L’amitié. C’est en premier lieu, ce qui a poussé le poète à s’intéresser aux écrits du diplomate. L’admiration. C’est ce qu’Adonis a ressenti envers de Villepin après avoir...
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LIRE EN FRANÇAIS ET EN MUSIQUE RENCONTRE - Il signe la traduction arabe de « Terres enflammées », de Dominique de Villepin Adonis : de la poésie avant toute chose (Photo)
Par GHANDOUR Maya, le 29 octobre 2004 à 00h00
Adonis s’est fait un nom à la hauteur de sa rime, sa voix, depuis trente ans, pour en récolter l’écume de la reconnaissance internationale. Après avoir donné, il y a plus d’un an, une conférence tout feu tout flamme au théâtre al-Madina (et s’être fait quelques amis et ennemis de plus), le poète universel revient à Beyrouth pour présenter, dans le cadre du Salon du livre français, sa traduction arabe de poèmes écrits par le ministre français Dominique de Villepin. Rendez-vous demain dimanche, à 17h, pour un récital de poèmes extraits du recueil Terres enflammées (éd. Dar an-Nahar) à la salle des Quatz’arts, au Biel.
L’amitié. C’est en premier lieu, ce qui a poussé le poète à s’intéresser aux écrits du diplomate. L’admiration. C’est ce qu’Adonis a ressenti envers de Villepin après avoir approfondi sa connaissance de l’homme et du poète. La traduction. Elle est venue spontanément, pour, dit-il, présenter au monde arabe la pensée de « cet homme remarquable ».
« En tant que ministre des Affaires étrangères, de Villepin a réussi à donner une image rayonnante de la France, surtout dans ses relations avec les pays arabes et dans le conflit israélo-palestinien. Il me fallait ajouter à ce portrait de diplomate chevronné la touche sensible et humaniste du poète. »
« Il appartient à cette trempe de poètes diplomates que la France produit, comme Saint John Perse ou Paul Claudel », ajoute-t-il.
Adonis a été également séduit par l’absence du « je », cette première personne galvaudée à toutes les sauces, autant par les poètes français qu’arabes. « Chez le diplomate français, la dimension est humaine, historique, universelle. L’engagement est universel. Il ne prend pas la poésie comme un moyen ou un outil au service d’une idéologie. Pour lui, qui manie si bien le verbe, la poésie est un langage à part qui aide à éclairer le monde et les choses. »
Aujourd’hui, ce recueil inédit en français paraît en arabe. Pourquoi ? « Au départ, nous avions envisagé une édition bilingue. Mais nous avons finalement opté pour une version en arabe uniquement. Pour rester loin d’un certain académisme. »
La traduction
Concernant la traduction, Adonis estime qu’il est plus ardu de transposer un poème vers une autre langue que d’en écrire un. « Il y a ce conflit entre les deux langues : celle du poète traducteur et celle du poète traduit. Ce conflit ne se situe pas uniquement au niveau lexique, il se manifeste dans le langage poétique lui-même. Il est impossible de traduire littéralement un texte poétique. Ce serait le trahir. On transcrit plutôt le sens profond des mots, leur relation avec les images. On conserve la vision essentielle, sertie dans une autre langue. Le processus est une création nouvelle. »
Mais le poète précise qu’il ressent un certain plaisir à explorer, sur le terrain, sa relation avec l’œuvre d’autres poètes. Il encourage d’ailleurs tous les poètes à traduire, car cela enrichit leur langage.
Mais alors, faut-il être poète pour traduire des poèmes ? « Il est préférable, en effet», admet Adonis. Il précise toutefois qu’un poète n’est pas nécessairement une personne qui taquine la muse. « Les vrais poètes sont ceux qui possèdent une certaine vision du monde, de la vie, des personnes, des choses. Un individu sans culture poétique mais qui possède la langue donnerait une traduction inférieure à celle d’une personne ayant une certaine sensibilité mais n’ayant jamais rédigé de poèmes. »
Cette vision poétique, Adonis la définit ainsi : « C’est voir, nommer les choses, en dehors de leur utilité, de leur aspect fonctionnel. » L’homme de lettres profite de cette escale pour exprimer un regret : que cette vision soit absente de l’œuvre de la grande majorité de poètes d’aujourd’hui. « Mais cela reste une autre histoire, et nous sommes ici pour parler de ce recueil-là, n’est-ce pas ? » s’excuse l’homme en esquissant un sourire entendu.
Revenons donc à nos moutons. Les thèmes développés dans Terres enflammées concernent-ils le citoyen arabe en particulier ?
« Aujourd’hui l’Autre est devenu une part essentielle et fondatrice du Moi. Ce qui touche l’Européen touche également l’Arabe. »
Après avoir enseigné pendant trente ans, Adonis dit ne plus avoir la patience d’interpréter des œuvres littéraires. Il invite plutôt les lecteurs à s’immerger dans les mots, à se débattre avec les virgules et les ponctuations pour en tirer le sens profond.
Car la poésie est le plus profond des moyens d’expression enracinés dans la conscience humaine. Elle n’est pas seulement l’esthétique des mots ; elle est aussi la vie et son esthétique.
Maya GHANDOUR HERT
Adonis s’est fait un nom à la hauteur de sa rime, sa voix, depuis trente ans, pour en récolter l’écume de la reconnaissance internationale. Après avoir donné, il y a plus d’un an, une conférence tout feu tout flamme au théâtre al-Madina (et s’être fait quelques amis et ennemis de plus), le poète universel revient à Beyrouth pour présenter, dans le cadre du Salon du livre français, sa traduction arabe de poèmes écrits par le ministre français Dominique de Villepin. Rendez-vous demain dimanche, à 17h, pour un récital de poèmes extraits du recueil Terres enflammées (éd. Dar an-Nahar) à la salle des Quatz’arts, au Biel.
L’amitié. C’est en premier lieu, ce qui a poussé le poète à s’intéresser aux écrits du diplomate. L’admiration. C’est ce qu’Adonis a ressenti envers de Villepin après avoir...
L’amitié. C’est en premier lieu, ce qui a poussé le poète à s’intéresser aux écrits du diplomate. L’admiration. C’est ce qu’Adonis a ressenti envers de Villepin après avoir...