Les deux axes routiers menant dans le sud de l’Irak sont devenus des coupe-gorge avec des pirates de la route qui volent des véhicules, détroussent les passagers et abattent les chauffeurs-routiers.
Sur l’autoroute conduisant à Kout, 16 Irakiens, dont 13 soldats, ont été assassinés dimanche à une cinquantaine de km au sud de Bagdad.
Cette semaine, un journaliste de l’AFP a assisté à une scène presque banale. Au carrefour de Salman Pak, à 10 km au sud de la capitale, une Toyota avec quatre hommes armés à bord tente d’intercepter un camion-citerne. Le chauffeur réussit à l’éviter et s’engage à vive allure sur l’autoroute. Mais ses poursuivants le rattrapent et pointent leurs armes sur lui. Il s’arrête, s’enfuit en direction de la voie inverse mais revient en courant quand les assaillants ouvrent le feu. Ils l’empoignent et le jettent dans leur voiture. Un braqueur s’empare du poids lourd et le commando prend la poudre d’escampette. Personne n’a bougé car chacun sait qu’il y va de sa vie.
L’autre artère, menant vers les villes saintes chiites de Najaf et Kerbala, traverse une région surnommée le triangle de la mort en raison des meurtres et des enlèvements d’Irakiens et d’étrangers.
Samedi, en dépit de postes de contrôle américains, treize corps d’Irakiens, dont celui d’une femme, ont été retrouvés près d’une autoroute et portaient des impacts de balles tirées à bout portant, dans la région de Latifiyah, à 40 km au sud de Bagdad.
À Salman Pak règne la loi de la jungle. Sur les bas-côtés de la voie rapide gisent des carcasses calcinées de voitures. « Ils jettent leur dévolu sur les véhicules gouvernementaux comme les tout-terrains japonais ou les camions-citernes. Ils les volent ou les brûlent », affirme un chauffeur, qui tient à garder l’anonymat. « En quelques jours, cinq camions transportant des voitures et un rempli de générateurs ont disparu », a-t-il ajouté.
Cette voie d’acheminement de marchandises entre le port méridional de Bassora et Bagdad est une aubaine pour les détrousseurs. Certains chauffeurs sont libérés et d’autres sont assassinés.
Bassem, qui se rendait à Aziziyah, à 75 km au sud de Bagdad, s’est fait voler son Opel. Lui et ses amis ont été extraits de la voiture, insultés, fouillés puis laissés sur le bord de la route. Il s’est présenté au poste de police de Salman Pak mais il avait été détruit par les insurgés. Il s’est rendu a celui de Jisr Dyala pour porter plainte mais les policiers ont levé les bras au ciel. Depuis, Bassem revient à Salman Pak pour récupérer son bien. Il l’a retrouvé mais des hommes armés se trouvaient à bord. « Je les ai priés de me la rendre car j’étais pauvre, mais ils m’ont regardé d’un air méprisant et l’un d’eux m’a rétorqué: “Nous sacrifions notre vie pour le jihad et toi, tu n’es pas capable de sacrifier ta voiture”. »
Dans cette localité à majorité sunnite, où les affiches avec « non aux élections sous l’occupation » côtoient les slogans « oui, oui, oui à Saddam » Hussein, le président déchu, la terreur règne. À l’abri des oreilles indiscrètes, un habitant raconte comment les insurgés ont assassiné le fils d’un général qui avait démissionné de la garde nationale. « Il avait fait acte de contrition dans une mosquée mais les insurgés ont su qu’il s’était rendu à Bagdad pour toucher sa solde. Ils lui ont brûlé les jambes, l’ont assassiné et envoyé la vidéocassette à son père », dit-il.
Hajia Fadha a connu une fin atroce. Son fils, employé d’une filiale émiratie d’une compagnie américaine, a refusé de quitter son poste malgré les menaces. Ils l’ont assassiné et intimé l’ordre à la mère de ne pas organiser des funérailles. Elle a passé outre. Ils ont brûlé la tente où elle recevait les condoléances tuant huit personnes à l’intérieur, avant de l’assassiner.
Selon le chef du renseignement irakien, le général Mohammed Abdallah Chahwani, Salman Pak est un « fief de la guérilla et reprendre la ville entraînerait une véritable bataille ».
Amar KARIM (AFP)
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Les deux axes routiers menant dans le sud de l’Irak sont devenus des coupe-gorge avec des pirates de la route qui volent des véhicules, détroussent les passagers et abattent les chauffeurs-routiers.
Sur l’autoroute conduisant à Kout, 16 Irakiens, dont 13 soldats, ont été assassinés dimanche à une cinquantaine de km au sud de Bagdad.
Cette semaine, un journaliste de l’AFP a assisté à une scène presque banale. Au carrefour de Salman Pak, à 10 km au sud de la capitale, une Toyota avec quatre hommes armés à bord tente d’intercepter un camion-citerne. Le chauffeur réussit à l’éviter et s’engage à vive allure sur l’autoroute. Mais ses poursuivants le rattrapent et pointent leurs armes sur lui. Il s’arrête, s’enfuit en direction de la voie inverse mais revient en courant quand les assaillants ouvrent le...
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