Le mariage en musique de Sony et BMG ne fait sans doute qu’ouvrir le bal des fusions dans un secteur du disque confronté à une chute des ventes, sur fond d’explosion du piratage et de la contrefaçon, alors que la légalisation du téléchargement s’annonce lente.
La Commission européenne a donné officiellement hier son feu vert inconditionnel au rapprochement à parité des maisons Sony Music, filiale du géant japonais de l’électronique grand public, et BMG, pôle musique de l’allemand Bertelsmann, pour donner naissance au numéro un mondial en parts de marché.
L’an dernier, BMG et Sony affichaient une part de marché commune (supports audio et vidéo) de 25,1 %, 11,9 % revenant au premier et 13,2 % au second, devant Universal Music avec 23,5 %, selon la Fédération internationale de l’industrie du disque (IFPI).
La Commission a « conclu qu’elle n’avait pas d’éléments assez importants pour s’opposer à l’accord ».
De fait, pour vaincre ses réticences, les deux groupes ont décidé de faire seulement catalogue commun.
Il n’empêche que ce rapprochement va accroître la pression sur le britannique EMI et l’américain Warner Music, les deux autres membres de ce qui constituait juqu’ici le « quintette » des majors du disque, en vue de remettre sur le métier leur propre projet d’union.
« La voie est désormais ouverte à une fusion entre EMI et Warner » après les noces Sony/BMG, confiait le mois dernier une source proche de Warner Music au quotidien Times. Une première tentative avait échoué en 2000, bloquée par Bruxelles, avant qu’une deuxième ne soit abandonnée fin novembre 2003.
La Commission a prévenu hier qu’elle « continuera à surveiller étroitement le secteur musical qui devient de plus en plus concentré et regardera très attentivement toute nouvelle concentration ».
Mais, comme l’a montré l’examen du dossier BMG/Sony, elle pourrait se montrer malgré tout plus souple que par le passé, compte tenu de la crise que traverse l’industrie du disque.
Ses ventes mondiales ont baissé en 2003, pour la quatrième année consécutive, de 7,6 %. Dans le même temps, les ventes de CD piratés ont plus que doublé depuis 2000, jusqu’à représenter un commerce illégal annuel de 4,5 milliards de dollars, selon l’IFPI.
Napster a en parallèle popularisé le piratage en ligne de la musique, jugé responsable d’un tiers de la baisse globale des ventes.
Si les services payants se multiplient à présent, dans le sillage du « iTunes » d’Apple et sous l’impulsion d’une industrie qui y voit une planche de salut, Napster a aussi fait des petits à succès comme Kazaa ou Morpheus.
Toutefois, la tendance à la concentration du secteur préoccupe les labels indépendants, inquiets à l’idée de voir le « quintette » de majors se transformer un jour en trio. Leur part de marché décline année après année : elle a encore baissé de 1,8 point en 2003 à 25,3 %.
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