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Actualités - REPORTAGE

prÉsidentielle us - Le candidat démocrate affiche désormais des positions plus tranchées Kerry trouve enfin sa voix face à Bush

De notre envoyée spéciale à Washington, Jeanine Jalkh Déçus par les positions « mitigées » affichées par leur candidat, les démocrates reprennent confiance depuis que John Kerry s’est décidé à se démarquer de son adversaire républicain. À deux jours du premier face-à-face avec George W. Bush qui se tiendra jeudi à l’Université de Miami, ses partisans savent qu’ils doivent désormais serrer les rangs pour faire face à la campagne agressive menée par le président sortant. Vivement critiqué par ses adversaires – et aussi par ses partisans – qui ont vu en lui un homme versatile « a flip-flopper » ou « waffler », comme disent les Américains, John Kerry a enfin réussi à redresser la barre en présentant des prises de position plus tranchées par rapport au candidat républicain. Jusque-là, il s’était contenté de « réagir au lieu d’agir », lui reprochent ses adversaires. Aussi bien sur le plan de la politique internationale que sur les questions de politique interne, le candidat démocrate a enfin « réussi à rectifier le tir », assurent ses partisans, en privilégiant une approche moins défensive, plus audacieuse, notamment en ce qui concerne l’Irak et le terrorisme, des thèmes-clés qui seront au centre de la confrontation Bush-Kerry. Dans les locaux du Congrès, les représentants démocrates justifient les tergiversations précédentes de leur candidat en les mettant sur le compte de la « complexité du langage employé par Kerry » qui, expliquent-ils, « est un intellectuel dont la pensée nuancée n’a pas été bien perçue par le public ». « Bush s’est évertué avec succès à présenter son adversaire comme quelqu’un d’indécis et de passif », reconnaît un haut fonctionnaire au sein du Congrès. Ce dernier indique toutefois qu’aujourd’hui, John Kerry affiche une position claire sur l’Irak. « Son message est le suivant : le président a eu tort de priver les Américains de ressources aussi importantes pour les investir dans la guerre en Irak qui, dès le départ, a été justifiée par un mensonge », souligne cette source qui rappelle que, selon le candidat démocrate, les États-Unis devraient plutôt se concentrer sur la véritable source du terrorisme incarné par Oussama Ben Laden. Rappelant que John Kerry, comme le reste des représentants démocrates, ont été leurrés par le rapport des services secrets sur l’existence d’armes de destruction massive, le responsable indique que le candidat démocrate ne peut plus faire marche arrière en demandant le retrait des troupes américaines d’Irak. « Il a toutefois clairement fait savoir que le président Bush a très mal géré cette guerre et que les Américains se sont avérés être une très mauvaise force d’occupation. » C’est ce qui explique d’ailleurs l’attaque lancée par John Kerry contre son adversaire lors de la dernière visite du Premier ministre irakien, Iyad Allaoui dont « l’optimisme excessif » a été vivement critiqué par le candidat démocrate. À la question de savoir si la visite de M. Allaoui, en pleine campagne électorale, a pu jouer en faveur de M. Bush, les démocrates répondent par l’affirmative, convaincus que « le discours du responsable irakien a été rédigé par les experts de la campagne républicaine ». Déterminé à exploiter la « défaite » de George W. Bush en Irak, John Kerry s’évertuera jeudi à miser sur « l’incompétence » du président, un argument majeur sur lequel il comptera lors du débat. « Il sera agressif, mais sans excès », précise la source en expliquant que l’objectif de ce débat vise en définitive à convaincre les électeurs « indécis ». Si les divergences sont relativement profondes au sujet de l’Irak, elles disparaissent sur le projet de réformes du Grand Moyen-Orient, les démocrates étant convaincus de l’urgence du développement et de la démocratisation dans la région. Pas de divergences non plus sur la politique américaine en Syrie, les proches de John Kerry estimant que celle-ci « doit absolument se retirer du Liban ». Les démocrates se disent toutefois confiants quant au vote des Arabes, « qui leur sera favorable dans une proportion de 65 % ». Ils sont également convaincus qu’ils obtiendront 90 % des votes des minorités. Les femmes, traditionnellement favorables à ce parti qui répond à leurs attentes en matière de politique sociale, de santé et d’éducation risquent cependant cette fois-ci de changer de camp, la question de la sécurité, sur laquelle se concentre George W. Bush, étant devenue leur souci majeur. Enfin, les démocrates gardent un œil sur leur « autre ennemi juré », le candidat indépendant Ralph Nader qui, lors de la dernière présidentielle, avait fait pencher la balance en faveur des républicains. « Il faut savoir que nous avons beaucoup plus de rancœur envers Ralph Nader qu’envers George Bush », souligne un responsable démocrate. Pour éviter ce danger, les partisans de John Kerry ont invité les sympathisants du troisième candidat à « voter utile » en donnant leur voix au candidat démocrate. Désormais prêt à se mesurer à son adversaire républicain, John Kerry apparaît aujourd’hui plus confiant quant à sa capacité à offrir au public américain « une autre alternative ». Reste à savoir si sa prestation, généralement considérée comme trop intellectuelle pour un peuple « sensible aux idées simples », lui permettra de convaincre des électeurs indécis qui attendent ce rendez-vous pour faire leur choix. Et les démocrates d’espérer que son manque de charisme ne lui jouera pas, une fois de plus, un mauvais tour.

De notre envoyée spéciale à Washington, Jeanine Jalkh

Déçus par les positions « mitigées » affichées par leur candidat, les démocrates reprennent confiance depuis que John Kerry s’est décidé à se démarquer de son adversaire républicain. À deux jours du premier face-à-face avec George W. Bush qui se tiendra jeudi à l’Université de Miami, ses partisans savent qu’ils...