Comme chaque lundi « L’Orient-Le Jour » publie le périple indien de notre lectrice Sarah Hatem. Mlle Hatem est arrivée à Madras avec dix camarades de l’École centrale de Paris pour aider à la construction d’une école dont ils ont assuré le financement. Voici le récit de son voyage :
Une semaine déjà que nous avons quitté le chantier SEED qui se poursuivra sans nous. Nous ne verrons de l’école que la photo que Palanisamy nous enverra à la rentrée.
Nous voici donc, Christelle, Alexis et moi, sur les routes. Nous avons choisi de visiter le Kerala (région du sud-est de l’Inde donnant sur la mer d’Oman), dix jours durant, avant de remonter sur Mumbai.
Le Kerala n’a rien à voir avec le Tamil Nadu. Après la chaleur, la pollution, l’omniprésente mendicité et la surpopulation qui règnent dans la région tamoule, le Kerala apparaît comme un véritable havre de paix.
Seul point commun toutefois : le voyage en bus sur des routes semées d’embûches. Virages serrés, auto-rickshaw se faufilant partout, pentes dévalées à vive allure, collisions évitées de justesse... Si les passagers indiens affichent une complète indifférence à ces événements, vous vous surprenez à traiter le chauffeur de tous les noms.
Vous finissez néanmoins à trouver cocasses tous ces petits incidents qui émaillent les voyages. Ainsi cette journée de grève générale dans les transports. Alors que, par miracle, nous avons pu trouver des places assises dans l’unique bus en circulation, les passagers voulant sortir du véhicule bondé n’ont d’autre choix que de le faire... par les fenêtres.
Ou encore cette imprévisible mousson qui vous surprend au moment où vous vous y attendez le moins, et qui ralentit le bus. Et vous ne réalisez réellement ce qui vous arrive que lorsque vous jetez un coup d’œil sur la route et que vous constatez, ahuri, que l’eau arrive aux genoux des passants.
Les montagnes kéralaises sont littéralement couvertes d’un curieux tapis vert à sillons réguliers. Il s’agit de plantations de thé. Avec Darjeeling dans le nord, le Kerala est le cœur de la production indienne de thé. Ça et là, des ouvrières, ciseaux en main, s’affairent. C’est la saison de la cueillette du thé vert.
À Kumily, petite station à 1 600m d’altitude, Abraham, un professeur d’anglais à la retraite, nous propose de nous faire visiter son jardin. C’est en réalité une véritable jungle composée de cocotiers géants, d’étranges bananiers dont les régimes se terminent par une longue tige qui porte une fleur rouge : la banane doigt de dame... Dans les effluves de ce cocktail fruité qui nous enveloppe, je crois percevoir des parfums d’ananas et de mangue. Mais la plupart de ces senteurs me sont inconnues. Abraham vient à ma rescousse et me présente la papaye, puis je goûte au fruit de la passion. Un délice !
Les fruits laissent alors la place aux épices. Nous sentons différentes feuilles, les mâchons parfois, comme celles de la cannelle. Bien meilleur qu’un chewing gum ! Dans la grande famille des épices, on nous présente la cardamome « reine des épices », le poivre, « roi des épices », sous toutes ses formes, vert, rouge, noir, blanc. Puis vient la vanille, « princesse des épices », le curcuma, le clou de girofle, la noix de muscade, le gingembre, le piment... Ces senteurs qui vous enveloppent, ces saveurs qui vous pénètrent, vous auriez envie de leur coller un nom, un adjectif pour les imprimer dans votre mémoire. Mais vous n’y arrivez malheureusement pas.
Le Kerala, c’est aussi les « backwaters » de la côte, ces bras de mer qui s’infiltrent dans la terre formant ainsi des canaux. À Cochin (qui fut par le passé portugaise puis hollandaise), nous faisons une promenade en bateau sur ces backwaters. Nous découvrons un village sur les bords de l’eau. Devant chaque habitation est attachée une pirogue.
Subitement, la pluie s’abat sur le village. L’activité ne s’interrompt pas pour autant. Ici, une femme, les pieds dans l’eau, bat son linge sur un rocher ; là, une autre se lave, tout habillée. Une mère ramène son fils de l’école. Tout en ramant avec la main droite, elle tient un parapluie dans la main gauche. Plus loin, un jeune homme vêtu d’un dhoti grimpe, les pieds liés par une corde, sur un cocotier. Il arrache les noix de coco et les laisse tomber au sol. D’un signe de la main, il nous invite à le rejoindre. Il s’empare alors d’une noix de coco, y fait un trou et y introduit une paille. Le jus est doux et rafraîchissant...
Il pleut toujours. Je me rappelle soudain avoir laissé mon linge sur la terrasse de l’hôtel. Mais que vais-je donc mettre demain ?!
Sarah HATEM
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Comme chaque lundi « L’Orient-Le Jour » publie le périple indien de notre lectrice Sarah Hatem. Mlle Hatem est arrivée à Madras avec dix camarades de l’École centrale de Paris pour aider à la construction d’une école dont ils ont assuré le financement. Voici le récit de son voyage :
Une semaine déjà que nous avons quitté le chantier SEED qui se poursuivra sans nous. Nous ne verrons de l’école que la photo que Palanisamy nous enverra à la rentrée.
Nous voici donc, Christelle, Alexis et moi, sur les routes. Nous avons choisi de visiter le Kerala (région du sud-est de l’Inde donnant sur la mer d’Oman), dix jours durant, avant de remonter sur Mumbai.
Le Kerala n’a rien à voir avec le Tamil Nadu. Après la chaleur, la pollution, l’omniprésente mendicité et la surpopulation qui règnent dans la région...
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