En contestant de manière systématique et méthodique la victoire de l’opposant pro-occidental Viktor Iouchtchenko à la présidentielle ukrainienne, son rival prorusse Viktor Ianoukovitch tente de prendre sa revanche sur la « révolution orange » et de préparer le terrain en vue des législatives de 2006.
Après avoir utilisé tous les moyens pour reporter au maximum l’annonce des résultats officiels par la Commission électorale centrale, l’équipe de l’ancien Premier ministre démissionnaire se prépare maintenant à l’ultime bataille judiciaire : prouver devant la Cour suprême « l’illégitimité » du vote du 26 décembre, date du « troisième tour » du scrutin présidentiel.
Le dépôt de la plainte, attendue après la proclamation lundi de la victoire de M. Iouchtchenko et qui n’a aucune chance d’être satisfaite de l’avis même des proches de M. Ianoukovitch, tarde à venir, reportant d’autant l’entrée en fonctions du nouveau président.
« C’est une plainte contre la “révolution orange” ayant porté aux nues le leader de l’opposition ukrainienne. L’équipe de Ianoukovitch mise maintenant sur une revanche en 2006 (pour les législatives) et tente de déprécier la victoire de Iouchtchenko », estime le politologue proche de l’opposition Volodymyr Polokhalo. « Le rejet de cette future plainte par la Cour suprême sera une nouvelle preuve pour les partisans de M. Ianoukovitch que le nouveau pouvoir crache sur leurs intérêts », souligne de son côté l’analyste Mikhaïlo Pohrebinski, proche du président sortant Léonid Koutchma.
Selon cet expert, la Cour suprême doit être un lieu de « démysthification » de l’image de Viktor Iouchtchenko, celle d’un « démocrate face au régime criminel », créée notamment par la presse occidentale. Alors que la contestation populaire pro-Iouchtchenko battait son plein, la Cour suprême avait annulé les résultats du deuxième tour du 21 novembre, pour lequel M. Ianoukovitch avait été annoncé vainqueur, en raison des fraudes massives constatées.
La plainte du camp de Ianoukovitch devra « calmer la fièvre orange », estime aussi le politologue indépendant Volodymyr Malinkovitch, qui souligne qu’il y a « eu des fraudes au troisième tour et (que) le vote n’était pas libre en raison des violations des droits des handicapés ».
M. Ianoukovitch a dénoncé une violation des droits constitutionnels des handicapés, des personnes âgées et des malades, après que le vote à domicile avait été limité par des amendements apportés à la loi électorale avant le troisième tour.
« Le côté “défense des droits de l’homme” travaillera en faveur de M. Ianoukovitch. C’est un argument auquel l’Europe devrait aussi être sensible, mais elle ne voudra pas l’entendre », souligne encore M. Malinkovitch, un ancien dissident.
Mais pour M. Polokhalo, les spéculations sur les invalides, « dont personne ne se souciait avant le troisième tour, sont cyniques et amorales ».
Et aux yeux du politologue Olexandre Derhatchev, la bataille judiciaire de M. Ianoukovitch constitue avant tout une manœuvre « pour gagner du temps, cacher des documents compromettants et sortir de l’argent du pays ».
La presse d’opposition qualifie pour sa part la tactique de M. Ianoukovitch de « farce », et l’équipe de M. Iouchtchenko voit dans les tentatives de retarder l’investiture du nouveau président le désir de prolonger le « régime corrompu » pour continuer à « dilapider le pays ».
« Chaque jour, on sort du pays ce qui n’a pas été volé par l’ancien régime en 10 ans. À commencer par les actions des entreprises et jusqu’aux poignées des portes des administrations régionales », a affirmé mardi le député Olexandre Zintchenko, chef de la campagne électorale de M. Iouchtchenko. Il a également accusé le président sortant Léonid Koutchma d’avoir nommé ces dernières semaines à tous les niveaux du pouvoir « des fonctionnaires corrompus qui lui sont fidèles ».
Olga NEDBAEVA (AFP)
Veuillez vous connecter pour visualiser les résultats
En contestant de manière systématique et méthodique la victoire de l’opposant pro-occidental Viktor Iouchtchenko à la présidentielle ukrainienne, son rival prorusse Viktor Ianoukovitch tente de prendre sa revanche sur la « révolution orange » et de préparer le terrain en vue des législatives de 2006.
Après avoir utilisé tous les moyens pour reporter au maximum l’annonce des résultats officiels par la Commission électorale centrale, l’équipe de l’ancien Premier ministre démissionnaire se prépare maintenant à l’ultime bataille judiciaire : prouver devant la Cour suprême « l’illégitimité » du vote du 26 décembre, date du « troisième tour » du scrutin présidentiel.
Le dépôt de la plainte, attendue après la proclamation lundi de la victoire de M. Iouchtchenko et qui n’a aucune chance d’être...
Les plus commentés
Entre pouvoir et agir : oser
Corruption : au Liban-Nord, « jusqu'à 500 dollars » pour un vote
Levée des sanctions américaines : la roue tourne pour Chareh