L’obésité est désormais considérée comme une maladie par le gouvernement américain, qui a décidé d’autoriser le remboursement de certains traitements contre ce fléau qui frappe l’Amérique, a rapporté l’AFP. Le secrétaire américain à la Santé, Tommy Thompson, a annoncé devant une commission du Sénat américain que Medicare, le système public d’assurance maladie pour les personnes âgées et les handicapés, retirait de ses directives la phrase qui affirmait que l’obésité n’était pas une maladie. De ce fait, les traitements contre l’obésité jugés scientifiquement efficaces seront désormais remboursés par Medicare. « Avec cette nouvelle politique, Medicare pourra examiner les preuves scientifiques afin de déterminer les interventions qui amélioreront la santé, a indiqué M. Thompson. L’obésité est un problème grave de santé publique dans notre pays et entraîne la mort prématurée de millions de personnes. » Cette nouvelle politique n’aura pas d’effet immédiat toutefois, car l’administration du ministère américain de la Santé doit d’abord examiner les demandes des patients réclamant le remboursement de tel ou tel médicament. « Nous encourageons et nous attendons des demandes pour examiner les preuves scientifiques évaluant les bénéfices d’une série de traitements pour l’obésité dans la population », a déclaré le Dr Sean Tunis, responsable médical de Medicare, précisant qu’en automne, une évaluation des opérations chirurgicales destinées à lutter contre l’obésité sera entreprise. Première cause de mortalité en 2025 La décision du gouvernement américain de classer l’obésité comme une maladie est lourde de conséquences pour la santé publique et les assurances privées, puisqu’elle va mettre une série de traitements sur la liste des dépenses remboursables et pourrait accélérer la mise sur le marché de nouveaux médicaments. Les experts comparent cette étape à la période où l’alcoolisme a fait son entrée au rang des maladies facilitant l’accès au traitement. Elle pourrait aider les personnes touchées à admettre qu’elles ont besoin de soins et le public à ne plus considérer que les personnes obèses sont responsables de leur état. L’Association américaine sur l’obésité (AOA) a salué la décision du gouvernement comme « un nouveau chapitre dans la lutte contre l’obésité ». « Cette décision va certes ouvrir la voie à une meilleure couverture médicale mais augmentera également la recherche médicale et l’enseignement sur l’obésité », a estimé le président de l’association, Richard Atkinson. Précurseur en la matière, le Service américain des impôts (IRS) accepte, depuis 2002, les déductions fiscales pour les dépenses de santé concernant l’obésité, au même titre que les autres médicaments contre les maladies reconnues. De leur côté, les assurances privées avaient mené une bataille contre le classement de l’obésité en maladie, pour des raisons économiques. Depuis 1980, l’obésité a plus que doublé aux États-Unis. Elle affecte un Américain sur trois, soit 59 millions d’adultes. Le département de la Santé estime le coût économique direct et indirect de l’obésité, dû aux maladies qu’elle favorise (maladies cardio-vasculaires, diabète, cancer) à 120 milliards de dollars par an, en augmentation constante. Selon une étude des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) publiée en mars, l’obésité et le surpoids causés par la mauvaise alimentation et l’absence d’activité physique pourraient devenir la première cause de mortalité aux États-Unis d’ici à 2005.