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Actualités - OPINION

Éclairage - Ankara veut voir ses efforts enfin récompensés par l’UE

La Turquie s’apprêtait hier à obtenir un feu vert à l’ouverture des négociations d’adhésion à l’Union européenne, fruit historique d’une longue marche de plus de quarante ans vers les valeurs du Vieux continent. Un tapage médiatique sans précédent est en œuvre depuis plusieurs jours en Turquie autour du sommet « crucial » des dirigeants européens, hier et aujourd’hui, qui devraient donner un feu vert au lancement des négociations d’adhésion avec Ankara. Colloques, tables rondes, interviews et reportages animés par les spécialistes se succèdent sur les chaînes de télévision qui entonnent l’Hymne à la joie de Ludwig van Beethoven, l’hymne européen. Les médias semblaient confiants dans le fait qu’après avoir attendu plus de 40 ans dans l’antichambre de l’Europe, la Turquie pourra, à terme, finalement devenir membre de l’Union. Certains journaux paraissent depuis plusieurs jours avec des colonnes réservées à la candidature turque. La une du quotidien populaire Sabah était entièrement consacrée à une photo des eurodéputés brandissant lors d’un vote mercredi au Parlement européen des pancartes proclamant en turc et en plusieurs autres langues un « oui » à l’adhésion d’Ankara. L’ambiance était cependant moins à la réjouissance dans les rues de la capitale à quelques heures de l’ouverture du sommet de Bruxelles. « Ils vont nous accepter, mais nous allons devoir payer un lourd tribut », a indiqué à l’AFP une académicienne à la retraite. « Nous sommes beaucoup trop peuplés », dit Guler Ozdiler (60 ans), jugeant que les Européens agissent à « contrecœur ». Pour Miray, une jeune étudiante en droit, la population turque (plus de 70 millions de personnes) et sa religion posent problème aux États de l’UE. Selon cette jeune Ankariote de 18 ans, un « tabou » sera brisé une fois que la Turquie musulmane s’intégrera au « club chrétien ». « Ils ont refusé notre adhésion pendant 40 ans, vont-ils l’approuver maintenant ? » s’interroge un marchand ambulant de crayons sur la place centrale de Kizilay, pessimiste sur les chances de son pays d’entrer dans l’UE. Indiquant faire ce petit boulot depuis 25 ans, Mevlut Kir, la quarantaine, accuse les Européens de « duper » son pays, ajoutant : « Ils ne vont pas nous accepter. » Dans une ultime tentative de convaincre une opinion publique européenne méfiante face à une adhésion de la Turquie, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a fait publier une lettre ouverte à ses « amis européens » dans deux journaux, l’un turc, l’autre allemand. Dans une lettre empreinte d’émotion, M. Erdogan explique que la Turquie a entrepris un vaste chantier de réformes démocratiques pour rallier les normes européennes et demande le soutien des Européens, par le biais d’une adhésion, pour les mener à leur terme. Il souligne que la « diversité dans l’unité » est le principe directeur de l’Union, mais juge « dangereuses » les réticences à l’intégration de la Turquie en raison notamment de sa religion. Dans un entretien accordé au quotidien turc Milliyet, M. Erdogan, un ancien islamiste qui défend aujourd’hui la laïcité, a réaffirmé qu’Ankara rejetterait une adhésion à tout prix et a appelé les dirigeants européens à démontrer que l’UE n’était pas un « club chrétien ». La Turquie dispose du statut de candidat depuis 1999 et une large majorité des dirigeants européens voit dans la perspective de son intégration le moyen de jeter un pont entre l’Occident et le monde musulman. Burak AKINCI (AFP)
La Turquie s’apprêtait hier à obtenir un feu vert à l’ouverture des négociations d’adhésion à l’Union européenne, fruit historique d’une longue marche de plus de quarante ans vers les valeurs du Vieux continent. Un tapage médiatique sans précédent est en œuvre depuis plusieurs jours en Turquie autour du sommet « crucial » des dirigeants européens, hier et aujourd’hui, qui devraient donner un feu vert au lancement des négociations d’adhésion avec Ankara. Colloques, tables rondes, interviews et reportages animés par les spécialistes se succèdent sur les chaînes de télévision qui entonnent l’Hymne à la joie de Ludwig van Beethoven, l’hymne européen. Les médias semblaient confiants dans le fait qu’après avoir attendu plus de 40 ans dans l’antichambre de l’Europe, la Turquie pourra, à terme,...