Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

« Il faut briser l’idée selon laquelle le Sud et les chiites sont un monopole d’Amal et du Hezbollah », affirme le leader sudiste Ahmed el-Assaad : Réhabiliter l’action politique avec des hommes purs et intègres (photo)

Ahmed el-Assaad représente ce qu’on pourrait appeler une « valeur montante » sur la scène politique, même s’il refuse de s’identifier à la quasi-totalité de la classe politique locale. Ahmed Kamel el-Assaad opère une ascension lente mais sûre sur la scène sudiste et, partant, nationale. Sa particularité : il refuse d’user d’un discours politique traditionnel, il refuse même de concevoir la pratique politique sous un angle traditionnel. Ce mathématicien diplômé de Suisse prône une conception résolument moderne de la politique, réconciliée avec l’éthique et fondée sur une action à entreprendre, et des projets-solutions à proposer, loin des slogans habituels. Aussi s’est-il empressé de mettre au point, avec le courant qu’il représente, le « Courant du Liban des compétences – Tayyar Loubnan al-Kafa’at », un projet de budget 2005 en béton. Pour Ahmed el-Assaad, « œuvrer en politique exige un programme, des projets alternatifs et une décision libre, sinon les discours et les slogans ne servent à rien. L’absence de libre décision démontre une incapacité à appliquer ce que l’on est en train de dire. À titre d’exemple, Amal ou le Hezbollah n’ont pas de libre décision. C’est bonnet blanc et blanc bonnet. En ce qui me concerne, j’ai proposé un programme politique très clair et très net avec mon projet de budget. Nous sommes les seuls à avoir fait un budget alternatif à celui du gouvernement. C’est cela, la politique : mettre en évidence les idées que l’on possède d’une façon scientifique, c’est dire avec des chiffres à l’appui, et commencer à donner des solutions aux problèmes qui touchent les gens au quotidien », dit-il. Libérer les esprits au Sud Ahmed el-Assaad ne mâche pas ses mots, notamment lorsqu’il s’agit d’évoquer les problèmes du Sud, et les pressions exercées par Amal et le Hezbollah. « Il y a beaucoup de travail à faire au Liban-Sud. C’est vrai qu’on a libéré la terre, mais pas les esprits, et cela reste insuffisant. Dans toute la région où l’armée libanaise ne s’est pas déployée, les citoyens ont du mal à exprimer leur opinion, parce qu’ils craignent les milices armées. Ils ont peur. L’armée n’est pas là pour les protéger, et donc ils sont pris dans le courant. Cependant, l’histoire nous apprend que tous les mouvements voulant susciter un changement commencent avec une minorité qui rejette le fait accompli. Et puis c’est l’effet boule de neige », précise-t-il. Est-il combattu au Liban-Sud en raison de ses prises de position ou parce qu’il est le fils d’un symbole politique ? La réponse est incisive : « Ce refrain qu’on entend toujours sur la famille el-Assaad, personne n’y croit vraiment. Ceux qui veulent y croire sont ceux qui ont intérêt à maintenir le fait accompli. Le nouveau féodalisme est le vrai féodalisme. Au temps de mon père et de mon grand-père, si vous étiez citoyen du Sud, vous aviez le choix entre les familles Osseirane, Zein ou Khalil. Maintenant, ce choix n’existe plus. Il y a un monopole : c’est Nabih Berry à Msaïleh. En tant que citoyen du Sud, ou bien vous acceptez ce choix et rangez votre dignité au placard, ou bien vos droits seront bafoués. On me combat parce que j’essaye de mener un mouvement qui appelle les gens à se réveiller, à se révolter, à ne pas courber l’échine. Mais on sait aussi que je suis têtu. » Il dénonce toujours, à travers son discours, les mafias de l’argent et le monopole institutionnel qui prévaut au Sud. « Amal tient les institutions qui sont au Sud comme la Régie et le Conseil du Liban-Sud. Le Hezbollah, lui, agit différemment. Mais ils ont un point commun : ce sont des pions au service de l’extérieur. Ce qui m’importe en ce moment, c’est de stimuler une politique libre au Liban-Sud. Il faut briser l’idée selon laquelle le Sud et les chiites sont un monopole pour Amal et le Hezbollah, ce qui n’est pas vrai. Dans les villages, la majorité des citoyens ne sont ni avec Amal ni avec le Hezbollah. Par contre, ils ont accepté un certain fait accompli, ils y ont adhéré, parce que l’opposition au Sud ne les soutenait pas et qu’ils ne savaient pas comment dire non », dit-il. Rejeter l’état de fait Concernant les derniers événements qui déferlent sur le pays, de la prorogation au bras-de-fer entre l’Onu, d’une part, la Syrie et le Liban, de l’autre, Ahmed el-Assaad – même s’il constate la gravité de la situation – plaide en faveur de beaucoup de pragmatisme. « En tant que Libanais, nous devons cesser de compter sur la Syrie, les États-Unis, la France ou l’Iran. Il faut savoir ce que nous voulons et œuvrer en conséquence. L’histoire prouve que les peuples qui se fixent des buts finissent par les accomplir, même si c’est lentement », souligne-t-il. Et de poursuivre : « Tant que les Libanais ne se révoltent pas contre le fait accompli, les Syriens ne changeront rien, parce qu’ils sont satisfaits de la situation qui prévaut chez nous. C’est notre devoir, comme peuple ayant un orgueil et une dignité, de rejeter cette situation et d’exercer une certaine pression sur la Syrie pour l’inciter à changer ce déséquilibre. Si les esprits libres ne s’expriment pas et n’agissent pas, rien ne changera. Tant que l’opposition est faible, mal représentée, elle n’exerce pas une pression suffisante pour pousser Damas à changer d’attitude. L’opposition doit se renforcer, mieux s’organiser. Par ailleurs, j’ai quelques remarques à faire vis-à-vis de certaines personnalités qui forment actuellement cette coalition d’opposition. Il faut former une coalition pure, intègre, capable de recouvrer la confiance des gens, pour leur donner espoir et les mobiliser », indique-t-il. Ce qui a surpris Ahmed el-Assaad dans le discours du président syrien Bachar el-Assad, c’est que ce dernier ait omis d’évoquer le déséquilibre au niveau des relations libano-syriennes. « Si les relations ne sont pas légitimées par les deux peuples, basées sur l’équilibre et le respect mutuel, elles ne dureront pas. En forçant cette relation, en soutenant des pions sans légitimité au Liban, les Syriens court-circuitent leurs propres intérêts et ne travaillent qu’à court terme », souligne-t-il. Ahmed el-Assaad plaide en faveur d’une « réhabilitation de la politique » : « Il faut qu’il y ait partout au Liban des hommes qui veulent vraiment changer les choses, qui n’ont pas peur des pressions. Des hommes modernes, qui ne recherchent pas des postes, qui sont intègres et désintéressés, qui soient des symboles de changement pour leur peuple. C’est là que les citoyens recommenceront à croire à une politique propre et se mobiliseront de nouveau. Il faut avoir des principes et être pur. » En vue des prochaines législatives, il propose enfin la formation, au Sud, d’un « bloc entre toutes les forces libres, face au Hezbollah et à Amal. Nous sommes actuellement en train de voir quelles sont les forces libres ». M. H. G.
Ahmed el-Assaad représente ce qu’on pourrait appeler une « valeur montante » sur la scène politique, même s’il refuse de s’identifier à la quasi-totalité de la classe politique locale. Ahmed Kamel el-Assaad opère une ascension lente mais sûre sur la scène sudiste et, partant, nationale. Sa particularité : il refuse d’user d’un discours politique traditionnel, il refuse même...