La détention pendant quatre mois de deux journalistes français en Irak a connu une issue heureuse, mais bien des questions sur les raisons de leur enlèvement et les circonstances de leur libération restent sans réponse.
Les journalistes français Georges Malbrunot et Christian Chesnot, dont le pays a mené le front du refus à la guerre, auront paradoxalement enduré la plus longue captivité pour des otages en Irak.
« La prise d’otages était dès le départ atypique », faisait remarquer hier le quotidien français Le Figaro, pour lequel travaille Georges Malbrunot. « C’était le seul cas où les ravisseurs ne faisaient pas valoir des revendications liées à l’Irak ». Libération résumait l’affaire en titrant : « Un mystère de 124 jours ».
L’Armée islamique en Irak a exécuté le 26 août l’otage italien Enzo Baldoni en raison du refus de son pays de retirer son contingent d’Irak. Dans le cas des Français, ne pouvant réitérer cette exigence, le groupe a exigé dans un premier temps l’annulation de « la loi interdisant le voile » islamique à l’école publique. Il est rapidement établi que les deux Français ont été enlevés sans être véritablement visés. « Ils étaient là au mauvais moment », estime une source proche du dossier. Ce n’est que dans un deuxième temps, trois jours après leur enlèvement, que les deux Français sont remis à « l’Armée islamique en Irak », dont les allégeances ne sont pas clairement établies.
Les communiqués de cette organisation laissent penser qu’elle est proche de la mouvance salafiste, issue du wahhabisme, doctrine rigoriste de l’islam.
Mais elle peut rassembler plusieurs organisations, des anciens du parti Baas irakien ou même des services d’État qui auraient intérêt à influencer la politique de Paris.
Une éventuelle implication des nouvelles autorités irakiennes elles-mêmes dans la gestion de la détention des deux Français a été envisagée, selon les hypothèses circulant dans les milieux proches du dossier.
Le gouvernement proaméricain de Iyad Allaoui a déclaré que la crise des otages montrait que la France ne pouvait pas rester neutre dans ce conflit.
Une autre hypothèse avance l’implication des services syriens qui contrôlent les mouvements sur la frontière avec l’Irak. Le rôle de la Syrie a été mis en cause dans le cadre de la mission parallèle du député français Didier Julia et de ses deux assistants, à qui ce pays a fourni des visas. Le guide syrien des journalistes français, Mohammed al-Joundi, a révélé après sa libération le 12 novembre avoir appris par l’un de ses geôliers, en pleine affaire Julia, que les journalistes allaient être libérés « en Syrie ». Damas aurait ainsi voulu indiquer à Paris son mécontentement sur l’insistance française d’un retrait syrien du Liban et confirmer une reprise en main de son petit voisin après l’éviction du Premier ministre Rafic Hariri, grand ami de Jacques Chirac. Le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, a évité de se rendre à Damas lors de sa tournée dans la région destinée à obtenir la libération des otages, du 29 août au 4 septembre.
La lointaine Côte d’Ivoire, dont le président Laurent Gbagbo avait prêté un avion à Didier Julia pour sa mission parallèle avortée fin septembre, aura été présente jusqu’au bout. Philippe Bret, l’un des assistants du député français dans cette tentative, a été vu ces derniers jours à Abidjan, en compagnie de responsables de la présidence ivoirienne.
Enfin, reste la question de savoir ce que les ravisseurs ont obtenu de la France en échange de la libération des otages trois jours avant le réveillon de Noël. Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a assuré hier que Paris n’avait pas versé de rançon.
Indalecio ALVAREZ (AFP)
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La détention pendant quatre mois de deux journalistes français en Irak a connu une issue heureuse, mais bien des questions sur les raisons de leur enlèvement et les circonstances de leur libération restent sans réponse.
Les journalistes français Georges Malbrunot et Christian Chesnot, dont le pays a mené le front du refus à la guerre, auront paradoxalement enduré la plus longue captivité pour des otages en Irak.
« La prise d’otages était dès le départ atypique », faisait remarquer hier le quotidien français Le Figaro, pour lequel travaille Georges Malbrunot. « C’était le seul cas où les ravisseurs ne faisaient pas valoir des revendications liées à l’Irak ». Libération résumait l’affaire en titrant : « Un mystère de 124 jours ».
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