Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Reportage Les oulémas irakiens, sous pression, se terrent et prient

Les oulémas irakiens, fer de lance de l’opposition sunnite à la présence américaine, courbent l’échine sous la pression des forces de l’ordre et les menaces de groupes inconnus. Ils se terrent et prient. « Je tombe l’habit religieux en sortant de ma mosquée et je change souvent de voiture et d’itinéraire », indique cheikh Omar Zidane, 34 ans, imam dans le quartier bourgeois de Yarmouk à Bagdad, qui craint d’être visé par un attentat. « Après la vague récente d’assassinats d’oulémas, nous avons pris certaines précautions, comme de faire protéger les mosquées par des gardes armés, de fouiller les fidèles et d’empêcher le stationnement de voitures aux alentours », ajoute le jeune religieux. « Je lis beaucoup le Coran, cela m’aide à me rassurer », ajoute ce père de quatre enfants qui réside dans l’enceinte de la mosquée et qui a drastiquement limité ses déplacements à l’extérieur. Depuis le début de l’offensive sur Falloujah, le 8 novembre, deux oulémas ont été abattus par des inconnus et quatre autres ont été arrêtés, dont trois à Bagdad, pour incitation à la désobéissance civile. Le comité des oulémas qui regroupe ces religieux a très mal vécu l’offensive contre le bastion sunnite où troupes américaines et irakiennes disent être entrées pour éliminer les réseaux « terroristes » qui s’y activent. Le 19 novembre, des membres de la garde nationale irakienne ont effectué un raid dans la mosquée d’Abou Hanifa à Bagdad, tuant deux personnes, mais ne réussissant pas à mettre la main sur l’imam, cheikh Moayed Adhami. En dépit de leur position de pointe contre l’offensive de Falloujah, les oulémas ont été dénoncés, pour leur mollesse, par Abou Moussab al-Zarqaoui, l’ennemi public numéro un des Américains, qui affirme avoir un réseau actif dans cette ville à l’ouest de Bagdad. « Ô oulémas de la nation (...), vous nous avez trahis dans les circonstances les plus sombres. Vous nous avez livrés à notre ennemi (...). Vous avez laissé les moudjahidine affronter (seuls) la plus grande puissance mondiale », disait le terroriste dans un document sonore diffusé le 24 novembre sur un site islamiste. Même s’il est impossible d’authentifier ce message, la mise en garde a jeté un froid parmi les oulémas d’Irak qui ont ainsi le sentiment de se retrouver entre le marteau des forces américaines et irakiennes et l’enclume de la frange extrémiste sunnite, incarnée par Abou Moussab al-Zarqaoui. « Le pire, c’est la traîtrise des siens », souligne ainsi cheikh Salmane Daoud al-Machaïkhi, 42 ans, imam d’une mosquée sunnite des environs de Bagdad. « Je ne crains pas les forces d’occupation qui sont visibles, mais les ennemis cachés de l’islam qui risquent de me surprendre au moment où je m’y attends le moins », dit-il. « Je ne quittais pas mon habit religieux, mais maintenant, je préfère mettre des habits civils en sortant », indique ce religieux qui, comme tous les oulémas sunnites, avait l’habitude de mettre une longue robe blanche et un turban de même couleur. À Bagdad Jadida, quartier populaire de l’est de la capitale, où habitent sunnites et chiites, l’imam de l’une des mosquées, cheikh Ahmed Mahmoud, père de trois enfants, prend depuis peu les mêmes précautions. « Je ne quitte la mosquée qu’en cas d’extrême nécessité. Je me consacre à la prière et je vois la rue comme un endroit plein de risques et de dangers », souligne ce jeune imam de 28 ans. Nafaa NADAWI (AFP)
Les oulémas irakiens, fer de lance de l’opposition sunnite à la présence américaine, courbent l’échine sous la pression des forces de l’ordre et les menaces de groupes inconnus. Ils se terrent et prient.
« Je tombe l’habit religieux en sortant de ma mosquée et je change souvent de voiture et d’itinéraire », indique cheikh Omar Zidane, 34 ans, imam dans le quartier bourgeois de Yarmouk à Bagdad, qui craint d’être visé par un attentat. « Après la vague récente d’assassinats d’oulémas, nous avons pris certaines précautions, comme de faire protéger les mosquées par des gardes armés, de fouiller les fidèles et d’empêcher le stationnement de voitures aux alentours », ajoute le jeune religieux. « Je lis beaucoup le Coran, cela m’aide à me rassurer », ajoute ce père de quatre enfants qui réside...