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Actualités - CHRONOLOGIE

CONFÉRENCE - La chercheuse au CNRS a présenté les arts du feu dans l’Antiquité L’aventure de la faïence et du verre au Proche-Orient (Photo)

Invitée des conférences hebdomadaires des Amis du Musée de l’AUB, l’archéologue Valérie Matoïan, chercheuse au CNRS et rattachée au laboratoire Archéorient de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée à Lyon, a donné une allocution sur le thème des arts du feu (faïence et verre) dans l’Antiquité, ou plus exactement du IIe millénaire avant notre ère dans les pays du Levant (Syrie, Liban et Égypte). En guise d’introduction, la chercheuse rappelle les origines des arts du feu: «Dès la haute Antiquité, les hommes produisaient des matériaux artificiels. Ainsi, le néolithique a vu l’apparition du plâtre, de la chaux et de la céramique; la fin du néolithique, celle de la faïence; l’âge du bronze, enfin, celle du verre.» Faïence et verre: «Pour chaque matériau, des matières premières identiques et des proportions différentes avec comme base commune la silice, que l’on trouve sous la forme de quartz et de sable broyé.» Voilà pour le lien entre les deux éléments, mais Valérie Matoïan s’est attardée sur les origines, la composition et le développement des techniques de la faïence. «L’étymologie du mot “faïence” vient du nom de la ville italienne de Faenza, où se faisait l’essentiel de la production de céramique de la Renaissance. Le terme a été utilisé par les archéologues du XXe siècle pour l’époque antique.» La composition, ensuite: «Deux éléments caractérisent l’Antiquité, poursuit l’archéologue. Le corps ou l’intérieur, d’une part, la glaçure ou l’extérieur, d’autre part. Le corps d’une faïence doit atteindre un point de fusion de 1700°, ce qui était impossible au IIe millénaire avant notre ère. Étaient ajoutés à la silice de la soude, de la potasse et de la chaux qui abaissent la température à atteindre. Le mélange se faisait à froid, et un liant, comme l’eau, était nécessaire à l’étape de façonnement, à partir d’un moule. Pour la préparation de la glaçure, il fallait moins de silice et plus de soude, de potasse et de chaux. Pour la couleur, l’oxyde de cuivre donnait du vert et du bleu; l’oxyde de calcium, le bleu foncé; le jaune, l’antimoniate de calcium ; le rouge, enfin, l’oxyde de fer.» L’ensemble corps/glaçure était chauffé entre 800 et 1000°. «Cette technique a été maîtrisée entre la fin du Ve millénaire et le début du IVe millénaire, pour atteindre un développement important entre 2000 et 1000 avant J-C.» Imitation ou importation? Second millénaire, au Proche-Orient: «Les artistes fabriquent alors une gamme variée d’objets (éléments de parure, sceaux-cylindres, cachets, figurines, vase, etc.) qui font partie des produits de luxe de l’époque.» Les influences sont multiples : ainsi, des figurines d’hippopotame retrouvées à Byblos ressemblent à s’y méprendre à celles présentes sur le sol égyptien, tandis que certains vases du site syrien d’Ougarit sont d’inspiration mycénienne. « Imitation ou importation? se demande Valérie Matoïan. Souvent, les chercheurs ont besoin des études en laboratoire pour répondre à ces questions.» L’«importance des échanges internationaux de formes» mène à une question: «Comment définir les centres de production? Au Proche-Orient, il n’y a presque pas de témoignage d’ateliers, sauf à Tyr, pour la perle en faïence.» Les formes standards ont été répertoriées, du moins pour l’époque du bronze moyen (autrement dit, la seconde moitié du IIe millénaire): hémisphérique, cylindrique ou «baquet», de vaisselle à décor polychrome, boîte avec couvercle en forme de corolle, gobelet avec ou sans piédestal, en forme de têtes animale ou humaine et vases. En conclusion, Valérie Matoïan évoque brièvement le verre, «matériau homogène, transparent et translucide». «On attribue l’invention du verre aux Phéniciens». À partir des lingots de verre découverts dans une épave au large de la côte turque, les chercheurs ont pu déduire qu’existait “une circulation des matières premières.”» C’est à partir de 1000 avant J-C qu’ont été trouvés, au Levant, «des vases en verre moulé et taillé à froid, des pendentifs à figure et des verres translucides». Et c’est au Liban, «à la moitié du premier millénaire, que le verre soufflé a été inventé». Quant au nom de ces artisans, il faut attendre «la période romaine pour trouver les signatures des verriers, devenus très célèbres, comme celle d’Artas.» D.G.
Invitée des conférences hebdomadaires des Amis du Musée de l’AUB, l’archéologue Valérie Matoïan, chercheuse au CNRS et rattachée au laboratoire Archéorient de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée à Lyon, a donné une allocution sur le thème des arts du feu (faïence et verre) dans l’Antiquité, ou plus exactement du IIe millénaire avant notre ère dans les pays du...