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Actualités - OPINION

J’ai retrouvé mon Liban que je croyais perdu

Ayant quitté le Liban pour vivre en France en 1988 à l’âge de 9 ans, je n’ai connu du Liban que l’insouciance de mon enfance et les souvenirs d’un accueil chaleureux à chaque retour. Pourtant ces dernières années, je croyais que ce Liban prospère, honnête et chaleureux était perdu. Je croyais qu’ils avaient réussi à briser mon rêve d’enfant, d’y retourner un jour et d’y vivre en paix, de parler librement et surtout je croyais qu’ils m’avaient dépouillé de ma liberté de penser. Le 14 février 2005, tout a changé, le Liban est apparu sous son vrai visage. D’un côté, un peuple épris de liberté, de coexistence, d’indépendance et, de l’autre, un gouvernement replié sur lui-même, inféodé et esclave de son propre échec. Pour la première fois, depuis que la guerre avait volé notre amour, je voyais les Libanais chanter en cœur : « Chrétiens, musulmans, tous ensembles pour le Liban. » Car oui, nous sommes tous Libanais avant d’être chrétien, ou musulman ou druze. Nous aimons tous ce pays et notre seul désir est d’y vivre en paix, en hommes libres. Notre gouvernement n’a jamais compris qu’un pays et une gloire ne se construisent pas avec la masse ou les suiveurs, mais par l’intelligence, la réflexion et le choix. Comme disait Beaumarchais : « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur. » Ils nous ont dépouillés de notre liberté de les juger et de les choisir, ils finiront oubliés, alors que les vies qu’ils ont volées resteront à jamais gravées dans la mémoire collective. Comment osent-ils remettre en cause notre désir de coexistence, alors que ce sont eux qui le ravivent? Comment osent-ils remettre en cause notre amour pour la patrie alors que ce sont eux qui cherchent à nous la faire détester? Comment osent-ils insulter notre intelligence alors que ce sont eux qui cherchent à nous abrutir ? Enfin, comment osent-ils insulter notre mémoire alors que ce sont eux qui veulent l’effacer? Le plus regrettable est que notre propre « élite », nos propres dirigeants ne connaissent pas l’histoire du pays. Ont-ils oublié que nous avons chassé les Ottomans après 400 ans d’occupation ? Cette fois, nous finirons par reprendre notre souveraineté après 30 années d’occupation. Je voudrais enfin supplier cette opposition de continuer le combat non pas uniquement pour l’indépendance mais aussi pour la reconstruction. Je voudrais leur dire que cela ne suffit pas qu’ils s’unissent dans la douleur, ils ont un long chemin à parcourir et nous serons tous là pour les soutenir s’ils suivent le même chemin que nos martyrs Kamal Joumblatt, Béchir Gemayel, Rafic Hariri et tant d’autres. Pour finir sur une note d’espoir, j’avoue que je ne portais pas dans mon cœur cette opposition, mais aujourd’hui j’ai vu pour la première fois la jeune génération de toutes confessions, dont je fais partie, crier d’une seule et même voix son espoir en un avenir meilleur et son désir de vivre ensemble. Depuis ton martyre, Rafic Hariri, et après toutes ces réactions, ces manifestations d’une ampleur inégalée, j’ai retrouvé mon Liban. C’est à nous maintenant de le garder. Jony EL-KHOURY France
Ayant quitté le Liban pour vivre en France en 1988 à l’âge de 9 ans, je n’ai connu du Liban que l’insouciance de mon enfance et les souvenirs d’un accueil chaleureux à chaque retour.
Pourtant ces dernières années, je croyais que ce Liban prospère, honnête et chaleureux était perdu. Je croyais qu’ils avaient réussi à briser mon rêve d’enfant, d’y retourner un jour et d’y vivre en paix, de parler librement et surtout je croyais qu’ils m’avaient dépouillé de ma liberté de penser.
Le 14 février 2005, tout a changé, le Liban est apparu sous son vrai visage. D’un côté, un peuple épris de liberté, de coexistence, d’indépendance et, de l’autre, un gouvernement replié sur lui-même, inféodé et esclave de son propre échec.
Pour la première fois, depuis que la guerre avait volé notre amour,...