Né à Paris, Jean-Paul Sartre ne connaît pas pour ainsi dire son père, qui meurt un an après sa naissance. Élevé par sa mère et son grand-père maternel, un protestant alsacien, il entre au lycée de La Rochelle quand sa...
Actualités - CHRONOLOGIE
CENTENAIRE - Le philosophe français est né le 26 juin 1905 Jean-Paul Sartre entre existence, histoire et écriture (Photo)
Par D.G, le 25 janvier 2005 à 00h00
Existentialisme. Ce seul mot est la définition, bien sûr un peu hâtive, d’un seul homme: Jean-Paul Sartre, dont l’année du centenaire a été en quelque sorte rendue publique par l’article de Bernard-Henri Lévy, «Sartre: pour ouvrir le bal du centenaire», paru dans l’édition datée du 13 janvier dernier de l’hebdomadaire «Le Point». Le penseur au strabisme divergent et aux engagements mulitples reste l’un des intellectuels les plus étudiés et analysés à travers le monde. Retour sur quelque 50 ans d’une écriture entièrement tournée vers l’existence, l’histoire et l’écriture.
Né à Paris, Jean-Paul Sartre ne connaît pas pour ainsi dire son père, qui meurt un an après sa naissance. Élevé par sa mère et son grand-père maternel, un protestant alsacien, il entre au lycée de La Rochelle quand sa mère se remarie en 1916. Avec Paul Nizan, il prépare l’entrée à l’École normale supérieure, qu’il intègre en 1924. Deux ans plus tard, il rencontre Simone de Beauvoir. En 1927, avec Paul Nizan, il traduit La Psychopathologie de Jaspers. Après avoir passé l’agrégation de philosophie en 1929, il accomplit son service militaire. Devenu professeur de philosophie au Havre, il lit les romanciers américains, des romans policiers et Kafka. À la faveur d’un séjour à Berlin, de 1933 à 1934, il découvre Heidegger mais surtout Husserl, qui sera d’une grande importance pour l’élaboration de sa propre pensée.
C’est en revenant au Havre qu’il commence sa carrière d’écrivain, avec deux essais philosophiques publiés en 1936: La Transcendance de l’ego et L’Imagination. À travers ces deux œuvres, la France découvre la phénoménologie et l’existentialisme allemands. La même année, il publie Érostrate et voyage en Italie; suivent rapidement Melancholia, refusé par Gallimard et qui devient La Nausée (1938), ouvrage suivi par Le Mur et Esquisse d’une théorie des émotions, en 1939. Roman philosophique, La Nausée introduit la notion d’expérience de la contingence, c’est-à-dire le fait pour l’homme d’être, sans justification, au même titre que les objets du monde. Et ceci est vécu comme une nausée par Antoine Roquentin, le personnage principal.
Traité central de
l’existentialisme athée
Mobilisé en 1939, emprisonné en 1940 et libéré en 1941, il reprend l’enseignement tout en fondant le réseau Socialisme et Liberté, qui n’eut qu’une existence brève. C’est en 1943 qu’il entre avec fracas dans le monde des intellectuels avec L’Être et le Néant, traité central de l’existentialisme athée, puis avec Les Mouches, pièce jouée la même année et suivie, en 1944, par Huis clos. Vladimir Jankélévitch affirmera que, selon lui, l’insistance de Sartre sur l’idée de la liberté venait en partie compenser son absence d’engagement politique véritable auprès de la Résistance durant l’occupation allemande en France.
Après la Libération, l’auteur publie les deux premiers tomes des Chemins de la liberté, L’Âge de raison et Le Sursis. Et en 1945, c’est la création de la revue politiques Les Temps modernes et l’arrêt de l’enseignement. Pour répondre à ses nombreux détracteurs, il donne une célèbre conférence, L’Existentialisme est un humanisme, en 1946. La même année, il fait jouer La Putain respectueuse et publie Réflexions sur la question juive. 1947, année de la parution de l’essai sur Baudelaire, 1948, celle des Mains sales, 1949, celle de La Mort dans l’âme, troisième volet des Chemins de la liberté. Quatrième pièce, en 1951, avec Le Diable et le Bon Dieu. Jean-Paul Sartre écrit sans cesse, menant de front l’œuvre littéraire et l’activité politique.
Communisme(s)
Mais tout bascule en 1952. Il s’éloigne définitivement d’Albert Camus et les heurts commencent à s’accentuer avec le Parti communiste qu’il lâche en 1956, après la répression de l’insurrection hongroise. Toujours en 1952, il participe au Congrès mondial de la paix et publie Saint Genêt, comédien et martyr. Il s’élève contre la guerre d’Indochine, à travers L’Affaire Henri Martin, publié en 1953. C’est la période des voyages intensifs. Après l’Italie et l’URSS, il écrit et fait jouer Nekrassov, en 1955. Et après des voyages en Chine, en Yougoslavie et en Grèce, il donne au théâtre, en 1959, Les Séquestrés d’Altona.
Suite à un séjour à Cuba, il écrit et fait paraître, en 1960, la suite de L’Être et le Néant, intitulée Critique de la raison dialectique, dans laquelle, tout en critiquant le marxisme dogmatique, il en propose une version existentialiste fondée sur la pratique individuelle. Tout au long des années 60, il continue cependant d’entretenir un dialogue avec les communistes mais rompt avec eux, en 1968, après l’écrasement du Printemps de Prague. En 1964, après avoir refusé le prix Nobel (lire l’encadré), il fait paraître Les Mots, étonnant récit autobiographique dans lequel il relate son enfance et sa venue à l’écriture. En 1971, il commence à publier une immense étude sur Flaubert, L’Idiot de la famille. Atteint de quasi-cécité, il est obligé d’arrêter l’écriture.
D.G.
* Sources: Encarta, Académie des lettres de Strasbourg, archives du prix Nobel et le site du centenaire de Jean-Paul Sartre: http://www.jpsartre.org
Existentialisme. Ce seul mot est la définition, bien sûr un peu hâtive, d’un seul homme: Jean-Paul Sartre, dont l’année du centenaire a été en quelque sorte rendue publique par l’article de Bernard-Henri Lévy, «Sartre: pour ouvrir le bal du centenaire», paru dans l’édition datée du 13 janvier dernier de l’hebdomadaire «Le Point». Le penseur au strabisme divergent et aux engagements mulitples reste l’un des intellectuels les plus étudiés et analysés à travers le monde. Retour sur quelque 50 ans d’une écriture entièrement tournée vers l’existence, l’histoire et l’écriture.
Né à Paris, Jean-Paul Sartre ne connaît pas pour ainsi dire son père, qui meurt un an après sa naissance. Élevé par sa mère et son grand-père maternel, un protestant alsacien, il entre au lycée de La Rochelle quand sa...
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