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Actualités - OPINION

Éclairage Les spots publicitaires crèvent l’écran des télévisions arabes

Les spots publicitaires incitant les Irakiens à voter lors des élections irakiennes de dimanche crèvent les écrans de certaines télévisions satellitaires arabes, la chaîne à capitaux saoudiens al-Arabiya se taillant la part du lion. « Parmi mes priorités, restaurer la sécurité et la stabilité, et consolider la protection des frontières pour empêcher l’infiltration de terroristes à l’intérieur de notre chère patrie », assure le Premier ministre irakien Iyad Allaoui. « C’est la raison de voter pour la liste 285 » du Mouvement de l’entente nationale (MEN), approuve Oum Saad, une résidente de Bagdad, debout derrière son fils, un ballon à la main et le regard perplexe. « Nous allons œuvrer à diminuer le taux de chômage par la création de 250 000 nouveaux emplois dans les secteurs public et privé grâce aux investissements pétroliers », promet encore M. Allaoui. « C’est la raison de voter », acquiescent de concert Sajad et Saleh, présentés comme des habitants de Kout. Ces spots émaillent les bulletins et émissions d’information. M. Allaoui promet tour à tour de « développer les services sanitaires », de « construire 300 nouvelles écoles et d’en restaurer 2 000 autres »; ou encore de « combattre la corruption ». Mais al-Arabiya réserve aussi une place à d’autres listes, dont la 169, celle du principal rival de M. Allaoui, l’Alliance unifiée irakienne (AUI), qui inclut les partis chiites ayant la bénédiction de l’ayatollah Ali Sistani, le chef spirituel de la communauté chiite. « Ah ! Trêve d’injustice. Nous voulons une Constitution garantissant nos droits, l’avenir de nos enfants et davantage de sécurité (...) puisque les autres ont échoué », soupire une vieille femme chiite en tchador. Elle s’avance vers une urne éclairée symboliquement par une bougie et y glisse son bulletin. Un gros plan montre une croix rouge dans la case désignant l’AUI. « Al-Arabiya est après tout une chaîne commerciale. Nous n’avons aucune préférence pour des candidats précis. Les spots sont payés en fonction du temps qu’on leur réserve », déclare à l’AFP Nakhlé al-Haj, le directeur de l’Information et des Programmes de la chaîne. « Pour lever toute équivoque, nous faisons accompagner chaque spot par la mention “matière publicitaire”. Ces spots répondent à des impératifs commerciaux et non politiques », insiste-t-il. « Le choix d’al-Arabiya par les candidats s’explique par la grande audience de la chaîne en Irak », poursuit-il, soulignant que sa chaîne « continue de recevoir chaque jour de nouvelles demandes ». Sa rivale al-Jazira du Qatar (très regardée dans le monde arabe, mais dont le bureau à Bagdad a été fermé en août 2004 par le gouvernement irakien intérimaire, qui l’accuse d’inciter à la violence) est dans une situation différente. « Notre politique nous impose de n’être partie prenante dans aucune opération politique », assure à l’AFP son porte-parole, Jihad Ballout, en évitant toutefois de dire si sa chaîne a été contactée par des candidats. « En général, nous étudions chaque demande publicitaire à caractère non commercial, c’est-à-dire à connotation politique, au cas par cas », dit-il de manière sibylline. Des spots publicitaires similaires sont diffusés par d’autres chaînes satellitaires arabes, y compris la Lebanese Broadcasting Corporation, dont le prince milliardaire saoudien al-Walid ben Talal a acquis 49 % des actions en décembre 2003. Pour l’analyste politique irakien Ali Abdelamir Alwan, « la publicité dans le monde arabe ne peut en aucun cas trangresser la politique officielle ». « Toutes les résolutions des ministres arabes des Affaires étrangères lors des réunions de Charm el-Cheikh, de Amman ou du Caire ont appelé à la tenue de ces élections, les gouvernements arabes étant totalement soumis à la volonté de l’Administration américaine », déclare-t-il à l’AFP depuis Londres. Il n’écarte d’ailleurs pas l’éventualité d’ « un financement des spots publicitaires par les États-Unis, qui ont alloué des centaines de millions de dollars pour les élections ». Habib TRABELSI (AFP)
Les spots publicitaires incitant les Irakiens à voter lors des élections irakiennes de dimanche crèvent les écrans de certaines télévisions satellitaires arabes, la chaîne à capitaux saoudiens al-Arabiya se taillant la part du lion.
« Parmi mes priorités, restaurer la sécurité et la stabilité, et consolider la protection des frontières pour empêcher l’infiltration de terroristes à l’intérieur de notre chère patrie », assure le Premier ministre irakien Iyad Allaoui. « C’est la raison de voter pour la liste 285 » du Mouvement de l’entente nationale (MEN), approuve Oum Saad, une résidente de Bagdad, debout derrière son fils, un ballon à la main et le regard perplexe.
« Nous allons œuvrer à diminuer le taux de chômage par la création de 250 000 nouveaux emplois dans les secteurs public et privé grâce...