prévisible donc de voir le président assimiler ses guerres en Afghanistan et en Irak aux faits héroïques des GI de la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’Amérique sauva l’Europe et le monde des dangers du nazisme.
Mais de là à se comparer à Franklin D. Roosevelt et évoquer la relation de celui-ci avec Winston Churchill pour définir ses liens avec Tony Blair... À l’évidence, George W. ne craint pas de verser dans le ridicule. En effet, mis à part JFK, l’Amérique n’a plus connu de présidents de la stature de Roosevelt. Car ce qui marquait ce président – par ailleurs qui a passé la majeure partie de sa vie dans une chaise roulante –, c’est sa qualité de visionnaire.
Après avoir sauvé les États-Unis des affres de la grande dépression, en lançant sa politique de « New Deal », Roosevelt est devenu le plus ardent défenseur de l’entrée en guerre de l’Amérique contre le fascisme et le nazisme à côté des démocraties européennes. Une idée que rejetait à l’époque l’Amérique isolationniste. Il fut même un temps où l’on soupçonnait Roosevelt d’avoir été au courant de l’opération japonaise contre Pearl Harbour et qu’il laissa faire pour convaincre une opinion publique réticente de l’utilité de la guerre.
Et même si Roosevelt n’a pas survécu à la fin du conflit, la politique des États-Unis a été largement inspirée par lui... jusqu’à ce que la guerre froide mette fin à l’idéal de l’Amérique bienfaitrice. À l’image de ce cri de colère d’un soldat US au Vietnam : « On a perdu notre innocence. »
Roger BARAKEH
« L’Amérique est fière de conduire à nouveau les armées de la liberté » : ces propos, répétés à souhait par George W. Bush lors de sa campagne électorale, confirme encore une fois la conviction profonde qu’éprouve le président US d’être chargé d’une mission « messianique » afin de délivrer le monde des forces du mal. Une conviction inspirée par son adhésion tardive au courant protestant puritain des « résurrectionnistes », les « Born again », qu’il a embrassé après avoir passé le plus clair de sa jeunesse à mener la vie d’un fils à papa texan, une vie ponctuée de beuveries et d’interminables festivités. Son ex-biographe David Frum (auquel on attribuerait la formule « axe du mal ») raconte dans les moindres détails comment George Jr. est passé miraculeusement du « Jack Daniel’s au...
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